Jeudi 2 août 4 02 /08 /Août 08:00

Je ne pensais qu’à elle… Laure… Je murmurais inlassablement son prénom… Laure… Laure… Laure… Elle me hantait… C’était la première vraie femme que j’avais vue nue… C’était la seule… Tout le temps elle était là avec moi… Elle… Elle seule… Ses seins… Sa chatte… Ses fesses… Ca me rendait fou… Et… et ça a fini par arriver, un matin, pendant la récréation, dans les toilettes du lycée… Elle était là, avec moi… Je la voyais… Et, en même temps, je me touchais doucement tout au bout en bas… C’était agréable… Si agréable… De plus en plus agréable… Ca a fait comme une explosion… Tout a chaviré… Ca s’est arrêté… Il ne restait plus rien qu’une petite goutte blanche…

 

 

J’ai recommencé… Souvent… Aussi souvent que possible… Toujours avec elle… J’avais sous les yeux de gigantesques cernes… Je m’endormais en classe… Mes résultats scolaires étaient en chute libre… Mon père s’inquiétait… - D’ici à ce qu’il nous couve une leucémie !… Le médecin l’a rassuré, m’a pris à part… - C’est de ton âge… Mais bon pas trop quand même, hein !… Je ne pouvais pas m’empêcher… C’était plus fort que moi… Laure… Oh, Laure…

 

 

J’ai écrit à Eva… Elle allait bien ?… Ca se passait comment là-bas ?… Ca devait être complètement mort l’hiver… Déjà que l’été c’était pas terrible… Elle s’ennuyait pas trop ?… Elle faisait quoi ?… On pourrait peut-être s’écrire comme ça de temps en temps, non ?… Ca lui changerait les idées… Mais… ils lisaient pas son courrier ses parents au moins ?… Elle a répondu presque tout de suite… Ben oui, oui, c’était un trou perdu… Ca !… On pouvait pas dire le contraire… Mais bon… Non, elle s’ennuyait pas… Non… Elle avait pas le temps… Elle avait des trucs à faire… Elle me dirait peut-être un jour… Elle verrait… Quant à savoir si ses parents lisaient son courrier… Mais ça va pas, non ?… Je suis plus une gamine…

 

 

Bon… Bon… Alors… Si ses parents lisaient pas son courrier je pouvais peut-être lui demander quelque chose… Elle voudrait pas m’envoyer une photo de Laure par hasard ?… Elle en avait sûrement… Hein ?… Mais c’était dégueulasse !… J’étais un vrai salaud!… Elle savait pas ce que je voulais en faire de la photo peut-être ?!… J’en profitais qu’elle avait le dos tourné… Pourquoi je l’avais pas fait quand on était tous les deux au-dessus de la terrasse là-bas ?… Elle m’aurait regardé… Parce que tout était tellement bizarre, de ce côté-là, chez moi, que ça aussi sûrement ça devait l’être… Elle en avait des photos, oui !… Plein… Mais pour la peine elle me les enverrait pas… Ou du moins pas tout de suite… Quand elle déciderait, elle… J’allais attendre… - Et pas qu’un peu !…

 

 

Il y en a eu une première un mois plus tard… C’était dans leur jardin, sous le pommier, près du portail… En petite robe blanche, les cheveux au vent, elle souriait dans le soleil… Je l’ai serrée contre mon cœur… Je l’ai couverte de baisers… Et je me suis enivré de plaisir, les yeux dans les siens… Une autre, un peu plus tard, dos à la mer, dans un petit maillot de bains rouge qui l’épousait au plus près… Une troisième, robe relevée haut sur les cuisses dans un grand éclat de rire… Une multitude d’autres… Je les collais, au fur et à mesure, dans un énorme cahier… J’y recopiais aussi les poèmes que j’écrivais pour elle en secret, les déclarations d’amour enflammées que je ne lui ferais jamais… Et je comptais les jours qui me séparaient de l’été, qui me séparaient d’elle… J’en rayais un, chaque soir, sur le calendrier accroché au-dessus de mon lit… Plus qu’une semaine… Plus que trois jours… Plus que deux… Plus qu’un… On y était…

