Lundi 16 avril 1 16 /04 /Avr 06:19

S U R     L E     P A R K I N G  ( 4 )

 

 

 

9 Mai

 

 

 

Cher Vincent,

 

                         

 

Moi, j’avais 12 ans. Et j’étais alors une gamine pas bien dégourdie qu’un rien effarouchait... C’était l’été, un été particulièrement chaud et cet été-là, un soir, vers minuit, dans l’un des appartements de l’immeuble d’en face, a éclaté une bruyante dispute toutes fenêtres ouvertes... Qui s’est éternisée... Que la femme ranimait, d’une voix aigue, chaque fois qu’elle semblait vouloir s’apaiser... L’homme suppliait: - Mais enfin, tu vas me laisser dormir à la fin?!... Je bosse à cinq heures, moi, demain!... - Qu’est-ce que tu veux que ça me foute?!... Il y en a que pour ta gueule n’importe comment!... Il y en a jamais eu que pour ta gueule!... Et ça recommençait... jusqu’au moment où... - Cette fois tu vas la fermer!... Je peux te dire que tu vas la fermer... Quelque chose est tombé¼ Elle a supplié d’une petite voix implorante: - Ah non, Seb, non, hein, pas ça!... Pas ça!... Il n’a pas répondu. Ils sont apparus tous les deux dans l’encadrement de la porte-fenêtre. Il la tirait par les pieds. Elle était complètement nue et essayait de s’accrocher à tout ce qu’elle pouvait sur son passage. Ca dégringolait au fur à mesure...Il l’a amenée comme ça jusque dehors sur le balcon, il est rentré, il a tout fermé et il a éteint... Elle s’est relevée aussi vite qu’elle a pu, a couru tambouriner des deux poings: - Seb, ouvre-moi, s’il te plaît, ouvre-moi!... Oh la la... mais c’est pas vrai!... Pas très fort, mais assez fort quand même pour qu’il entende tout en jetant des coups d’oeil derrière elle, vers les fenêtres, par dessus son épaule... Evidemment il y avait du monde partout à regarder, attiré par le vacarme. Juste au-dessus deux types rigolaient... Sur ma droite un vieux en chemise blanche, accoudé à son balcon, contemplait tranquillement le spectacle... Kevin aussi - on était copains et dans la même classe - à l’étage du dessous... Il faisait nuit, mais à la lueur des lampadaires de la rue, on distinguait absolument tout... J’étais tétanisée... Comment faisait-elle pour ne pas mourir de honte, là, tout de suite, sur place?... C’aurait été moi!... Rien qu’à cette idée... Et je l’observais, fascinée et épouvantée... Elle avait fini par aller s’asseoir, de dos, sur un petit fauteuil en rotin dans le coin du balcon... De temps à autre elle se relevait et venait frapper sans conviction, à petits coups, à la porte-fenêtre, avant de retourner s’asseoir... C’est pendant l’une de ces tentatives infructueuses qu’une voiture a tourné en bas... Les phares ont projeté une lumière crue sur le balcon... Quelqu’un a constaté d’une voix forte: - On voit ton cul!... Elle a précipitamment battu en retraite, n’a plus bougé de son fauteuil... Ni moi de ma fenêtre où j’ai fini par m’endormir... Le lendemain, au réveil, elle n’était plus là...

 

                         

 

Longtemps il m’a été impossible de penser à autre chose qu’à ça, qu’à elle, qu’à cette nuit-là... Elle habitait toujours en face... Je pouvais l’apercevoir quelquefois. Cela me sidérait... Il me semblait que, moi, à sa place, si je n’étais pas morte d’humiliation, j’aurais couru... couru... couru... le plus loin possible... toujours... sans plus jamais m’arrêter ni me retourner... Moi, à sa place... J’essayais de m’y imaginer... C’était impossible... Trop bouleversant... Trop effrayant... Et pourtant si ça lui était arrivé à elle ça pouvait aussi m’arriver à moi un jour... Cette idée me terrorisait... Je fuyais Kevin, je rasais les murs, je m’isolais comme si ça devait forcément m’arriver, comme si c’était effectivement à moi que c’était arrivé cette nuit-là...

