regards.croises

Jeudi 26 juin 4 26 /06 /Juin 06:23

Fabienne, c’était le tissage… Paul, la ferronnerie d’art… Elisa, la poterie… Et moi, la peinture et le dessin… On avait fini par conjuguer nos talents et nos finances tous les quatre pour ouvrir une petite échoppe, en plein centre ville, où on avait rassemblé, pour les exposer et les vendre, nos productions respectives…

 

J’assurais la permanence de fin de journée… On entrait, on sortait, on regardait, on commentait, on achetait parfois… J’en profitais pour dessiner et un visiteur venait parfois se pencher avec curiosité, par dessus mon épaule…

 

Elle s’est aventurée début octobre… Elle a un peu tourné, au hasard, et puis elle s’est plantée devant ma table… Trois heures durant elle a suivi, avec une attention intense, fascinée, subjuguée, la course du crayon sur le papier, jusqu’au moment où… - Je dois fermer… Elle s’est enfuie sans un mot…

 

Elle est revenue le lendemain… Elle a repris aussitôt sa place… - Tu t’appelles comment ?… - Isis… Moi aussi, je dessine… Elle s’est tue… J’ai abandonné ce que j’avais en cours… J’ai pris une autre feuille et j’ai esquissé son portrait… L’ovale du visage… Les mèches brunes… Les yeux noir intense qui s’effilaient sur le côté, qui s’enfuyaient vers les tempes en éternel et mystérieux sourire… - Ca y est ?… C’est fini ?… Elle a tendu la main… Et elle l’a emporté comme un précieux butin…

 

Toute la semaine je l’ai dessinée… Chaque jour sous un angle différent… Une perspective différente… Un éclairage différent… Chaque jour je saisissais une nouvelle expression… Un autre moment d’être… Un imperceptible mouvement d’âme… Chaque fois une autre Isis dont elle s’emparait aussitôt, qu’elle enlevait serrée contre son cœur…

 

Le lundi suivant je l’ai imaginée nue… Inventée… Rêvée… Devinée… Lentement caressée, amoureusement façonnée de courbes élancées douces, de remords et de reprises… Elle s’est regardée naître sans un mot… - C’est ressemblant ?… Elle a longuement examiné le dessin, le sourcil froncé, la moue dubitative… - La figure !… Seulement la figure !… Et elle a plongé ses yeux dans les miens…

 

Je me suis levé… J’ai donné deux tours de clé à la porte… - Viens !… Elle m’a suivi… Je n’ai pas eu besoin de le lui demander… Elle l’a fait d’elle-même… La robe par dessus la tête… Le soutien-gorge blanc… La culotte… Elle a tout retiré… Elle m’a fait face… Et j’ai été en regards pleins… D’elle à la feuille… Et de la feuille à elle… A ses seins si exactement seins… A son ventre en pente douce… A son encoche tout à la fois proclamée et dérobée sous la toison résillée…

 

J’ai reposé le crayon… Elle s’est approchée… Elle s’est penchée… Elle a souri, hoché la tête… - Tu es belle !… J’ai pris ses mains entre les miennes, l’ai attirée contre moi… Elle s’est assise sur mes genoux, a lancé éperdûment ses bras autour de mon cou… J’ai effleuré ses cuisses… Je les ai lissées, parcourues, reparcourues… De plus en plus haut… De plus en plus près de la fêlure soyeuse… Une brève incursion… Je me suis éloigné… Je suis revenu à caresses lentes et rêveuses… Elle a frémi, elle s’est ouverte, elle s’est abandonnée…

 

- Faut que j’y aille !… Elle s’est rhabillée en toute hâte, s’est emparée du dessin sur le petit bureau… - Oh non !… Laisse-le moi celui-là !… - T’en referas un autre demain !… Et elle a dévalé l’escalier… Son pas a claqué sur le trottoir…

 

