Regards croisés

Le départ de Mathilde m’avait beaucoup plus affecté que je ne me l’étais avoué… J’y avais cru… J’avais cru que nous ferions – sinon toute la route – du moins un bon bout de route ensemble… Je cédais au découragement… Qui, mais qui, avec l’infirmité dont j’étais accablé, pourrait un jour vouloir de moi ?…

 

 

- Hein ?!… Mais personne !… Quand est-ce que tu vas enfin arrêter de te raconter des histoires ?… Personne !… Ca fait des années que je me tue à te le répéter… Prends-en ton parti une bonne fois pour toutes… T’es comme ça et alors ?… Ca t’empêche pas de profiter de tas de trucs… Je suis bien placée pour le savoir… Alors profite !… Tant que tu peux… Et arrête de t’apitoyer sur ton sort…  

 

 

Irina était rentrée rayonnante… - Un peu que ça va !… Ca a rarement été aussi bien … Tu verrais comment il est redevenu amoureux Loïc… C’est de la folie !… Tu verras… Parce qu’on t’attend, hein !…

 

 

J’ai vu… J’ai vu leurs photos de vacances… Des paysages… Des châteaux… Du ciel bleu… Et puis eux… Des dizaines de fois… Eux… Enlacés, enamourés, les yeux dans les yeux… - Lui, c’est Gilbert… C’était un grand brun à l’allure athlétique… - Un ami… On a fait sa connaissance là-bas… Irina s’est levée… - C’est pas tout ça, mais demain le réveil oubliera pas de sonner…

 

 

- Oui… Un ami… Il a baissé la voix… - Un ami qui nous a bien rendu service… Elle a de gros besoins, Irina… De très gros besoins… Je défie n’importe quel type normalement constitué d’arriver à la satisfaire… Alors un ami… Gilbert est vigoureux… Et il a de l’expérience… Beaucoup d’expérience… Je peux te dire qu’elle y a trouvé son compte… Moi aussi d’ailleurs !… Parce que regarder sa femme s’envoyer en l’air avec un autre tu peux pas savoir, toi, t’es pas marié, tu peux pas savoir quel pied tu prends…

 

- Ben voyons !… Tu le vois pas venir, là, avec ses gros sabots ?… Je donne pas quinze jours avant qu’il te propose de faire un truc à trois… Le seul problème pour toi, c’est que… Mais je veux pas remuer le couteau dans la plaie…

 

 

J’ai reçu – quelques jours après mon retour – une longue lettre de Véronique… Je lui avais proposé de l’écouter… Elle avait bien l’intention d’en profiter… - Surtout que c’est à toi que j’ai envie de parler… Et à personne d’autre… Je sais pas pourquoi, parce qu’on n’a jamais été vraiment très proches jusque là tous les deux, mais c’est comme ça… Ses Vacances lui avaient laissé un goût amer… - Je l’ai découvert encore sous un autre jour Pierre-Antoine… Un de plus… Qui m’écoeure… - Tu verrais ces photos qu’il a ramenées !… Qu’il montre à qui veut les voir… Des fermes délabrées… Des dépôts d’ordures sauvages… Des pépés en guenilles… Ca existe… Bien sûr que ça existe… Il y en a partout… Mais il y a pas que ça… Le reste il l’a pas vu… Ou il a pas voulu le voir… Et cette façon qu’il a d’en parler !… Comme s’il revenait d’une dangereuse expédition chez les primitifs… Il nous méprise… Mais c’est de là que je sors, moi, merde !… C’est de là qu’on sort… Non… Jamais j’aurais dû l’amener là-bas… Jamais… Et je suis pas près de recommencer…

 

 

- On va pas la regarder ici… C’est trop dangereux… Si jamais elle se relève et qu’elle nous surprend elle va vraiment pas apprécier… Non… Je te la confie… Emmène-la !… Mais t’y fais attention, hein !… Et tu tardes pas trop à la rapporter…

 

 

C’était mis bout à bout… Irina et Gilbert… Gilbert dans Irina nouée à lui… Irina à grands coups de bassin contre Gilbert… Irina gorgée de plaisir, éperdue, hurlant des mots obscènes… Dix fois… Vingt fois… A l’infini…

 

 

Et, au magasin, Irina me parlait, me souriait… Irina prenait appui contre moi – je sentais ses seins contre mon dos – pour s’emparer d’un livre auquel je faisais écran… Sa main rencontrait parfois rapidement la mienne dans la caisse… Je respirais son parfum… Je me baignais dans ses yeux… Je rentrais… Je m’installais devant elle… Je la retrouvais…Jusque tard dans la nuit…

Jeu 22 nov 2007 2 commentaires
Toujours autant de mots...Toujours des histoires sans fin ...Inlassable écrivain que tu es ...
Bises
Chris
Artemis - le 25/11/2007 à 21h31
Il faudra pourtant bien qu'il y ait une fin à cette histoire... Avant d'autres histoires... A très bientôt... Bises à toi...
Fabien

Ma mère voici le temps venu


D'aller prier pour mon salut


Mathilde est revenue....


Bougnat, tu peux garder ton vin


Ce soir je boirai mon chagrin


Mathide est revenue....


 


Vous connaissez???????

Lilly - le 27/11/2007 à 18h16

Bien sûr que je connais!... Qui ne connaît pas cette chanson de Jacques Brel?...

Sauf qu'en la circonstance Mathilde est partie plutôt que revenue...

Bonne journée...

Fabien