Dimanche 1 octobre 7 01 /10 /Oct 19:21

La première lettre d'Elodie aurait pu rester sans suite, mais elle a rapidement été suivie d'une seconde que voici:

 

 

 

L E T T R E  2

 

                                     

 

 

                                     

 

 

Cher inconnu,

 

 

                                                 

 

 

            C’est encore moi... Les sens satisfaits et l’esprit en paix comme toujours quand je reviens de là-bas¼ Avec Jérôme et Sébastien j’ai appris à apprécier infiniment la sodomie au point de la préférer maintenant bien souvent à des rapports plus conventionnels¼ Qui mieux qu’eux - c’est leur pain quotidien - aurait pu m’y initier aussi bien ? Avec eux je m’abandonne en toute confiance et sans réserves. Pour mon plus grand plaisir¼ Parfois quand il peut - il est marié - Fred se joint à nous¼ J’avoue qu’avoir alors trois hommes pour moi toute seule - qu’ils s’occupent de moi ou que je les regarde avec ferveur s’occuper les uns des autres - me rend profondément heureuse¼ La béatitude !... Peut-être parce que j’ai besoin d’être rassurée? Parce que je ne l’ai pas été à l’âge où j’aurais dû l’être? Si je me retourne vers mon enfance et mon adolescence qu’est-ce que je vois ?... D’abord une enfant docile¼ si docile¼ trop docile¼ - On en fait ce qu’on veut... disait ma mère de moi à qui voulait l’entendre... Et c’était vrai... Pas de cris, pas de menaces, pas de punitions... Je me pliais avec une infinie bonne grâce à tout ce qu’on exigeait de moi... J’étais une petite fille modèle... On me citait en exemple: je donnais toujours entièrement satisfaction à mes parents... A mes instituteurs¼ A tout le monde¼J’en étais fière et profondément heureuse... Ma récompense, c’était ce fabuleux sentiment de paix intérieure qui m’habitait en permanence...

 

 

                                     

 

 

            Vers 12-13 ans des sensations, des impressions, des émotions étranges et inconnues, parfois inquiétantes, ont commencé à m’envahir¼ Est-ce que c’était normal?... Est-ce que j’avais le droit de les éprouver? Est-ce que j’étais normale?... Ils en auraient pensé quoi, mes parents?... J’avais le vague soupçon que l’image qu’ils avaient de moi en aurait été passablement écornée... Je redoutais plus que tout au monde de perdre leur amour et leur estime... Et du coup je me taisais... Je restais seule avec mes insolubles questions¼ Je m’en sentais infiniment coupable: je leur avais toujours tout dit... Mon silence me pesait comme une trahison et me confirmait intérieurement dans l’idée que mes bouleversements intérieurs étaient répréhensibles... On ne cache que ce qui a des raisons d’être caché... Je me sentais fausse, profondément malhonnête, et j’en souffrais infiniment...

 

 

                                   

 

 

            Et puis - je venais tout juste d’avoir 14 ans - il y a eu Nicolas - il était en seconde au lycée - Nicolas qui était amoureux de moi - qui le disait en tout cas - Nicolas que je trouvais beau comme un dieu, Nicolas qui me prenait dans ses bras après les cours dans le petit square près de la piscine, Nicolas que j’ai laissé me toucher les seins un mardi et mettre la main dans ma culotte le lendemain et recommencer souvent, Nicolas qui m’écrivait des lettres d’amour enflammées que je croyais parfaitement dissimulées au milieu de mes cours de l’année précédente... Elles ne l’étaient pas... Ma mère me les a brandies sous le nez un soir à mon retour du collège... - Qu’est-ce que c’est que ça, tu peux me dire?... Deux gifles...                 - Tiens !... Tu les auras pas volées, celles-là !... Les premières que j’aie jamais reçues¼ Deux gifles pleines, sonores, déterminées qui m’ont stupéfaite¼ - Ah, bravo!... Bravo!... Alors nous, on te fait confiance... On t’a toujours fait confiance et on a à peine le dos tourné que toi, tu en profites pour... Tu sais ce que tu es? Une hypocrite... Une sale petite hypocrite, sournoise et vicieuse... Non, mais ce ramassis d’horreurs qu’il y a là-dedans!... Tu n’as pas honte?... Tu te rends compte de la peine que tu nous fais au moins à ton père et à moi?... Lui, il me regardait sans rien dire, de son fauteuil, avec un air de douloureuse réprobation... Et moi, je pleurais¼ A chaudes larmes... Je sanglotais... Je souffrais... Tellement... De tout... Du mal que je leur faisais... De les avoir perdus... De ne plus être leur petite fille adorée... J’ai demandé pardon, j’ai supplié, j’ai promis de ne plus revoir Nicolas, de redevenir celle que j’étais avant... comme avant... pour toujours...