Le lendemain on s’est d’abord doucement aimés et on a séjourné longtemps dans les yeux l’un de l’autre, ivres de reconnaissance et de volupté… J’ai voulu encore la dessiner… Elle a voulu me dessiner aussi… Nus face à face… On relevait la tête, on replongeait, absorbés, concentrés… Nos crayons avalaient, dévalaient le papier…

 

- Tu fais voir ?… - Non… Elle finissait de se rhabiller… J’ai voulu le lui arracher… On a lutté, par jeu, mais elle n’a pas cédé… Elle s’est enfuie… Son rire a résonné longtemps…

 

Je ne l’ai jamais revue…

 

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Dimanche 15 juin 7 15 /06 /Juin 20:52

Elle s’est blottie tout contre moi… - Tu m’offres quoi pour la Saint-Valentin?… - Tu aurais envie de quoi ?… La réponse a fusé… - D’un mec… D’un mec qui serait pas toi pour une fois… Ca te choque ?… - Oh, venant de toi plus rien ne m’étonne… - C’est pas une bonne idée ?… C’est toi qui le choisirais… Tu connais mes goûts… On se ferait notre petit repas d’amoureux à nous et, au dessert, on sonnerait… Ce serait lui… Je l’aurais jamais vu… Et il me tirerait aussi sec, à peine arrivé, là, devant toi… Comme ça… Sans préliminaires… Sans rien… Juste préoccupé de son plaisir à lui… Quel pied je prendrais !… Mais bon, faut pas rêver… Ce sera comme d’habitude… Notre traditionnel foie gras, nos escargots et nos profiterolles… Tu m’auras acheté un bijou ou un parfum… On veillera un peu et on ira se coucher… On fera l’amour, avant de s’endormir, en faisant semblant de croire que c’est mieux que d’habitude… Que nous, ça peut pas être la routine, que ce sera jamais la routine… Ca l’est… Mais bon, ça fait rien… On est heureux quand même…

 

- Je plaisantais hier… On n’en parle plus… Elle ne plaisantait pas, non… Je la connais… Elle tâtait le terrain… Elle me tendait la perche… Si je l’avais saisie… Je l’ai saisie… Elle ne le sait pas… Pas encore…

 

«  Pour offrir à ma femme une Saint-Valentin inoubliable, je recherche un homme séduisant, athlétique, vigoureux et capable de satisfaire les exigences d’une nature volcanique. Photo impérative. »

 

Il y a eu des réponses par dizaines… Des hésitantes… Des faussement modestes… Des prétentieuses… Des hors sujet… Des délirantes… Quelques spécimens au physique avantageux… De carrément laids… La plupart insignifiants… D’une terrifiante banalité… Certains arboraient fièrement leurs attributs… Il y en avait de méfiants… Qui redoutaient un traquenard… Qui exigeaient des garanties… D’autres qui posaient leurs conditions : il fallait que ça se passe comme ci ou comme ça… Sinon…

 

Et puis « lui »… Une évidence… Exactement le genre de type devant lesquels les yeux de Pauline s’allumaient et pétillaient d’allégresse et de convoitise… On s’est rencpntrés… On a fait longuement connaissance… Il lui plairait… Aucun doute là-dessus… Il saurait se montrer viril, désinvolte et impérieux. Très exactement ce dont elle avait envie en l’occurrence…

 

- A cette heure-ci ?… Qui ça peut bien être ?… Elle a brusquement réalisé… - C’est pas vrai !… C’est pas vrai que tu l’as fait !… - Je te présente Martial… Je te demande pas si tu le trouves à ton goût… Tes yeux parlent pour toi… Et toi, Martial, elle te plaît ?… - Je serais difficile… - Et encore t’as pas tout vu… Tu vas voir… Je suis passé derrière elle et lentement, bouton après bouton, j’ai ouvert le chemisier que j’ai fait glisser le long des épaules… - Comment il te regarde !… Comment il te désire !… En mots susurrés à l’oreille… - Comment il les attend tes seins !… Que j’ai fait jaillir, offerts au creux de mes paumes… Je suis descendu… Sous la jupe j’ai fourragé dans la culotte… - Mais c’est qu’elle est toute trempée, ma petite cochonne… Une belle queue il lui faut… Bien raide… Bien dure… Il est venu la brandir devant elle… Il l’a prise par le bras, fait s’agenouiller, la croupe en l’air, le front sur le tapis… Il a relevé la jupe, écarté les jambes du bout du pied, ramené la culotte sur le côté pour découvrir la chatte… Et il s’y est enfoncé… Il l’a besognée, a joui, s’est retiré…

