Lundi 6 août 1 06 /08 /Août 06:24

Jamais !… Je regardais les filles au lycée, dans la rue, partout où il y en avait… Jamais !… Non, ce n’était pas possible… Non… Il y en aurait bien une un jour… Je me regardais, moi… Je me soupesais… Je me mesurais… Non !… Evidemment elle avait raison Eva !… Evidemment… Jamais !…

 

 

Plus j’avançais en âge et plus il était clair que je plaisais… J’avais, paraît-il, une belle petite gueule… Et des yeux qui ne laissaient pas les filles indifférentes… Elles me le faisaient parfois fort explicitement comprendre… Je ne donnais pas suite… Celles que je trouvais à mon goût je me contentais de les emporter précieusement avec moi et de leur faire l’amour comme un possédé, le soir, seul dans mon lit… Concrètement je ne tentais jamais rien… J’en mourais d’envie, mais la représentation – que je me donnais – du lamentable fiasco que ce serait inévitablement me tétanisait… Alors plus tard… Un jour… Oui… Un jour sûrement… Ma réputation, en tout cas, était faite : ça ne m’intéressait pas… Et il commençait à se murmurer derrière mon dos que, sans doute, je préférais les garçons…

 

 

C’est peut-être ce qui a décidé Mélanie à relever le défi et à jeter son dévolu sur moi… - T’y as compris quelque chose, toi, aux Maths ?… - Oui… Pas toi ?… - Rien du tout !… Tu pourras m’expliquer ?… - Bien sûr… Et, à quatre heures, j’ai pris en sa compagnie, la direction du café le plus proche… - On va chez moi plutôt ?… C’est à deux pas… On sera plus tranquilles… Nous n’avions jusque là entretenu que des relations de bonne camaraderie et elle ne m’avait jamais manifesté d’intérêt particulier… Elle avait parfois habité mes nuits… Sans plus : ce n’était pas vraiment mon type de fille… Trop sophistiquée… Trop agressivement femelle… Et, jusqu’à ce que nous entrions dans sa chambre, je n’avais aucune raison de lui supposer quelque arrière-pensée que ce soit… J’ai sorti mon livre, mon cahier… Elle me les a arrachés des mains, jetés derrière elle… - On s’en fout des Maths !… Comment tu me trouves ?… - Comment ça comment je te trouve ?… - Je te plais comme fille ?… - Je serais difficile… - Eh bien alors !… Reste pas planté là comme une bûche… J’étais au pied du mur… Impossible de me dérober… Je croyais savoir, pour l’avoir lu, qu’il fallait faire durer les préliminaires, que les femmes les appréciaient tout particulièrement… Je les ai d’autant plus prolongés que je redoutais le moment fatidique où il me faudrait apparaître dans toute ma vérité… Elle s’est impatientée… - Allez, viens maintenant !… Je suis venu…  Juché sur les avant-bras, je me suis mis à l’oeuvre… - Ben qu’est-ce tu fais ?… Viens !… Elle a eu un doute, m’a repoussé, regardé en bas, incrédule…   - Ah ben d’accord !… D’accord !… Elle s’est levée, rhabillée, m’a ouvert la porte… - Bon, ben salut !… A demain… On a quoi en première heure déjà ?… Ah oui, Histoire… A demain…

 

 

Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit… Evidemment elle allait le dire… Le raconter… Evidemment… C’était même sûrement déjà fait… J’étais à peine en bas de l’escalier qu’elle avait dû s’empresser d’appeler Myriam… - Assieds-toi !… T’es assise ?… Ecoute ça… Tu vas rire… Et aussitôt après Valérie… Forcément ces deux-là étaient au courant… Et si ces deux-là étaient au courant c’était tout le bahut qui allait en faire des gorges chaudes… J’imaginais… Les sourires narquois… Les chuchotements derrière mon dos… Les allusions incessantes… Le lendemain je suis allé en classe la mort dans l’âme… Il ne s’est rien passé… Les jours suivants non plus…

 

 

Je n’étais pas rassuré pour autant… Elle ne l’avait pas dit… Elle pouvait encore le dire… Quand bon lui semblerait… J’entretenais avec Eva une correspondance régulière… Je lui ai raconté… Demandé… A son avis… A son avis elle allait le dire ?… Qu’est-ce que je voulais qu’elle en sache ?… Elle était pas dans sa tête !… Mais enfin, sûrement oui, qu’elle allait le dire… C’était le genre de choses dont les filles adoraient parler entre elles… Qu’est-ce que j’avais eu besoin d’aller me me fourrer dans une situation pareille aussi !… Elle m’avait prévenu… Elle m’avait pas prévenu peut-être ?… - Si !… Eh bien alors !… 

 

 

En tout cas j’étais vacciné… Une chose était claire : je ne serais jamais physiquement en mesure de donner du plaisir à une femme… Inutile de me bercer d’illusions… Et de m’exposer dorénavant, les mêmes causes produisant les mêmes effets, à de cinglantes et inutiles humiliations… Non… C’était fini… Et bien fini… Je pouvais, de toute façon, avoir toutes les femmes que je voulais… Il me suffisait de les convoquer, en imagination, et elles étaient à moi… Je le faisais… Inlassablement… J’en choisissais une, je lui caressais amoureusement le visage, je dessinais voluptueusement ses courbes, je l’affolais de désir et je la prenais… Elle hurlait son plaisir… Je passais à une autre… Une autre encore… J’étais un irrésistible Dom Juan… Cela suffisait à mon bonheur… Presque… Je le croyais… Je le voulais…

Par François - Publié dans : Mémoires d'une toute petite queue
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