2034

Jeudi 16 octobre 4 16 /10 /Oct 05:22

Mercredi 14 Juin 2034

 

Et elle, Valentine, elle en pensait quoi ?… - Que tu traverses une période qui n’est pas vraiment facile… Tu changes… Tu découvres… Tu explores… Elles, elles appartiennent maintenant pour toi à un passé que tu as tendance à considérer comme révolu… Dans lequel tu as le sentiment – probablement faux – qu’elles te retiennent et qu’elles t’engluent… Alors, sans en avoir forcément vraiment conscience, tu les tiens à distance… Tu les gommes… C’est compréhensible qu’elles le prennent mal… Surtout qu’elles aussi vivent des choses importantes… Dont tu ne leur as même pas donné l’occasion de te parler… Dont tu ne t’es même pas rendu compte… - C’est quoi ?… - Ce serait plutôt à elles de te le dire, non, tu crois pas ?…

 

 

 

 

21 heures

 

Elles l’ont dit. On a eu une longue conversation à cœur ouvert tout à l’heure toutes les quatre. On a vidé l’abcès. Et elles l’ont dit : elles ont quitté leurs copines. Elles sont en couple maintenant toutes les deux… Ca fait presque un mois et je ne me suis aperçue de rien !… Absolument rien. J’en suis profondément mortifiée… Comment ai-je pu être aussi absente ? Indifférente à tout ce qui n’était pas ce que je vivais, moi ? J’ai éclaté en sanglots… On est tombées dans les bras les unes des autres… Réconciliées. J’ai promis que tout maintenant se passerait autrement. Redeviendrait comme avant…

 

 

 

 

Jeudi 15 juin 2034

 

Le virus aurait passé la barrière d’espèce. Non. Le virus « A » passé la barrière d’espèce. Ce qui veut dire concrètement que les animaux – en l’occurrence pour le moment les mammifères – sont à leur tour touchés. Et uniquement les mâles. Comme de bien entendu. Il va nous rester quoi à bouffer ? Déjà qu’on n’a pratiquement plus ni fruits ni légumes… Enfin, si ! Je suis de mauvaise foi : il nous reste les algues et les champignons. On essaie de prendre ça à l’humour, mais il faut bien avouer qu’on n’a pas trop le cœur à rire même si, comme à son habitude, Valentine fait tout ce qu’elle peut pour dédramatiser la situation... Pour nous rassurer… - Ce n’est pas catastrophique… Il y a des solutions… Du même ordre que celles qu’on a mises en place pour nous, les humains… Zanella a soupiré… - Oui, maman, oui… Mais c’est tout ce qu’on a connu, tout ce qu’on connaît qui disparaît… On est trop jeunes pour que tout nous devienne aussi vite étranger …

 

A onze heures on était encore à table, silencieuses, incapables de se lever, de se quitter… On avait viscéralement besoin de présence… Besoin les unes des autres… C’est Christopher, en klaxonnant à l’ordi, qui nous a secouées… - Tu sais que vous allez avoir de la visite ?… - Mieux que ça même : de nouveaux compagnons de jeu… Des chiens… Des chats… Des rats… Des lions… Des éléphants… - C’est quoi cette histoire ?… - T’es pas au courant ?… Maintenant le virus s’en prend aussi aux animaux… Aux mâles… - Oui, ben ça je sais… - Eh bien alors !… Il va falloir les mettre à l’abri… Avec vous… Comme vous… Faudra que vous soyez très gentils avec eux… - Et que vous les branliez… Pour qu’on puisse féconder les femelles dehors… Sinon plus rien à bouffer… Pour personne… - Oh, vous allez avoir du boulot… Fini de se la couler douce…- Surtout que vous avez pas intérêt à vous louper… Parce que t’imagines le taureau qu’a pas déchargé depuis deux jours ?… Vaudrait mieux éviter de te pencher en avant… Parce que lui il te loupera pas… Il cherchera pas à comprendre… Et même si tu te penches pas… - T’es pas près de pouvoir t’asseoir… - Et les lions ?… Paraît qu’ils mordent quand ils jouissent… - Hou la la !… On voudrait pas être à ta place, hein !…