 

                         

 

Je suis partie quinze jours en colonie de vacances. Là-bas je racontais encore et encore, sous le sceau du secret, à qui voulait l’entendre la femme traînée toute nue sur le balcon et abandonnée là, sous les regards de tous, des heures entières... Les réactions des filles me confortaient toujours davantage dans mon opinion: c’était l’épouvante...

 

                         

 

J’étais à peine rentrée que Kevin a surgi, pour être sûr d’être le premier à m’annoncer la nouvelle: ça avait recommencé... - Hein?... Quoi donc?... - La femme en face... Comme l’autre fois... Pareil... Et il a raconté. Avec délectation. Avec jubilation... Ca avait d’abord gueulé... Pire que l’autre fois... Et si elle la fermait pas il allait la refoutre à poil sur le balcon pour pouvoir dormir qu’il disait le type... Oui, ben alors là qu’il essaie pour voir cet espèce de connard!... Et il l’avait fait. Sauf que cette fois elle avait continué à brailler un bon moment dehors en tapant de toutes ses forces pour qu’il ouvre... Et qu’il y avait des gens qui avaient râlé que c’était pas bientôt fini ce bordel?... Et que ce coup-là il y avait plus le fauteuil en rotin... Et bien plus de gens qui regardaient. Presque tout le monde... Et ça faisait des tas de commentaires... Et une voiture arrêtait pas de passer et repasser en bas pour la mettre dans la lumière des phares... Et maintenant tout le monde disait qu’elle le faisait exprès, que c’était pas possible autrement... - Exprès?!... Comment ça exprès?... Il m’a toisée avec un petit air supérieur… - Parce qu’elle aime ça, tiens!...

 

                         

 

Qu’elle aime ça, non, c’était complètement impossible... Mais tout de même ça me faisait me poser des tas de questions cette histoire... Pourquoi elle l’avait relancé quand il l’avait menacée?¼ Elle savait ce qui l’attendait¼ Moi, à sa place, j’aurais encore préféré m’écraser, même si j’avais été sûre d’avoir raison, plutôt que de devoir revivre ça... Qu’est-ce qui s’était passé dans sa tête?... Ca me donnait le vertige... J’y comprenais plus rien... J’y comprends toujours rien... C’est pour ça aujourd’hui les filles dans les cabines d’essayage... et tout le reste... Pour essayer d’entrevoir ce qui se passe en elles à ce moment-là...  Pour comprendre...  C’est pour ça aussi que ta Maeva du parking me fascine tant... Elle, elle sait… Elle doit savoir… Alors oui… Oui… Tu as raison… Vivement cet été… Je vais m’occuper d’elle et je te jure qu’elle va se déboutonner… On va s’occuper d’elle et tes attentes seront comblées - tu verras - bien au-delà de tes espérances…

 

 

 

A très bientôt… Bises… D E L P H I NE

 

 

 

Par François - Publié dans : petites annonces
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Commentaires

c'est vrai vivement cet été lol !!!
commentaire n° :1 posté par : sam (itineraire) le: 17/04/2007 à 23h04
Décidément... Il s'en passe des choses l'été!...
réponse de : François le: 19/04/2007 à 06h21
Ou Vivement l'été !!!
Que l'exhibitinisme puisse revivre...Même caché... J'ai asp de balcon moi lol
commentaire n° :2 posté par : Artemis le: 18/04/2007 à 13h43
Il arrive l'été!... Il arrive... Même sans balcon on peut se livrer à l'exhibitionnisme... Pour le plus grand plaisir des voyeurs... Lol... Bonne journée à toi... Bises...
réponse de : François le: 19/04/2007 à 06h20

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