 

 

- Il y a une surprise… Et une sacrée surprise… - C’est quoi ?… - Je te dis pas… Tu vas voir… On montait l’escalier… Le cœur me battait, à tout rompre, dans les oreilles… La porte de la chambre… Enfin elle allait être là, nue pour moi… La fenêtre… Enfin !… Je me suis penché… Mais… mais c’était quoi ce type ?… Qu’est-ce qu’il faisait là ?… Elle était toute pelotonnée contre lui… - Alors ?!… Qu’est-ce t’en dis ?… Tu t’attendais pas à ça, hein ?… Ah non, je m’attendais pas à ça, non… - On est arrivés trop tard… Ils viennent de le faire… Je suis sûre qu’ils viennent de le faire… Tous les jours ils le font… Mais qu’est-ce t’as ?… Tu pleures ?… - Non, c’est rien, c’est le soleil…

 

 

- Ben si tu tires une tronche comme ça pendant toutes les vacances ça va être gai !… Qu’est-ce t’as encore ?… - J’ai rien… - Oh, si, t’as quelque chose, si !… Et je sais même ce que c’est : t’es amoureux de ma sœur… Alors de la voir avec l’autre… Seulement ça t’as tout faux… Elle a vingt ans… Qu’est-ce que tu veux qu’elle en ait à foutre de quelqu’un comme toi ?… Fichu comme tu es en plus !… Elle en aura jamais rien à foutre… Tu ferais mieux de te retirer ça de la tête et d’en profiter… De regarder à fond… Parce qu’à part regarder t’auras jamais rien d’autre avec elle… Avec les autres filles non plus d’ailleurs… Sûrement… Jamais… Faut être réaliste…

 

 

Par François - Publié dans : Mémoires d'une toute petite queue
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Lundi 30 juillet 1 30 /07 /Juil 07:59

Mes cousines ne sont pas revenues l’été suivant… Au grand mécontentement de grand mère… - C’est cousu de fil blanc cette histoire… Si Monique ne veut plus me les envoyer elle ferait mieux de le dire carrément… Et à mon grand soulagement : j’allais enfin échapper au calvaire du samedi… On m’avait offert un vélo… Je passais mes journées dessus, à errer de ci de là, de village en village, de camping en camping… Dans une intention bien précise : voir des filles…Le plus de filles possible… Pas des filles de mon âge… Non… Elles ne m’intéressaient pas… Des grandes… Des déjà femmes….Elles s’étaient mises à provoquer, depuis quelques mois, un incroyable remue-ménage en moi… Un invraisemblable tumulte… Leurs seins surtout… J’en étais fou… Je cherchais obstinément à les deviner sous les robes, les mains moites et le cœur chaviré…  

 

 

Elle marchait sur le bord de la route… Je l’avais dépassée sans lui accorder la moindre attention… - Gabriel !… Oh, Gabriel !… Je me suis arrêté, retourné… Elle m’a rejoint, tranquillement, sans se presser… - Ben alors !… Tu me reconnais pas ?… Heu… Non… Non… On s’était déjà vus ?… - Ben oui !… L’année dernière… Au bord du lac… Tu te rappelles pas ?… T’étais vraiment trop drôle… Tu faisais une de ces têtes… Et comment tu te débattais pour remonter ton caleçon… Ce qu’on a pu rigoler !… Bon, mais tu vas quelque part, là ?… T’es pressé ?… - Heu… Non… Non… - Ben on discute un peu alors?… On s’assied ?…  Dans l’herbe, sur le bas-côté… - Oui, t’étais trop marrant… Et puis alors là moi je dois dire : jamais j’en avais vu une comme ça… Ah non alors !… Elle a arraché un long brin d’herbe qu’elle a entortillé autour de son doigt… - Et pourtant j’en ai vu !… Plein… Et en vrai… Pas en photo… Quand je veux je peux en voir… J’ai un truc pour ça, mais je te dirai pas… C’est top secret… Elle a chassé une guêpe, avec agacement, du revers de la main…      - T’y es retourné au lac ?… Non ?… On pourrait… On pourrait aller se baigner… Demain… Tu viendras ?… A deux heures… Je t’attendrai… 