 

On s’est défoulées. Ca nous a fait du bien. Même si au fond de nous-mêmes…

Par Fabien - Publié dans : 2034
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Dimanche 12 octobre 7 12 /10 /Oct 21:39

Lundi 12 Juin 2034

 

Samedi matin on a pris la route au petit jour. Il pleuvait. Il a plu tout le long du trajet… - C’est compromis la plage… - Ca fait rien… Vous resterez dans la chambre… - Et toi sur le balcon ?… Tu vas attraper la mort… Elle était si impatiente de nous voir ensemble qu’à peine la porte de l’hôtel franchie j’ai appelé Sérane… - Ca y est… Je suis là… Tu viens ? - Je suis pas levée… Pas habillée… Rien… Rejoins-moi chez moi, toi, plutôt… - Mais… et ta copine ?… - Melline ?… Elle est pas là… Et puis Melline… Viens… Je t’attends… Et elle a raccroché… - Qu’est-ce que je fais ?… - Ben vas-y !… Qu’est-ce que tu veux faire d’autre ?… - Mais… et toi ?… - Ramène-la !… Ramène-la ici dès que tu peux…

 

Je me suis glissée dans le lit, pelotonnée contre elle… - Tu es toute froide… Elle a glissé ses jambes entre les miennes, m’a caressé les fesses. Une porte a claqué. J’ai sursauté… - Qu’est-ce que c’est ?… - T’occupe… Embrasse-moi… - C’est Melline ?… - Oui, mais t’occupe, j’te dis !… Elle viendra pas ici… - Ca me gêne… Je préfèrerais qu’on retourne là-bas, à l’hôtel… - Non… Je veux qu’elle t’entende jouir… J’ai mes raisons…

 

Quand on s’est levées il était midi. Melline était assise à la table de la cuisine et pleurait… - Et dis quelque chose pour voir !… Essaie de dire quelque chose… - J’ai rien dit… Je dis rien… - Oui, ben ça t’as plutôt intérêt… Prépare-nous à manger, tiens, plutôt… Nous, on va faire un tour en attendant…

 

La pluie avait cessé. On a erré de ci de là enlacées. On est descendues jusqu’au port… - Et si on mangeait là ?… Un tout petit restaurant bleu encastré entre deux immeubles… - Je connais… On y mange vachement bien… - Et Melline ?… Elle aura préparé pour rien… - On s’en fout de Melline… Allez, viens !…

 

On a pris place tout au fond… - Tu la ménages pas, hein ?!… - Je vois pas pourquoi je la ménagerais… Faut croire que ça lui convient puisqu’elle se laisse faire… Et ça va peut-être te surprendre, mais je suis bien certaine qu’elle y trouve beaucoup plus son compte que moi… Et de loin… - Ca te fait pas peur ?… - Non… Pourquoi ça me ferait peur ?… - Je sais pas… Peur que ça dérape… Que ça aille trop loin… On fait des choses qu’on voudrait pas des fois… Qu’on regrette après… Et je lui ai raconté la fille giflée dans les toilettes de la fac… Elle m’a pris la main par dessus la table… - On est de la même race toutes les deux… Mais ça j’en étais sûre…

 

Elle a voulu que je fasse la connaissance de ses amies… - Je leur ai déjà tellement parlé de toi… Et on a navigué de café en café… Ses yeux pétillaient du bonheur de se montrer avec moi. Elle se blotissait dans mon cou… - Comment elles te regardent !… Comment elles m’envient !… On se quitte pas, hein !… On reste ensemble… Toute la soirée… On va en boîte… On s’éclate… Je veux que tout le monde voie que je suis avec toi…

 

