Samedi 2 décembre 6 02 /12 /Déc 18:52

A P  E R C U S

 

 

 

- Qu’est-ce tu fais là, toi ?… C’était Silène… - Ben et toi ?… -  J’habite la résidence juste derrière… - Et moi sur la butte là-haut… On a éclaté de rire… Alors là c’était la meilleure !… Quatre ans qu’on était collègues, dans la même boîte, et on ne savait même pas qu’on était voisins… - A peine cinq cents mètres, tu te rends compte !… Du coup on a décidé de rouler ensemble… A tour de rôle…  Parce que la route tout seul!… - Et ça finit par revenir cher à force !…

 

 

Elle passait me chercher… Je passais la chercher… On profitait des cinquante kilomètres de trajet pour faire vraiment connaissance… Parce qu’il fallait bien reconnaître que dans le cadre du boulot ça ne s’y était pas, jusque là, vraiment prêté… Elle était restée mariée six ans, vivait seule depuis dix mois et n’envisageait pas le moins du monde de refaire sa vie… Elle tenait beaucoup trop à sa liberté fraîchement reconquise… - Pour en faire quoi ?… - Plein de choses… - Mais encore ?… Il n’y avait pas moyen d’en savoir plus… 

 

 

- T’es pressé ?… - Non… Pourquoi ?… On passait, ce soir-là, sur la route du retour, à proximité d’un centre commercial… - J’ai du monde ce soir et j’ai plus d’apéro… - Ca tombe bien… Moi aussi j’aurais deux ou trois bricoles à acheter… Au rayon alcools elle s’est accroupie, genoux serrés dans sa petite robe rouge, pour examiner ce qui était exposé tout en bas…  - C’est là qu’ils mettent ce qu’il y a de moins cher… Pas fous !… Elle s’est emparée d’une bouteille de whisky… Elle a mal assuré sa prise… La bouteille lui a échappé… Elle a voulu la rattraper en catastrophe… Son équilibre s’en est trouvé un instant sérieusement compromis… Pour le rétablir elle a, d’instinct, en un réflexe spontané, ouvert les jambes au large… Et j’ai vu… - brièvement, trop brièvement - mais j’ai vu… la délicieuse encoche ciselée à nu…

 

 

On a regagné la voiture… - Faut bien reconnaître qu’on touche des salaires de misère, hein !… Elle m’a coulé de côté un long regard interrogateur…  - Ben oui !… Même pas de quoi se payer une culotte… - Oh, c’est vraiment le truc idiot… Tu vas rire… J’en avais pas sous la main quand je me suis habillée… Fallait que je remonte là-haut… Je me suis dit que j’irais après… Mais j’étais complètement à la bourre ce matin… J’ai couru à droite… J’ai couru à gauche… Je voulais pas te faire attendre… Et… pour finir j’ai complètement oublié… - Et t’as pas pensé à profiter de la pause de midi pour courir en acheter une ?… Faut croire que ça te manquait pas beaucoup… Que c’était pas si désagréable que ça finalement… Elle n’a pas répondu… Elle a fixé la route droit devant elle… - Non, c’est bien imaginé ton histoire, mais ça tient pas debout une seule seconde… Un petit rire un peu gêné…  - Oui… Bon… Je suis grillée, quoi !… - Mais t’inquiète pas !… Ca restera entre nous…

 

 

Le lendemain, à peine étions-nous montés dans la voiture que j’ai voulu savoir… - T’en as une aujourd’hui ?… - A ton avis ?… - Oui… Non… J’en sais rien, moi !… Elle a haussé les épaules… - Qu’est-ce que ça peut te faire n’importe comment !… - Quel pied on doit prendre quand même à se balader comme ça, sans rien en dessous, pendant des journées entières !… Non ?… - Si !… Tu te sens libre… Sans contraintes… - Et se dire en plus que personne ne sait rien, ne se doute de rien quel sentiment fabuleux ça doit être!… J’imagine quand Magnier te convoque dans son bureau ou que tu restes penchée des heures et des heures sur les maquettes avec les types de la section B… Ah, je vais regarder tout ça d’un autre œil, moi, maintenant, là-bas!… Sauf que j’arrêterai pas de me demander douloureusement si t’en as une ou pas… Tu veux pas me dire ?… Vraiment ?…   - J’en ai jamais quand je suis en robe ou en jupe… Toujours quand je suis en pantalon… - Merci…