 

Elle n’a pas bougé… Immobile… Statufiée… Lui s’était reculé de quelques pas et gardait les yeux obstinément fixés sur son entrejambes… Je me suis déshabillé et je suis allé m’asseoir, adossé au canapé… Je lui ai doucement relevé la tête, je l’ai posée sur mon ventre et je l’ai câlinée… Le front… Les paupières… Les joues… Les lèvres… Il s’est approché et il l’a une nouvelle fois pénétrée… D’un coup… Sans ménagement… Elle a lâché un grognement de satisfaction rauque de bête saillie… Juché sur elle, il s’est alors tranquillement élancé à la recherche de son plaisir… Elle a fermé les yeux, haleté, grondé, secoué la tête, éperdue, en tous sens sur ma cuisse, sur ma queue… Qui s’est répandue dans ses cheveux… Quand son bonheur à elle a surgi  elle a planté ses dents, de toutes ses forces, dans le gras de ma cuisse, a serré… Plus fort… De plus en plus fort… Il est sorti… Elle a desserré son étreinte… Une petite claque sur les fesses… Il s’est rhabillé… Il a disparu…

 

- C’est le plus beau cadeau qu’on m’ait jamais fait… Merci… Du doigt elle a caressé les contours de sa mâchoire sur ma peau… - J’y suis pas allée de main morte !… Mais c’était trop bon aussi… Elle s’est blottie contre moi… - Fais-moi l’amour maintenant !… Tout doux… Tout tendre…  

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Lundi 16 juillet 1 16 /07 /Juil 06:45

L A     L U B I E ( 8 )

 

 

 

- Tu as une mine superbe ces derniers temps… Vraiment superbe, je t’assure !… Tu es - comment dire ? - épanouie… Oui, c’est ça, épanouie…

Haussement d’épaules. Sourire. Regards qui s’attardent sur les gens dehors…

- Qu’est-ce qui se passe ?… Hein ?…

- Rien… Oh, rien de spécial… Je me sens bien en ce moment, c’est vrai… Pas mal…

Au fond de la salle des rires éclatent. On s’interpelle.

- Tu sais à quoi tu me fais penser ?… Au tout début de ton mariage… Tu as le même air… Les mêmes expressions… Quelque chose dans le regard… Ca arrive quelquefoisdans les couples… Comme une seconde lune de miel… Alors comme ça avec Guillaume…

- Ca va, oui… Ca va…

La petite cuiller heurte le rebord de la tasse, ricoche sur l’angle de la table… Elle se penche pour la ramasser…

- Faut dire qu’avec Guillaume tu as vraiment trouvé le mari idéal… Et tu as beaucoup de chance… Parce que quand je pense à la comédie que tu nous avais faite pour…

- Ah oui, à propos, tu sais que Sandrine est rentrée ?

- Rentrée ?

- Oui… Depuis jeudi… C’est complètement fini son histoire… C’était à prévoir d’ailleurs… Comme quoi on a rudement bien fait finalement de pas la prendre de front… Avec le caractère qu’elle a on l’aurait braquée c’est tout ce qu’on aurait gagné…

- Oui, enfin ça !…

 

 

- Alors là c’est la meilleure !… Tu es complètement folle !…

- Tu peux pas comprendre…

- Je peux pas comprendre… Je peux pas comprendre… ce que je comprends quand même c’est que ce type t’a à moitié démolie il y a pas huit jours et que tu es en train tranquillement de me dire que tu retournes t’installer avec… Tu y cours même…

- C’est pas si simple…

- Simple ou pas tu viendras pas te plaindre après…

- On s’est expliqués… On a parlé…

- Et tu imagines que ça va suffire ?

