Jeudi 12 avril 4 12 /04 /Avr 08:26

S U R    L E     P A R K I N G  ( 3 )

 

 

 

5 Mai

 

 

 

Chère Delphine, Cher Norbert,

                         

 

J’avais 10 ans... Du vasistas du grenier, chez mes parents, on avait une vue imprenable sur la machine à laver de la maison voisine, accotée au  mur, juste en face de la fenêtre d’une  petite pièce dans le prolongement de la salle de bains. Tous les vendredis soirs, à six heures précises, en rentrant du travail, Muriel - je la trouvais fabuleusement, exceptionnellement, divinement belle - mettait la lessive en route. Elle remplissait d’abord consciencieusement la machine et puis, quand elle avait fini, elle se déshabillait -complètement - pour y ajouter ses vêtements de la journée. J’avais attendu ce moment-là toute la semaine, j’en avais longuement rêvé, j’allais l’emporter pour de longues heures avec moi. J’écarquillais les yeux, le coeur battant, pour ne rien en perdre. Elle était d’abord nue quelques instants, de dos, penchée sur le tambour avant de se retourner, de faire deux ou trois pas dans ma direction pour attraper la poudre à laver sur l’étagère... A nouveau de dos le temps de manipuler les différents boutons... Elle venait - ultime vision - remettre la grosse boîte de carton en place et disparaissait... C’était fini...

 

                         

 

Je redescendais chaviré. Etendu sur mon lit, les yeux fermés, je la faisais revenir. Je contemplais ses fesses, ses seins, la toison brune sur la fente, éperdument, jusqu’à ce qu’on m’appelle: - Vincent!... Viens mettre la table!... Je l’abandonnais à regret, n’avais rien de plus pressé que de venir la retrouver le plus vite possible. Je passais la soirée et une bonne partie de la nuit avec elle... C’est incontestablement là qu’est née pour moi une passion qui, par la suite, ne devait jamais plus se démentir...

 

                         

 

Je vivais avec elle... Le lendemain - elle faisait systématiquement ses courses le samedi matin - j’avais toujours une bonne raison pour aller traîner au Supermarché du coin. J’élaborais des stratégies compliquées pour croiser sa route... Elle se penchait, parfumée et douce, pour embrasser le « petit voisin » dont le coeur battait à tout rompre. J’offrais mes services pour porter les packs d’eau minérale ou... les bidons de lessive!... jusqu’à sa voiture... Elle me remerciait d’un sourire: - Tu es gentil!... Inutile de vous préciser que s’il y avait quelque chose à aller chercher ou à porter « à côté » j’étais toujours volontaire. Elle m’offrait un verre d’orangeade que je sirotais à petites gorgées lentes pour rester avec elle le plus longtemps possible... Surtout si son mari n’était pas là... Je la regardais et je pensais que je l’avais vue nue, que le vendredi suivant je la verrais encore nue. C’était mon secret et, d’une certaine façon, même si elle l’ignorait, NOTRE secret...

 

 

 

J’étais à l’affût de tout ce qui pouvait la concerner. Dès qu’on parlait d’elle j’étais tout ouïe... Je collectais sur elle toutes les informations possibles et imaginables. Je les mettais bout à bout, les interprétais, les décortiquais... J’aurais tout voulu savoir d’elle. Je quadrillais discrètement sa vie... Je connaissais son emploi du temps, ses amis, ses loisirs, ses habitudes, tant et tant de choses... Ce n’était jamais assez...

 

                         

 