 

 

Elle n’éprouvait pas de véritable réticence à en parler… Et je m’étais allègrement engouffré dans la brèche… - C’est la première fois ?… - La première fois que quoi ?… - Que tu te fais prendre sur le fait ?… - Par quelqu’un que je connais, oui !… - Un jour ou l’autre ça devait arriver… Tu savais qu’un jour ou l’autre ça arriverait… Forcément … Comment ça doit contribuer à l’excitation… Comment ça doit faire monter l’adrénaline… Se dire qu’à tout moment n’importe quoi peut se produire… Sans qu’on puisse prévoir où… Ni dans quelles conditions… Avec quelles conséquences… Ce qu’on doit le redouter !… Tout en en ayant, en même temps, terriblement envie… Non ?… - Comment tu sais ça, toi ?… - Tu te rends compte si ça t’arrivait au boulot ?… Ta robe qui s’accroche quelque part… Ton siège qui se renverse… Ou autre chose… Ne me dis pas que tu n’y as pas pensé… Que tu ne l’as pas mille et mille fois délicieusement appréhendé… - Oui, ben alors là, au boulot, ça me ferait pas rire du tout… - N’empêche que tu en prendre quand même le risque…

 

 

- Et des inconnus ?… Il y en a qui se sont déjà rendu compte ?… - Tu fais moins attention avec des inconnus… - Ce qui veut dire que tu t’arranges pour qu’ils s’en aperçoivent tout en ayant l’air de ne pas le faire exprès… Elle a ri… De bon cœur… - C’est à peu près ça… Mais faut quand même pas exagérer.. C’est pas systématique… - Et ils réagissent comment ?… - Ca dépend… Il y en a qui font semblant de rien… Il y en a qui écarquillent de grands yeux stupéfaits… Mais la plupart tu sais pas… Tu peux quand même pas aller les regarder sous le nez pour voir quel effet tu leur fais… - Tu sais ce qu’il te faudrait ?… C’est un espion… Un espion attentif et discret qui surveillerait les réactions des uns et des autres et te ferait, après, un rapport circonstancié… Et c’est un rôle qui me conviendrait parfaitement, non, tu crois pas ?…

 

 

Elle a traversé le parking du centre commercial jusqu’à la voiture, en poussant tranquillement son chariot… Elle a ouvert le coffre, s’est penchée pour y ranger les courses… La jupe est remontée haut, découvrant les fesses… Un vieux monsieur, juste en face, les a goulûment fixées… Sa femme a suivi son regard et, la bouche arrondie en un « Oh » de muette réprobation, l’a furieusement tiré par la manche… Elle s’est penchée plus avant encore, jusqu’au fond du coffre, offrant une vue imprenable, insolente, sur ses replis secrets… Une camionnette a ralenti, klaxonné… A l’intérieur les trois ouvriers, en bleu de travail, étaient hilares… Un jeune homme qui courait, tête baissée, l’a brusquement relevée… Toutes ses provisions se sont éparpillées à ses pieds… Elle s’est lentement redressée, a claqué le coffre, contourné la voiture, s’est installée au volant… Je l’ai rejointe… - Alors ?!…

 

 

Pour son pot d’adieu – il partait enfin à la retraite – Mélisson avait fait les choses en grand… Buffet titanesque… Champagne à gogo… Toute la boîte était là… Le grand directeur était même tout spécialement revenu de Bratislava… Ce qui n’a pas empêché Barbier d’engloutir une quantité impressionnante de coupes de champagne… Et presque autant de verres de whisky… Il était persuadé qu’il avait de l’humour… Beaucoup d’humour… L’occasion ou jamais pour lui de briller de tous ses feux… Il était entouré d’une cour d’admiratrices qui gloussaient à chacun de ses bons mots… Avec de moins en moins de retenue… Un grand éclat de rire… Tous les regards ont convergé vers eux : il en avait capturé une qu’il promenait sur ses deux bras tendus tout autour de la salle… A côté de moi Silène a murmuré… - Quel crétin ce Barbier!… La même chose avec une autre qui a battu tant et plus des jambes en poussant de grands cris… Il l’a reposée et il est venu vers nous… - Ben alors !… C’est quoi ces têtes d’enterrement ?… On sait pas s’amuser dans ce coin ?… Je vais vous arranger ça, moi !… Silène a senti le danger… Elle a voulu discrètement s’éclipser… C’est ce qui l’a perdue… Il l’a happée au passage… - Allez, hop !… Elle a voulu résister, s’est débattue… Il a insisté,  l’a soulevée, renversée… La robe est remontée haut, très haut… Tout le monde a vu…