- Mais oui !… Richard, tu sais, il est pas du tout comme ça au fond… Ce serait même plutôt le contraire…

- Il le cache bien, dis donc !

- Ecoute… Je voulais pas t’en parler, mais c’est vrai que je suis pas toute blanche non plus… Il y a des choses que…

- Que quoi ?

- Richard il est très bien pour tout un tas de trucs… On a plein de points communs ensemble… Et forts… On échange beaucoup, mais bon… au lit il est complètement nul… Ca compte, ça, pour moi… Beaucoup… Et l’autre jour quand il est rentré on l’attendait pas avec David… Il a pas supporté… J’ai répondu… Je lui ai dit des trucs qu’il est pas près d’oublier… Alors du coup…

- Mais enfin, Sandrine, est-ce que tu te rends compte ?

- Quoi ?

- Tu vis avec Richard et en même temps tu vas te… Comment veux-tu après ça que Richard… Enfin est-ce que tu as seulement réfléchi une seconde ?

- Ecoute, maman, sur ce sujet-là tu n’es quand même pas la mieux placée pour me faire la morale, tu crois pas ?

- Pardon ?

- Non, rien… J’ai rien dit…

- Aie au moins le courage d’aller jusqu’au bout maintenant que tu as commencé…

- J’ai quand même pas les yeux dans mes poches, écoute !

- Ce qui veut dire ?

- Si tu crois que ça se voit pas avec Antoine !

- Tiens, celle-là au moins tu l’auras pas volée !…

 

 

- Mais enfin, Guillaume, tu as vu l’heure ?!

- Oui. Neuf heures et demi…

- Et c’est tout ce que tu trouves à dire ?… Tu me demandes pas où j’étais ?

- Où tu étais ?

- Chez mon amant…

- Ah bon, tu as un amant ?

- C’est ça, fais de l’humour en plus !… Si j’en avais un, je suis bien tranquille que tu ne t’en apercevrais même pas… C’est quelque chose avec toi, je t’assure !… On sait jamais sur quel pied danser… Il y a des jours où on peut pas lever le petit doigt sans sans déclencher aussitôt des cataclysmes, sans que tu fasses des histoires pas possibles pour rien… Si on fait noir c’était blanc… Si on fait blanc c’était rouge… Et des jours où on dirait que tu te fous complètement de tout… On pourrait bien aller poser des bombes dans les supermarchés ça te serait complètement égal… Tu continuerais à mener ta petite vie tranquillement comme si de rien n’était… Je ne sais pas si tu te rends vraiment compte de ce que c’est que de vivre avec toi… De devoir supporter tes sautes d’humeur au quotidien, de ne jamais savoir comment tu vas prendre les choses, ce que tu vas en penser ou en dire… C’est insupportable… Il y a des moments où on ferait n’importe quoi pour échapper à ça, pour pouvoir respirer un peu… Mais tu trouverais encore le moyen de démontrer par a plus b que tu n’y es pour rien…Alors !

 

 

- Tu es toute seule ?

- Ben oui, tu vois…

- Excuse-moi pour l’autre jour… J’étais…

- Laisse tomber… Ca fait rien… J’en suis plus à une baffe près…

- Et avec lui comment ça va maintenant ?

- Ca va… Très bien même…

- De toute façon je suis bien tranquille que tu le dirais pas…

- Mais si !

- Ca a bien avancé, dis donc, ici !

- Oui, cette fois c’est pratiquement fini… C’est pas trop tôt…

- Vous en avez drôlement bien tiré parti…

- Oui… On est assez contents…

- Et tu as décidé quoi pour David ?

- Tu veux du thé ?

- Non… Non, merci… Je suis juste passée comme ça en coup de vent voir comment tu allais… On est mardi… Ta grand mère m’attend… Tu vois ça d’ici si je suis en retard ?!

- J’imagine…

- Bon… Eh bien je vais te laisser… Dis, Sandrine…

- Oui ?