 

 

On était allongés côte à côte, seuls, en maillot, face au lac… Elle s’est redressée sur un coude… - Tu veux pas me la refaire voir ?… Je l’ai déjà vue n’importe comment… Alors un peu plus un peu moins… Je n’ai pas répondu… Si tu me la refais voir, moi aussi je te ferai voir quelque chose… Elle a surpris mon regard… - Ah non, pas ça, non… Pas moi, il y a pas de risque… Non… Ma sœur… Je sais comment on peut la voir toute nue si on veut… Et elle se rend compte de rien… - Elle a quel âge ?… - 19… Et elle est sacrément bien foutue en plus… Alors ?… - Quand je la verrai ?… - Bientôt… Je te dirai… J’ai un peu descendu mon maillot… - Oui, mais complètement, attends !… Ca vaut pas sinon… Je l’ai baissé… Elle s’est penchée… Tout près… - C’est dingue !… C’est vraiment dingue… T’arrives pas à y croire… D’abord que ce soit si petit, mais surtout comment c’est fichu en plus… Ca ressemble pas du tout aux autres, mais alors là pas du tout… Elle s’est absorbée dans sa contemplation… - Et il y a pas de poils… Rien… A 13 ans - pas loin de 14 - tout le monde en a normalement des poils… Même moi qu’en ai que douze il y a longtemps que ça a poussé, alors t’as qu’à voir !… Elle s’est levée… - T’en auras peut-être jamais si ça se trouve… Probable même… Bon, allez, on va se baigner ?…

 

 

Elle a mis un doigt sur ses lèvres… - Tu fais pas de bruit, hein, surtout !… Ca foutrait tout par terre… On a grimpé un escalier… - Comment elle s’appelle ?… - Laure… On est entrés dans une chambre… Elle m’a emmené jusqu’à la fenêtre… - Penche-toi !… Mais pas trop… Qu’elle te voie pas… Elle bronzait, les fesses à l’air, sur une petite terrasse juste en-dessous… - Elle te plaît ?… Si elle me plaisait !… Oh oui, oui et pas qu’un peu !… - Mais… elle se retourne jamais ?… Elle a haussé les épaules… - Bien sûr que si !… Suffit d’attendre!… Et j’ai attendu… J’ai regardé… J’ai attendu… J’ai regardé… - Avoue qu’elle a quand même  un sacré cul!… - Ca !… Et elle l’a fait… Elle s’est lentement redressée sur les genoux, seins offerts, a pris tout son temps pour se laisser retomber… Je me suis gorgé d’elle… De tout… Partout… Affolé… Eperdu… Insatiable… Eva a fini par me tirer en arrière… - Faut que tu partes maintenant… Ma mère va rentrer… C’est leur chambre ici… Si elle te trouve là… C’était fini… Je repartais le lendemain… C’était vraiment fini… Elle m’a raccompagné jusqu’en bas… - A l’année prochaine… - Oui… A l’année prochaine… Oui…

Par François - Publié dans : Mémoires d'une toute petite queue
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Jeudi 26 juillet 4 26 /07 /Juil 06:18

- Le pauvre petit il a vraiment pas été gâté par la nature… - Ca, c’est le moins qu’on puisse dire… Mais à ce point-là c’est quand même impressionnant… Je devais avoir quatre ou cinq ans… J’étais en vacances chez grand mère, au bon air, à la campagne… Et, cette année-là, il y avait aussi tante Monique… - En tout cas ça vient pas de notre côté à nous… Dans la famille les hommes ont toujours été généreusement pourvus… C’était pendant la toilette du samedi… Le samedi grand mère faisait chauffer de l’eau dans de grandes bassines et me lavait à fond dans l’un des immenses bacs en ciment de la buanderie… - Avec l’âge ça devrait quand même finir par s’arranger un peu… - Oui, enfin ça !…

 

 