 

 

           

 

 

            Et je suis redevenue docile... Comme avant... Plus qu’avant... Je faisais  tout ce qui était en mon pouvoir pour leur donner satisfaction, pour qu’ils soient fiers de moi, pour qu’ils m’aiment... Mais j’étais suspecte, définitivement et inexorablement suspecte... Ma mère saisissait la moindre occasion pour me le faire sentir... Il y avait les apparences, oui, ce que je voulais bien montrer, mais là-dessous?... Qu’est-ce que je cachais encore?¼ Qu’est-ce que je dissimulais sournoisement?... Je les avais déjà trompés une fois... Comment auraient-ils pu être sûrs que je ne recommencerais pas?... Et elle exerçait sur moi une surveillance de tous les instants... Elle venait me chercher impromptu à la sortie du collège... Elle épluchait mon courrier, interrogeait à l’occasion mes camarades de classe... J’étais soumise à des contrôles réguliers que j’acceptais sans murmurer pour prouver ma bonne foi et ma bonne volonté¼ Elle surgissait dans ma chambre et exigeait que je vide mes tiroirs devant elle, explorait mes classeurs, mes dossiers, fouillait sous mon linge ou dans ma boîte à secrets... Je ressentais ces fréquentes vérifications comme profondément humiliantes, mais je les estimais, tout au fond de moi-même, parfaitement justifiées: si je n’avais pas trahi aussi délibérément leur confiance...

 

 

                                     

 

 

            Elles étaient d’autant plus justifiées d’ailleurs que je continuais - j’en avais la preuve tous les jours - à la trahir tant et plus: j’avais découvert, un peu par hasard, quel plaisir savoureux on pouvait s’offrir avec ses doigts... J’en usais et j’en abusais... De plus en plus... Je passais le plus clair de mon temps à attendre impatiemment ce moment où, enfin seule dans mon lit, je pourrais me toucher           - j’adorais ce mot - tout mon saoul... L’envie de me le faire me réveillait plusieurs fois par nuit et je m’épuisais de plaisir... Je vivais dans la hantise de voir mon secret découvert, malgré les précautions infinies dont je m’entourais, et dans la culpabilité: oui, leur fille était une dépravée et une vicieuse... Et elle était fausse en plus... Fausse et hypocrite: ils avaient bien raison... Elle continuait de leur tendre obstinément d’elle-même une image qui n’avait rien à voir avec ce qu’elle était vraiment... Ce qu’ils auraient tellement voulu qu’elle soit... Ce qu’elle aurait tellement voulu être... Elle faisait semblant... Elle n’arrêtait pas de faire semblant... De plus en plus semblant... Parce qu’elle ne voulait pas les perdre... Pour leur laisser croire qu’elle était toujours celle d’avant, pour le rester à leurs yeux, elle était prête à tout... A tout accepter...

 

 

             

 

 

            Et j’abandonnais à ma mère un droit de regard absolu sur ma vie... Je la laissais y pénétrer quand elle voulait... Comme elle voulait... Vous voyez bien que je n’ai rien à cacher... Tout est là devant vous clair... limpide... transparent... Elle s’emparait de moi, de mon existence... Elle l’habitait... Elle la quadrillait... Elle s’y installait... Elle l’occupait... Puisque je tenais tant à être celle qu’ils voulaient que je sois qui, mieux qu’elle, aurait pu savoir ce que je devais être?¼ Et elle disposait de moi, de mes goûts, de mes choix, de mes tenues vestimentaires... Sans que j’élève jamais la moindre protestation... Elle pensait juste... Elle savait juste... Elle décidait... Je laissais faire... J’étais celle qu’elle voulait... Elle haussait parfois les épaules avec un soupir, les yeux au ciel: - Cette pauvre Elodie... Heureusement qu’on est là! Elle sera toujours incapable de la moindre initiative... Incapable de gérer sa vie... Je m’y essayais parfois timidement... Elle prenait un air stupéfait: - Mais ça va pas? Qu’est-ce qui te prend?¼ T’es pas bien?... Ou bien au contraire elle me laissait faire, me regardait avec délectation m’enferrer, m’enliser, maladroite et vaine... J’allais bien finir par venir implorer son secours... Elle reprenait alors les choses en mains sans un mot... Elle triomphait...

 

 

 

 

 

             Pourquoi je vous raconte tout ça, moi ? Vous êtes psychanalyste ? Sans doute est-ce que j’ai besoin de me débarrasser une bonne fois pour toutes de tout ça, de m’en libérer¼ C’est pourquoi je tiens tant à vous laisser dans l’ombre au moins pour l’instant : à cette condition seulement je pourrai me laisser vraiment aller et descendre en moi aussi loin que possible¼

 

 

           

 

 

            Je vous embrasse

 

 

           

 

 

            E L O D I E

 

 

 

Par François - Publié dans : petites annonces
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Commentaires

Bravo pour votre Blog trés Sympa.Nous aussi, nous, nous sommes lancés. Venez nous rendre une petite visite et dites-nous ce que vous en pensez, d'Ac ???

http://mabelle.canalblog.com
commentaire n° :1 posté par : MaBelle&Moi le: 02/10/2006 à 21h27
Je passerai vous voir... Promis... Amicalement...
réponse de : François le: 04/10/2006 à 19h25

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