- Je voulais te dire… C’est fini avec Antoine… Complètement fini…

- Et t’es sûre que c’est ce que tu fais de mieux ?

 

 

 

 

Par François - Publié dans : regards.croises
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Jeudi 12 juillet 4 12 /07 /Juil 05:33

L A     L U B I E ( 7 )

 

 

 

- Mais qu’est-ce qui t’arrive ?

- Rien. Rien. T’as un mouchoir ?

- Mais qu’est-ce qui se passe enfin Sandrine ? Réponds-moi ! Qu’est-ce qui t’a mis dans un état pareil ?

- Mais rien !… Laisse !… Ca va passer…

- Tu as des ennuis ?

- Non… Mais non !

- C’est Richard ?

- Non… Oui… Quel con !

- Vous vous êtes disputés ?

- Si tu savais tout ce que j’ai pas entendu ! Jamais je lui pardonnerai. Jamais. Alors là il peut toujours courir…

- Il est où ?

- Parti… Il va faire quinze fois le tour du quartier et puis il rentrera quand il en aura marre… N’importe comment il peut bien faire ce qu’il veut… Si tu savais ce que je m’en fous…

- Mais qu’est-ce qu’il y a eu ?

- Rien… Oh, rien… Des conneries…

- On se dispute pas pour rien quand même !

- C’est à cause de David… Il faut toujours qu’il aille imaginer des tas de trucs… Oh, laisse tomber, j’te dis !… Ca fait rien…

 

 

- Non, Antoine, je suis sérieuse, écoute !

- Moi aussi. Si tu voyais tes yeux ! Ils sont tout cernés de plaisir. Et ce n’est pas fini. Je vais t’épuiser, je vais te…

- Arrête ! Réponds-moi !

Il s’immobilise, mains en coques sur ses seins

- Mais qu’est-ce que ça peut faire ?

- Dis-moi ! Tu veux pas me dire ?

- Ca n’a pas d’importance…

Entre le poce et l’index il emprisonne la pointe

- Non… Attends ! Elle a quel âge ?

- Vingt-trois. Jamais je n’aurais dû te dire, te parler d’elle… Maintenant tu vas sans arrêt…

- Et tu l’aimes ?

- Est-ce que je sais, moi ?… Allez…

- Non. Lâche-moi ! Et pourquoi tu es avec moi alors ? Elle te suffit pas ?

- Je suis bien avec toi…

- Ce n’est pas une réponse. Elle a ton âge. Elle est sûrement jolie. Elle est jolie ?

- Oui. Allez, fiche-lui la paix, écoute !

- Alors je t’apporte quoi, moi ?

- Tu es toi…

- Ca veut rien dire…

- Et moi alors ? Je t’apporte quoi ? Tu as bien ton mari, toi, non ?

- Mais ça n’a rien à voir enfin, Antoine ! On peut pas comparer…

- Ah bon !

- Bien sûr que non ! Ce n’est pas du tout la même chose !

- Ah !

- Mais non, mon mari, il…

- Il ?

- Non. Rien. Zut. Ca m’agace.

- Allez, viens, va !

Ses lèvres se font douces aux contreforts du sein. Elle pose sa main dans ses cheveux, les lisse, caline…

- Quand même c’est pas pareil !

- Viviane, je t’apporte quoi, moi ? Tu m’as pas dit…

- Tu es un monstre…

 

 

- C’est toi, Sandrine ? A cette heure-ci ! Mais qu’est-ce qui se passe ?

- Il m’a foutu une trempe…

- Qui ça ?… Une… Oh là là, mais tu es dans un état ! Fais voir, mais fais voir ! Tu as mis que chose dessus au moins ? Viens ! Viens dans la salle de bains… Tu peux pas rester comme ça… Attention ! Ton père dort… Non, mais quelle ptite brute !… Ca te brûle ?… Ca peut pas durer comme ça…

- Oh, pour ça t’inquiète pas ! Cette fois c’est fini. Et bien fini. J’en ai marre de passer pour une conne. Demain je récupère mes affaires. Et bonsoir. Antoine m’aidera…

- Je te fais mal ? Non ? J’ai cru. Enlève-la, va, ce sera plus commode…

- Antoine ou un autre. J’emmène tout. Et terminé. Je veux plus en entendre parler. J’ai assez donné…

- Eh ben dis donc il t’a drôlement arrangée !