Il fallait quand même que je repasse à l’hôtel… - Pour quoi faire ?… - Pour me changer… Me faire belle… - Mais tu te dépêches alors, hein !… Promis ?… Valentine lisait, allongée sur son lit. Elle m’a souri… - Ca se passe bien ?… - Il y a pas moyen de la ramener ici… Il y a pas moyen… Je peux bien m’y prendre comme je veux elle… - Mais tu n’as pas à te justifier… Vous êtes entre jeunes… Profites-en… Amusez-vous… J’ai tout le reste de la semaine, moi, pour être avec toi… - Tu es adorable… Et je l’ai embrassée…

 

On a dansé toute la nuit, étourdies de musique et d’alcool. On ne s’est couchées, épuisées, qu’au petit matin… Quand je suis partie, vers quatre heures, elle dormait encore. Melline, affalée devant la télé, m’a jeté, sans un mot, un regard de haine farouche.

 

Dans la voiture, au retour, Valentine a voulu savoir… - Elle devient importante pour toi ?… - Oui… Non… Je sais pas… Elle est beaucoup trop excessive… Et en même temps c’est ce qui m’attire… me fascine… Mais c’est le genre de fille dont je crois qu’il faut se faire une amie plutôt… Parce qu’autrement, à un moment ou à un autre, ça t’entraîne dans des complications à n’en plus finir…

 

 

 

 

Mardi 13 Juin 2034

 

Monelle est venue me trouver tout à l’heure dans ma chambre. Pour me parler… - Et je vais te dire les choses franchement… Ca ne va plus… Plus du tout… Tu es dans ton monde… Dans ta bulle avec Valentine… Je critique pas… Vous êtes heureuses… C’est tant mieux pour vous… Mais nous on existe, Zanella et moi… On vit au quotidien avec vous… Et tu nous ignores… Complètement… Valentine, elle au moins, elle fait des efforts… Elle nous parle… Elle passe du temps avec nous… Pas toi… Tu desserres à peine les dents et tu cours, à peine rentrée, t’enfermer dans ta chambre... Dont tu ne sors que pour avaler ton repas à toute allure… Tu sais quoi de ce qu’on est en train de vivre, nous ?… Rien… Et tu t’en moques éperdument… Ca ne t’intéresse pas… Alors tu sais quoi ?… Eh bien Zanella et moi on envisage très sérieusement de partir… D’aller nous installer ailleurs… Parce que si c’est pour vivre sous le même toit sans jamais rien échanger, sans jamais rien partager, ça ne nous intéresse pas… 

Par Fabien - Publié dans : 2034
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Jeudi 9 octobre 4 09 /10 /Oct 07:20

Lundi 5 Juin 2034

 

Je plais, c’est une évidence. Ca m’étonne encore, mais de moins en moins. Je plais aux femmes. Et je leur plais tout simplement parce que j’ai envie de leur plaire. Je le fais avec une volupté intense. Je m’offre délibérément aux regards. Je les capture. Je les captive. Je feins de les ignorer. Ils ne s’en font que plus haletants. On m’enrobe de désir. On m’enveloppe dans ses replis. J’en fonds de plaisir. On me tourne autour. On me courtise. On tente sa chance… Ca enchante Valentine à qui je rends un compte scrupuleux des admirations que je suscite, qui m’écoute sans jamais se lasser, qui me harcèle de questions… On y passe des heures… De temps à autre je m’interromps brusquement… - Ca fait quand même la fille vachement prétentieuse finalement tout ça, non ?… Elle sourit. Elle m’embrasse… - Quand on est belle comme tu l’es, quand on a le charme que tu as, on n’est pas prétentieuse. On ne peut pas être prétentieuse. Seulement lucide.

