Mardi 5 décembre 2 05 /12 /Déc 18:54

Elodie ne s'est pas lassée....

Très cher ami,

 

 

            Eh oui, une lettre postée de Paris¼ Je suis partie de là-bas¼ Avant-hier¼ J’ai coupé les ponts¼ largué les amarres¼ mis les voiles¼ Cette fois c’est définitif et sans espoir de retour¼ Pour le moment je suis chez Sébastien¼ Je n’ai pas voulu rentrer « chez moi » : c’est chez eux¼ Je vais me chercher un appartement¼ Loin d’eux¼ Le plus loin possible¼

 

 

 

            Ca a eu lieu lundi¼ Je lézardais sur la terrasse¼ Elle, elle passait l’aspirateur en haut, dans les chambres¼ Tous les jours elle passe l’aspirateur en haut, dans les chambres¼ - Elodie, tu peux venir voir là ?¼ J’ai soupiré¼ Qu’est-ce qu’il y avait encore ?¼ Je suis montée¼ - Quoi ?¼ Qu’est-ce tu veux ?¼ - Tu peux me dire ce que c’est que ça ?¼ Elle m’a brandi la lettre de Jérôme sous le nez¼ - Ca, c’est mon courrier !¼ Et tu n’as pas le droit de¼ - Parce que t’appelles ça du courrier ?!¼ Ce ramassis d’horreurs¼ - C’est mon problème¼ Ca ne te regarde pas¼ - Ah si, ça me regarde, si !¼ Tu es encore ma fille que je sache !¼ Mais ça je m’en doutais !¼ Je m’en doutais !¼ De ta part on peut s’attendre à tout¼ A tout¼ Seulement si tu t’imagines que je vais tolérer ça !¼ - Mais j’ai 42 ans enfin !¼ - Eh bien justement !¼ Raison de plus !¼ Il serait quand même grand temps que tu te plombes enfin un peu la tête, non, tu crois pas ?¼ - Rends-moi ça !¼ - Certainement pas !¼ J’ai voulu la lui reprendre, la lui arracher¼ Elle m’a lancé deux gifles à toute volée¼ Comme la fois de Nicolas¼ Comme quand j’avais 14 ans¼ Comme si j’avais encore 14 ans¼ Et elle a déchiré la lettre en morceaux minuscules qu’elle a laissé tomber dans la corbeille d’un air profondément dégoûté¼ J’ai immédiatement commencé à rassembler mes affaires¼ - Qu’est-ce que tu fais ?¼ - Je m’en vais¼ Elle a haussé les épaules¼ - Tu sais très bien que tu ne le feras pas¼

 

           

 

            Je l’ai fait¼ Je me l’étais juré il y a tout juste sept ans¼ Je m’étais juré que si jamais elle levait à nouveau une seule fois la main sur moi je partirais¼ Et qu’ils ne me reverraient pas¼ C’était l’été de mes 35 ans¼ J’avais été prise d’une frénésie de sorties¼ Le besoin de m’étourdir¼ D’oublier¼ Que j’étais seule¼ Que je le resterais sans doute toujours¼ Que ma vie tournait désespérément à vide¼ Je sortais¼ Je m’éclatais¼ Je couchais¼ Avec un peu n’importe qui¼ Et, ce soir-là, avec Bertrand, un gamin de 20 ans qui me tournait obstinément autour¼ Il a absolument voulu m’emmener chez son grand-père¼ - Il y est pas en ce moment¼ On sera tranquilles¼ Tu verrais cette villa que c’est en plus !¼ Avec piscine et tout¼ Il a éprouvé mille difficultés à ouvrir la porte, ce qui aurait dû me mettre la puce à l’oreille, mais je ne me suis pas posé la moindre question¼ On s’est déshabillés¼ On s’est jetés dans la piscine¼ On y a fait les fous¼ On s’est poursuivis sur la margelle tout autour¼ Quand les gendarmes sont arrivés on venait juste de commencer à faire l’amour¼ Dans le faisceau des torches longuement braquées sur nos corps nus il a fallu expliquer ce qu’on faisait là et comment on était entrés¼ Je me sentais profondément humiliée, ridicule et furieuse contre ce Bertrand qui m’avait entraînée à mon insu dans cette histoire¼ On a passé le reste de la nuit au poste¼ A répondre à une foule de questions toutes plus saugrenues les unes que les autres¼ - Ca va durer longtemps ?¼ - Mais, Madame, il y a violation de domicile !¼ Avec effraction¼

 

 

 

            Au petit matin j’ai reconnu la voix de mon père dans la pièce à côté¼ Il parlait avec le brigadier¼ Il m’a ramenée à la maison sans m’adresser le moindre mot, sans me jeter le moindre regard¼ Un bloc de réprobation muette¼ Dans la cuisine ma mère m’a ignorée¼ Pas un reproche¼ Pas une allusion¼ Je n’existais pas¼ J’ai voulu aller prendre une douche pour me laver de tout ça, pour m’en débarrasser, pour me retrouver¼ Elle a presque aussitôt surgi et… non… je ne peux pas vous raconter… non… c’est au-dessus de mes forces… un jour… plus tard peut-être… Je suis restée confinée deux jours dans ma chambre¼ A pleurer¼ De honte¼ D’humiliation¼ De remords¼ De tout¼ J’ai pensé à me supprimer : je ne méritais pas de vivre¼ Et puis, le matin du troisième jour, j’ai pris ma décision : la prochaine fois je m’en irais¼ Pour toujours¼ C’était irrévocable¼ Et je suis redescendue¼ Ils n’ont pas fait le moindre commentaire¼ Comme s’il ne s’était rien passé¼ Jamais¼

 

 

 

            Que de temps perdu !¼ Si vous saviez comme je me sens bien maintenant¼ Libérée¼ Sereine¼ Epanouie¼ Au large en moi¼ Je commence enfin à vivre¼ Il était temps¼ Je n’avais jamais formé de vrais projets : je ne m’en reconnaissais pas le droit¼ J’en ai plein aujourd’hui : ça part dans tous les sens¼ Bref, je vis¼ Je suis heureuse¼

 

 

 

            Je vous embrasse                                                    

 

           

 

            E L O D I E

Par François - Publié dans : petites annonces
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