- Parce que cette fois ça commence vraiment à bien faire… S’il s’imagine qu’il va pouvoir me cogner dessus comme ça à tout bout de champ quand il en a envie !… Qu’est-ce que j’y peux, moi, si les types me regardent ? Je vais quand même pas me défigurer pour passer inaperçue ! Et tous les jours : T’étais où ? Qu’est-ce que t’as fait ? Et t’as vu qui ? Et après ton cours d’anatomie t’es allée où ?

- Bouge pas tant !

- Et demain tu as quoi ? T’avais rien la semaine dernière… Comment ça se fait ? Et merde à la fin ! J’ai plus huit ans. J’en ai ma claque, moi, vraiment ma claque…

- Là… Là… Ca ira… Et si tu essayais d’aller dormir maintenant ? Ce n’est pas en t’énervant comme ça que ça y changera quelque chose… Ton lit est fait… Rien n’a bougé là-haut… Essaie au moins ! Demain il fera jour… On verra comment on s’organise…

Par François - Publié dans : regards.croises
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Lundi 9 juillet 1 09 /07 /Juil 05:36

L A     L U B I E ( 6 )

 

 

 

Antoine élève le sucre très haut et de là-haut - au-dessus - il vise longuement d’un œil… Il le lâche au beau milieu de la tasse…

 - T’as vu ça ?… Bon, le mec !...

Le thé déborde… Dans la soucoupe… Sur les draps… Eclabousse tout… Jusque sur l’oreiller… D’un bond elle se réfugie, jambes repliées, au bord du lit…

- Idiot !… Tu l’as fait exprès !…

- Oui…

- Quel gamin tu fais !… Tout est trempé maintenant…

Il rit, l’embrasse, rit, se drape dans la couverture et fait Sandrine… L’attitude, la démarche de Sandrine… Buste en avant, tête haut levée de la fenêtre au lit et du lit à...

- Arrête !… Que tu es bête !

Fait la voix de Sandrine : « - Vous en avez mis un temps !… Tu es sûre qu’il a tout compris… Qu’il va pas couper les pieds de sa sœur ? »

- Tu es vraiment infernal !

- Tu m’en as expliqué des choses ce jour-là, hein ?

- Tais-toi !… Dis, Antoine ?

- Oui ?

- On est fous… On est complètement fous… Quelle idée de se retrouver ici !… Tu te rends compte si je tombe sur elle en descendant d’ici tout à l’heure ?… Non, mais tu imagines ?

- Tu lui diras : Ah ben ça alors par exemple, Sandrine !… Quelle bonne surprise !… Qu’est-ce que tu fais par là ?

- Tu peux jamais être sérieux...

- Jamais. Non. C’est vrai…

Il la renverse sur le lit, la couvre de baisers, la…

- Encore !… Tu es fou !

- Encore, oui !

 

 

- Mais enfin comment as-tu pu faire une chose pareille ?… Cette fois ça dépasse vraiment tout ce qu’on peut imaginer… J’espère au moins que tu t’en rends compte ?

- Il ne faut rien exagérer… Ce n’est quand même pas…

- Tu ne vas quand même pas chercher à justifier ça, non ?… Ce serait la meilleure…

- Ecoute, maman, s’il te plaît…

- J’écoute… J’écoute…

Furieuse elle mord du regard autour d’elle, le couple à côté, la serveuse entre les tables et les gens sur le trottoir au-dehors…

- J’écoute… J’attends… Et je suis curieuse de savoir ce que tu vas bien pouvoir inventer cette fois-ci pour avoir raison… Puisque tu trouves toujours des arguments pour tout justifier… Et n’importe quoi…