 

 

 

 

Mardi 6 juin 2034

 

On refusait de le voir. D’y croire. Ca allait revenir. C’était une mauvaise passe. Les conséquences du mauvais temps. Des difficultés d’approvisionnement passagères. Mais il faut bien se rendre enfin à l’évidence : il n’y a pratiquement plus de fruits et légumes. Ceux qu’on parvient à trouver sont hors de prix et ne ressemblent que de très loin à ce qu’on avait l’habitude de consommer. Si ça va s’arranger ? Vraisemblablement non. Parce que d’après les informations qu’on nous dispense avec mille précautions les abeilles auraient quasiment disparu de la surface de la terre. Et sans abeilles pas de pollinisation. On nous assure qu’on travaille à la mise en place de solutions de substitution, que d’ici quelques semaines tout devrait être rentré dans l’ordre. Evidemment !… Elles ne vont pas dire le contraire… Mais ce sera quoi demain ?… Le pain ?… La viande ?… Le fromage ?… Ben oui !… Inutile de se bercer d’illusions. Tout. Peu à peu tout va y passer. On va être privées de tout. Et on ne réagit pas. On est toutes comme anesthésiées. Réagir ? Mais comment ? Contre qui ? Pour faire quoi ? Ca nous dépasse complètement tout ça. Ca dépasse tout le monde. Et d’abord et avant tout nos gouvernantes. Alors à part faire le gros dos. Et vivre. Au jour le jour. VIVRE. Le plus possible. Parce que ce qui nous attend…

 

 

 

 

Jeudi 8 Juin 2034

 

J’étais seule, en train de me refaire une beauté, dans les toilettes de la fac. Une fille est entrée. Que je ne connaissais pas ou à qui, du moins, je n’avais jamais prêté la moindre attention. Sans doute une première année. Elle s’est postée derrière moi et elle m’a regardée dans la glace. Fixée. Avec une admiration béate. Subjuguée. En adoration. J’ai fait durer, interminablement durer et puis je me suis retournée. Elle n’a pas bougé. Elle a soutenu mon regard. Ses lèvres tremblaient. Je n’ai pas su que j’allais le faire. Jusqu’au dernier moment je ne l’ai pas su. C’est parti tout seul : une gifle. Une gifle à toute volée qui lui a jeté la tête de côté et imprimé la marque de mes doigts sur la joue. Et je l’ai plantée là sans un mot.

 

Pourquoi ? Pourquoi j’ai fait ça ? Je n’en ai pas la moindre idée. Je ne savais seulement pas que j’en étais capable. Surtout comme ça sans raison. Parce que qu’est-ce que j’avais à lui reprocher à la fille ? Rien. Absolument rien. Au contraire. Elle bavait d’admiration devant moi. C’était plutôt flatteur. Et je l’ai remerciée d’une grande beigne. Elle doit encore être en train de se demander ce qu’elle a bien pu faire pour mériter ça. Moi aussi. Juste après, pendant le cours de sémantique, j’étais assise à côté d’Iliona. Et je lui ai tout raconté… - A  ton avis qu’est-ce qui m’a pris ?… Elle a réfléchi un long moment… - Peut-être que tu lui reprochais de pas être un homme ?… Que c’est par un homme que tu aurais voulu être admirée comme ça… Tu l’as punie de pas en être un… Ca, ce sont ses explications à elle. Pour Iliona tout continue à passer inexorablement par les hommes. Non. Elle est bien pire que ça la vérité : c’est que cette fille elle a une tête à claques.

 

 

 

 

22 heures

 

Ce soir Monelle avait ramené des fraises… - Hein ?!… Mais t’as pu trouver ça où ?… - C’est mon secret… - T’as dû les payer la peau du cul… Il y en a nulle part… Elles étaient plus sucrées que celles dont j’avais conservé le souvenir. Avec un arrière-goût de réglisse qui surprenait un peu… - Alors, elles sont bonnes ?… Elles étaient bonnes, oui… Et puis ça faisait tellement plaisir d’en manger depuis le temps… Elle a ri… - Vous vous êtes bien fait avoir… Comme moi d’ailleurs la première fois… Ce sont pas des fraises… Ce sont des imitations puisque des vraies il y en aura plus maintenant… C’est drôlement bien réussi, hein ?!… Ils vont aussi faire des cerises, des pêches, enfin tout, quoi !… J’ai couru me réfugier en larmes dans ma chambre. Je venais brusquement de réaliser. Plus jamais un vrai fruit. Plus jamais. Tant de « plus jamais » depuis quelques mois.