Par François - Publié dans : regards.croises
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Commentaires

Belle histoire, la fin est triste et coupe le rêve en pleine montée, ou tout était possible...



Merci pour la ballade



commentaire n° :1 posté par : jose le: 02/12/2006 à 23h11

Tout est encore possible... Sans doute l'atmosphère au travail ne sera-t-elle plus désormais la même, mais renoncera-t-elle pour autant au plaisir de se promener sans culotte?... Bien des "aventures" peuvent encore survenir...

Bonne journée...

réponse de : François le: 04/12/2006 à 05h23

En général, lorsque je ne mets rien sous ma jupe, c'est que je n'ai pas de rendez-vous, de trop long trajet à faire, j'ai toujours peur d'un accident et de la réaction des pompiers à cette vue !!!


Oui je sais c'est très con :-(


Mais qu'est ce tu veux quand t'as une idée de coincer dans le cerveau... pfffffff

commentaire n° :2 posté par : pousse mousse le: 03/12/2006 à 10h30

Difficile effectivement de se sortir ce genre d'appréhension de la tête... Mais dommage aussi de se priver de ce plaisir pour des appréhensions qui ont toutes les chances de rester uniquement des appréhensions...

Bonne journée...

Bises...

réponse de : François le: 04/12/2006 à 05h19
Mzrci pour ton com sur mon blog et vive les sans culottes... peut être est elle l initiatrice de la tenue demandée dorénavant aux employées... qui sait ???  allez @ bientôt sam
commentaire n° :3 posté par : sam le: 04/12/2006 à 07h52

Ce qui mettrait une certaine ambiance sur les lieux de travail... Et la rentabilité alors?

A bientôt, Sam... Bonne soirée à toi...

réponse de : François le: 05/12/2006 à 18h39

une promotion s'impose!


biz


Arthi

commentaire n° :4 posté par : arthémisia le: 04/12/2006 à 11h05

Il faudrait sérieusement y songer!...

Bises à toi, Arthi...

réponse de : François le: 05/12/2006 à 18h39
Quel serait le sel de la transgrétion sans la punition ??

Paco
commentaire n° :5 posté par : Paco le: 04/12/2006 à 11h47

Qui n'était malgré tout pas inéluctable... Le hasard - ou la malchance - l'a desservie...

Bonne soirée, Paco... Bises à Ninou...

réponse de : François le: 05/12/2006 à 18h41
j'ai beaucoup aimé cette petite confidence polissonne sur l'absence de petite culotte... C'est bien écrit, très sensuel... Et cela m'a rappelé des expériences vécues, sexy et parfois embarrassantes... Continuez, c'est super, même si je ne laisse pas toujours un message...
commentaire n° :6 posté par : lindasm le: 05/12/2006 à 10h07

Je peux me faire le même reproche... Je passe chez vous, je lis, je me promets de revenir poster un com... et puis le temps passe et... ce n'est pas pour autant que je n'apprécie pas...

Bises à toutes les deux...

réponse de : François le: 05/12/2006 à 18h54

Jolie ballade que celle-là. D'abord j'ai éclaté de rire en imaginant le jeune homme avec ses courses à ramasser ... Ensuite, l'émotion quand au bureau tout le monde a su ...
Jamais je n'oserai pour aller au boulot ...Ailleurs ma foi, si la route n'est pas trop longue, cela m'arrive ... 
Bises


commentaire n° :7 posté par : Chris le: 05/12/2006 à 19h21

Tu m'indiqueras quelle route tu prends... LOL...

je suppose qu'être sans culotte au boulot lui valait de formidables poussées d'adrénaline... Mais est arrivé ce qui est arrivé... Ce qui devait arriver?...

A bientôt, Chris...

réponse de : François le: 06/12/2006 à 07h14

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