- Mais il ne s’agit pas d’avoir tort ou raison !…

- C’est bien ce que je disais !… Alors j’apprends comme ça, en pleine rue, - et par l’autre imbécile en plus - j’apprends que ma propre petite fille affiche une liaison   - parce que je ne vois pas comment tu peux appeler ça autrement - que je suis la dernière à être au courant et tu as le culot de venir me dire en face que tu trouves ça normal…

- Mais non, écoute !… L’occasion ne s’est pas présentée, c’est tout !…

- Ben voyons !… On se voit tous les mardis, mais je suppose que ça ne t’est seulement pas venu à l’esprit de m’en parler… C’est bien ça ?… Est-ce que tu te fiches de moi ?…

- Mais enfin, maman, aujourd’hui…

- Tu veux que je te dise ?… Tu savais très bien ce que j’en aurais pensé… Et tu penses la même chose… Seulement ça fait moderne aujourd’hui d’avoir l’air de tout accepter… De passer sur tout… Et comme de toute manière tu n’as jamais été capable d’obtenir quoi que ce soit de ta fille et que ce n’est sûrement pas maintenant que ça va s’arranger tu n’as pas d’autre solution que de faire semblant d’approuver…

- Richard est quelqu’un de très bien, tu sais. Il…

- Oui. Eh bien ça permets-moi d’en douter : vous n’en seriez pas là !… Franchement… Que toi encore tu sois incapable de… Bon. Passons. C’est pas nouveau. Mais Guillaume !… Un homme quand même je sais pas, moi, il a les moyens de se faire entendre, d’imposer sa volonté… Quand ton père…

- Ah, je t’en prie, maman, laisse papa en dehors de ça !

- C’est pourtant la vérité. Ton père quand ça t’a pris ce coup de folie pour ce Sylvain… Tu avais quel âge déjà ?

- Je t’en prie, maman !

- Mais oui, tu avais son âge… Un peu plus même puisque c’était l’année de Concarneau… Eh bien ton père ça ne l’a pas empêché d’employer les grands moyens puisque tu ne voulais rien comprendre d’autre… Age ou pas âge… Et ça n’a pas traîné…Je suis bien tranquille que tu t’en souviens encore parce que des choses comme ça on ne peut pas…

- Ca suffit, maman !

- C’est pourtant la vérité !… C’est quand même curieux que tu aies toujours été incapable d’entendre la vérité !

 

 

- Alors ?… Hein ?… Comment tu trouves ?

Le parasol étend som ombre bleutée et douce. Les garçons s’activent, discrets, silencieux.

- C’est bien… Oh oui, c’est très bien…

- Ca te plaît ?… Et tu verras là-haut la chambre… Tu verras !

A la table au-delà de son épaule il y a un autre couple… La fille toute en blanc… Le garçon penché sur elle…

- Ce sera notre endroit à nous, rien qu’à nous… Pourquoi tu souris ?

- Parce que… pour rien… comme ça… la façon dont tu en parles…

Derrière lui ils s’embrassent par dessus la table, se murmurent quelque chose…

- Ils pensent quoi, tu crois, pour nous ?

- Qui ça ?

- Les gens… Les clients… Les serveurs…

- Ca n’a pas d’importance ce qu’ils pensent… Qu’est-ce que ça peut faire ?

- Oui, mais quand même !… A ton avis ?

- La vérité sûrement…

- La vérité ?

- Que tu es une petite madame qui vient retrouver son amant en cachette…

- Ce n’est pas vraiment ça… Non, nous ce n’est pas ça, hein ?!

- Mais non bien sûr… C’est ce qu’ils croient…

- Ils sont jeunes, tellement jeunes. Ils se tiennent les mains, se sourient… Il la regarde…

- Viviane, à quoi tu penses ?

- A rien… A rien de spécial…

Ils sont dans les yeux l’un de l’autre, lumineux

- Antoine ?

- Oui ?

- Tu as une amie ?… Une autre amie ?

- Que tu es bête !… Finis ton café, idiote !

Par François - Publié dans : regards.croises
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