Surprendre une femme à son insu n’est jamais pour moi une fin en soi¼ Bien au contraire : la vision initiale suscite le désir impérieux - même s’il ne peut jamais être complètement satisfait - de descendre au coeur de ce qu’est celle qui m’offre le spectacle de sa nudité ou de sa jouissance. Je voudrais tout savoir d’elle¼ absolument tout¼ la pénétrer par tous les pores de son existence jusque dans ses moindres replis. Pour vous - si je vous ai bien compris -  il FAUT qu’on sache qu’on est vu... C’est absolument nécessaire¼ Vous voulez que votre victime vous voit la voir¼ Pour moi c’est exactement l’inverse : il vaut mieux - il est presque indispensable - qu’elle l’ignore... C’est ce qui m’est apparu de façon évidente  avec cette fille du parking... Si je m’étais contenté de rester dissimulé dans mon bois à observer la scène sans me manifester - je ne cesse de me demander d’ailleurs ce qui se serait alors passé: combien de temps cela aurait-il duré? Quelqu’un serait-il intervenu? Dans quelles conditions? Et si ça n’avait pas été le cas à quoi aurait-elle fini par se résoudre? Je n’aurai évidemment jamais de réponse à ces questions... Je ne peux que me livrer à toutes sortes de supputations et je ne m’en prive pas... - si donc j’étais resté seul avec mon secret j’aurais eu les coudées franches pour investir sa  vie sans éveiller le moindre soupçon... J’aurais pu invoquer n’importe quel prétexte, pour peu qu’il soit plausible, pour rôder autour d’elle et faire mon miel du moindre indice, la soumettre à une surveillance aussi efficace que discrète et apparemment détachée¼ Au lieu de quoi je me suis complètement grillé à ses yeux: ce matin-là est irrémédiablement et définitivement entre nous. Je lui rappelle inéluctablement, par ma seule présence, ce qu’elle s’efforce désespérément d’oublier. D’emblée je suis suspect. Il suffit que j’apparaisse à proximité de sa caisse pour que je la sente - quasi physiquement - se replier, se recroqueviller et mettre toutes ses défenses en batterie... Comment pourrais-je espérer, dans ces conditions, parvenir à l’approcher vraiment, me baigner dans ses eaux à elle, la cerner, m’en emparer ?¼ C’est mission parfaitement impossible¼

 

                         

 

J’ai bien sûr pu grapiller malgré tout de ci de là quelques éléments d’information¼ En province tout se sait¼ sans se savoir vraiment¼ Chacun y va de sa version, de son interprétation, de son commentaire et - très vite - il devient impossible de démêler le vrai du faux¼ Il s’est dit qu’une fille s’était promenée toute nue sur le parking après s’être barbouillée de peinture rouge tellement elle était saoule¼ Il s’est dit aussi qu’elle avait été surprise en pleine action, avec un homme marié, dans une voiture, par l’épouse bafouée qui l’en avait extirpée sans lui laisser le temps de récupérer ses vêtements¼ Il s’est dit encore que sa petite promenade dans le plus simple appareil était le résultat d’un pari qui lui avait rapporté une grosse somme d’argent¼ Qui elle était ?¼ Personne n’en savait rien au juste¼ On l’a prétendue une touriste en vacances, la fille d’un notable lyonnais qui s’était empressé d’étouffer l’affaire, la jeune maîtresse d’un médecin clermontois qui les collectionnait¼ Elle n’était pas « d’ici »¼ On l’a oubliée¼ On est passé à autre chose¼ Tout cela ne pouvait pas, de toute façon, me servir à grand chose¼ Je suis allé tourner sans succès autour de l’appartement de la fille chez qui je l’avais ramenée ce matin-l༠En vain : elle avait déménagé, quitté la région¼ Personne ne savait où elle était passée¼ Et j’ai donc dû me contenter de très maigres indices sans espoir de pouvoir jamais en obtenir d’autres : je connais son prénom - Maeva - pour avoir entendu l’une de ses collègues l’appeler¼ Je sais où elle habite - un petit studio au dernier étage d’un immeuble vétuste - pour avoir pris le risque, un soir, de la suivre jusque chez elle¼ Je lui soupçonne un petit ami¼ Sans avoir là-dessus la moindre certitude¼ C’est tout¼ Et, à moins d’un improbable miracle, ce sera tout¼ Et c’est désespérément frustrant¼

 

                         

 

Mais peut-être - on peut toujours rêver ! - votre présence cet été permettra-t-elle de débloquer la situation d’une façon ou d’une autre ?¼ Après tout elle ne vous connaît pas et vous auriez, vous, les coudées franches¼ On verra¼ On en reparlera¼ En attendant je suis absolument ravi du tour que cette correspondance est en train de prendre entre nous et je vais attendre votre réponse avec infiniment d’impatience...

 

                         

 

Amitiés à tous les deux...  V I N C E N T

Par François - Publié dans : petites annonces
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