 

Par Fabien - Publié dans : 2034
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Dimanche 5 octobre 7 05 /10 /Oct 20:31

Jeudi 1er juin 2034

 

C’est Iliona qui m’a annoncé la nouvelle ce matin sur le campus: Xadine – qui n’était pas en cours – et Manon ont perdu leurs bébés. Toutes les deux. Pratiquement en même temps. Et, apparemment, elles ne sont pas les seules dans leur cas. Ce qui soulève un certain nombre de questions parce que, bizarrement, toutes celles – mais ça demande quand même confirmation – chez qui surviennent ces avortements spontanés attendaient des garçons. Serait-ce encore LE virus qui s’attaquerait désormais aux fœtus et aux seuls fœtus mâles ? Sachant que la contamination ne peut se faire que par l’intermédiaire des excréments d’insectes c’est assez peu vraisemblable. A moins qu’il soit en train de muter. Ou qu’il s’agisse d’un autre virus dont on ne sait encore strictement rien et qui n’a seulement pas été détecté. Les conversations vont bon train. On a pratiquement séché tous les cours de la matinée. Dans les cafés autour de la fac chacune y va de sa petite hypothèse et il se murmure avec de plus en plus d’insistance qu’on aurait pris la décision, en haut lieu, de limiter, autant que faire se peut, le nombre des naissances masculines tant la famine qui s’annonce devrait être ravageuse. Pour éviter les interminables polémiques et ne pas risquer une gigantesque levée de boucliers – qui ferait perdre un temps considérable – on aurait choisi d’agir le plus discrètement possible : on mettrait à profit les visites prénatales pour procéder, sous une forme ou sous une autre, à des interruptions de grossesse ciblées qu’on ferait passer pour de fâcheux incidents de parcours. L’objectif serait de ne plus laisser subsister, à terme, que trois ou quatre centres qui constitueraient de véritables réservoirs à sperme suffisants pour assurer le renouvellement de générations exclusivement féminines. Aux très rares exceptions indispensables près…

 

En attendant je me sens terriblement coupable d’avoir négligé Xadine et Manon comme je l’ai fait ces derniers temps. Quand j’étais mal, quand je sombrais, je n’avais pas le moindre scrupule à les solliciter tant et plus. Mais, dès que je n’ai plus eu besoin d’elles, je les ai superbement ignorées. Je suis d’autant plus inexcusable que, même si nous n’avons ni les mêmes horaires ni exactemement les mêmes cours, je pourrais, si je le voulais, consacrer au moins quelques minutes à Xadine de temps à autre. Elle doit avoir l’impression que je la fuis. Et se demander ce qu’elle a bien pu me faire, la pauvre !… Il faudrait – IL FAUT absolument – que je passe là-bas ce week end. D’autant que j’imagine qu’elles doivent être dans un état lamentable…

 

- On n’ira pas à la mer alors du coup?!… - On peut pas y aller toutes les semaines non plus… Valentine n’a pas insisté. Elle a fait contre mauvaise fortune bon cœur. Mais elle est profondément déçue…

 

 

 

 

22 heures 30

 

Comment ça s’explique toutes ces fausses couches ? Christopher n’en a pas la moindre idée… - J’en sais pas plus que vous… Mais sur le fond je trouve que c’est plutôt une bonne chose… - Une bonne chose !… - Ben oui, attends !… Parce que si c’est pour mener la même vie que celle que nous, les mecs, on mène ici depuis des mois vaut mieux qu’ils restent là où ils sont les pauvres gamins… Si on ne parvient pas à éradiquer le virus – ce dont je suis de plus en plus persuadé – on va leur offrir quoi comme perspectives d’avenir ?… Des années et des années à essayer d’imaginer, derrière des baies vitrées, ce que c’est que le soleil sur la peau, le vent dans les cheveux, les pieds dans une rivière ?… Ils feront quoi de leurs journées ?… Rien. Quand ils auront grandi, si… On les occupera à remplir les petites éprouvettes… Ils se branleront encore, encore et encore… Jusqu’à l’écoeurement… Sans avoir seulement jamais touché une chatte… Sans en avoir seulement jamais vu une « en vrai »… Sans jamais avoir été dedans… Est-ce que ça leur manquera ?… Sans doute pas : on ne regrette que ce qu’on a connu… Nous ça nous manque… Moi ça me manque… Tu peux pas savoir ce que je donnerais certains soirs pour serrer une femme contre moi, pour enfouir ma tête entre ses cuisses, pour la voir chavirer de bonheur dans mes bras. Eh bien non…  Non… On n’y a pas droit… Pour y avoir droit fallait être en couple avant… La seule chose qu’on nous demande à nous maintenant c’est de nous amuser à longueur de journée avec ce qu’on a entre les jambes pour produire suffisamment de la précieuse semence. Si tu savais ce qu’on ressent quand même ça c’est devenu une corvée !…

 

 

 

 

Dimanche 4 juin 2034

 

J’ai passé la journée d’hier avec Xadine et Manon. J’aurais bien mieux fait de partir retrouver Serane à la mer avec Valentine. Parce qu’elles n’avaient absolument pas besoin de moi. Elles affichent toujours ce même air de contentement béat. Comme s’il fallait absolument qu’elles proclament haut et fort que, quoi qu’il arrive, quoi qui se passe, rien jamais ne peut les atteindre. Et qu’elles n’ont besoin de personne. Qu’un ineffable et permanent tête à tête avec elles-mêmes suffit à leur bonheur. Je le saurai. Et je ne suis pas près de remettre les pieds là-bas…

Par Fabien - Publié dans : 2034
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Jeudi 2 octobre 4 02 /10 /Oct 07:39

Lundi 29 Mai 2034

 

En fin d’après-midi, samedi, elle a absolument tenu à m’emmener chez elle… - Que tu voies où j’habite au moins… Et que je prenne des affaires… Qu’elle a fourrées pêle-mêle dans un grand sac… Une fille a surgi… - Qu’est-ce que tu fais ?… Tu te casses ?… - Juste pour la nuit… - Fais attention, Sérane !… Fais attention à ce que tu fais… Parce que c’est moi qui pourrais bien finir par partir à force que tu tires trop sur la corde… Et pour de bon… Elle a éclaté de rire… - Toi ?!… Tu feras trois fois le tour du pâté de maisons et tu reviendras me manger docilement dans la main… Comme d’habitude… Allez, à demain…

 

Juste le temps de se passer un coup de peigne dans la chambre et on est descendues dîner. Valentine est venue – presque aussitôt – occuper la table à côté de la nôtre… Elle nous a lancé un souriant bonsoir et nous a ensuite, en apparence, complètement ignorées… - Bon, ben voilà… T’as fait la connaissance de Melline tout à l’heure… - Elle avait l’air de mal le prendre nous deux… - T’occupe… Ca n’a pas d’importance… - Je voudrais pas qu’elle te plaque à cause de moi… - Ce serait pas une grosse perte… Mais de toute façon elle le fera pas… Elle a pas l’étoffe pour… Je peux bien faire tout ce que je veux… Coucher avec qui je veux… La pousser à bout – et je m’en prive pas – elle reste… Ou, si elle part, ça dure vingt-quatre heures et elle revient me supplier à genoux de la reprendre… Je sais pas pourquoi j’accepte d’ailleurs… Enfin si !… Quelqu’un comme elle qui n’a pas la moindre personnalité, pas la moindre consistance dans un sens ça a quelque chose de profondément jouissif d’en faire tout ce que tu veux. Absolument tout. Même si, dans un autre, c’est mortellement ennuyeux… Bon, mais on va pas passer la soirée à parler d’elle… Je me la coltine assez comme ça… Dis-moi des trucs sur toi plutôt… Sur tes mecs, tiens !… Ben prends pas cet air effaré… T’en as bien eu avant tout ça, non ?… Et alors ?… Ca se passait comment ?… Tu regrettes ?… - Oui et non… - Mais si, tu regrettes, c’est obligé… Tout le monde regrette… Celles qui prétendent le contraire encore plus que les autres… Parce qu’on peut dire ce qu’on veut les nanas c’est bien, c’est super même souvent, mais ça remplace pas… J’en crève, moi, certains soirs de pas en avoir un de mec, un qui ait une queue, un qui me prenne contre lui et qui me baise toute la nuit… Et me dis pas que ça t’arrive pas d’en avoir envie aussi… Que ça t’est jamais arrivé… Parce que je te croirai pas… Et, tiens, tu veux que je te dise ?… Tu sais pourquoi je me montre aussi odieuse avec Melline souvent ?… Parce que je voudrais que ce soit un mec à sa place… Parce qu’elle en est pas un…

 

De retour dans la chambre j’ai trouvé un prétexte bidon – j’ai prétendu que j’avais oublié les clefs de chez moi en bas sur la table – pour passer faire un petit coucou à Valentine à côté. Je me suis jetée dans ses bras. On s’est fougueusement embrassées et je suis repartie, heureuse de ce que j’allais lui offrir. Que je lui ai passionnément offert.

 

Dans la nuit j’ai rêvé. J’ai rêvé que tout était redevenu comme avant. Il y avait des hommes. Partout. Encore plus qu’avant. Et j’en avais un avec moi dans mon lit. Qui allait et venait en moi. Tournée sur le côté, béante, je l’accueillais avec reconnaissance. Il y avait si longtemps !… Une première ondée de plaisir m’a réveillée… Mais… Mais c’était vrai !… Il y avait vraiment une queue qui m’avait investie, qui me besognait avec conviction. Et quelqu’un au bout. Un ventre contre mon dos. Une main dans mes cheveux. Je n’ai pas cherché à comprendre. J’ai pris ce qu’on me donnait. Tout au fond de moi quelque chose savait que ce n’était pas un homme. Que ça ne pouvait pas être un homme. Dans mon demi-sommeil, dans l’obscurité, j’ai fait semblant de croire que si. C’était si bon… J’ai joui. Deux fois. Trois fois. Je ne sais plus. Ca m’a quittée… C’est resté tout dur, tout gluant contre mes reins… Ca s’est détaché… Je me suis mise sur le dos. A côté, dans la pénombre, Sérane l’a porté voluptueusement à sa bouche… - Il est tout plein de toi… Elle l’a enfoui en elle. Je suis venue me poser sur ses seins.

 

Au petit matin elle s’est penchée sur moi, m’a déposé un rapide baiser sur les lèvres… - Faut que j’y aille… Je travaille… Tu reviendras ?… J’ai fait signe que oui… Je me suis levée, je l’ai regardée s’éloigner en bas par la fenêtre et je me suis précipitée pour rejoindre Valentine à côté… Je me suis blottie contre elle… - Tu as aimé ?… Elle ne m’a pas répondu. Elle m’a serrée très fort contre elle.

 

 

 

 

Mardi 30 Mai 2034

 

On n’est pas rentrées tout de suite. On a pris notre journée toutes les deux. Pour une longue promenade, main dans la main, en bord de mer. Un déjeuner en tête à tête sur le port. Une longue errance, de magasin en magasin, à travers les petites rues derrière. On n’en a pas reparlé. Pas une seule fois. Mais il y avait quelque chose d’autre entre nous. Quelque chose de plus. Quelque chose de fort et d’infiniment rassurant. Quelque chose dont j’ai la certitude absolue que ça nous lie indissolublement à tout jamais. Parce que ce qui a eu lieu a eu lieu. Comme ça a eu lieu. Et aura encore lieu. C’est un bonheur que je lui offrirai – et que je m’offrirai – chaque fois que je le pourrai…

 

Au retour je me suis précipité sur l’ordi. Christopher était bien là. En pleine conversation, mais il était là. Ouf !

 

 

 

 

Par Fabien - Publié dans : 2034
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