Ce tout premier souvenir est resté longtemps enfoui sous une multitude d’autres… Des tantes qui m’emportaient dans leurs bras et m’étouffaient de baisers… - Le pauvre petit !… Perdre sa maman !… Si jeune !… Si c’est pas malheureux… Une institutrice qui m’avait pris en grippe et ne manquait pas une occasion de me le faire sentir… Une dame qui arrivait sans bruit dans la chambre de papa, à côté, dès que j’étais couché et s’enfuyait tôt le matin avant que je sois levé…

 

 

Tout nu dans ce bac en ciment, ce jour-là, j’ignorais de quoi elles parlaient, mais les regards consternés qu’elles posaient, avec insistance, sur une partie bien précise de mon anatomie me laissaient vaguement soupçonner qu’il y avait, de ce côté-là, quelque chose qui n’allait pas… Oui, mais quoi ?…

 

 

Quand, à sept ans, à la piscine, j’ai eu l’occasion, pour la première fois d’apercevoir deux camarades nus je suis resté stupéfait… Quelles monstruosités ils avaient là entre les jambes !… Je les ai d’abord sincèrement plaints… Les pauvres !… Comme ils devaient en être encombrés !… Mais un doute s’était insinué en moi : j’ai discrètement observé, épié, enquêté et j’ai bien dû finir par me rendre à l’évidence : les autres, tous les autres, étaient - et de très loin - beaucoup mieux nantis que moi… Et je me suis alors employé à dissimuler, le plus souvent avec succès, une particularité dont je soupçonnais vaguement qu’elle m’exposerait, si elle était découverte, à d’interminables moqueries…

 

 

Ce n’était pas trop difficile : je ne fréquentais quasiment personne, je n’étais inscrit à aucune activité d’aucune sorte et revêtir la tenue de sport en gym n’impliquait pas qu’on se déshabille complètement… Restait grand mère, mais grand mère c’était grand mère… De toute façon elle savait et, dès l’instant où j’avais été en âge de me laver tout seul, elle s’était contentée de verser l’eau dans le bac, de m’apporter tout ce qu’il fallait et de superviser de loin…

 

 

J’avais onze ans quand mes cousines Florence et Véronique sont venues pour la première fois passer, elles aussi, leurs vacances chez grand mère… Je m’en étais fait par avance une véritable fête : elles n’avaient que neuf et sept ans, je ne les avais jusque là pratiquement jamais vues, mais j’allais enfin avoir des camarades de jeu… Finies les interminables journées gorgées de soleil passées à me demander ce que j’allais bien pouvoir faire… J’ai très vite  déchanté : je ne les intéressais pas… Elles ne me rejetaient pas, non, pire, elles m’ignoraient… Elles étaient dans leur monde à elles… Toutes les deux… J’étais un intrus qu’il fallait soigneusement tenir à distance… Et j’étais renvoyé à une solitude pire encore que celle que j’avais jusque là connue…

 

 

 Quand, le tout premier samedi, grand mère m’a appelé dans la buanderie, que j’ai trouvé les filles déjà installées dans les bacs, qu’elle m’a fait signe de les y rejoindre je suis tombé des nues : il allait pour moi tellement de soi que nous ferions notre toilette à tour de rôle, elles et moi, que c’était une éventualité que je n’avais même pas envisagée… J’ai timidement suggéré… - Je pourrais peut-être après… Quand elles auront fini… - Parce que tu te figures qu’il va y avoir deux services rien que pour tes beaux yeux… Tu trouves que j’ai pas assez de travail comme ça ?… Elle s’est retournée, s’est essuyé les mains… - De quoi t’as peur ?… Qu’elles en perdent la vue ?… Ca, il y a pas de risque : il y a vraiment pas de quoi… Allez, assez de simagrées !… Dépêche-toi !… Tu me fais perdre mon temps… Et je me suis déshabillé, anéanti…Le samedi suivant aussi… Et celui d’après… Tous les samedis… Jusqu’à la fin…

 

 

C’était quelques mois plus tard… Au mariage du cousin Vincent… La famille au grand complet était réunie et, comme il arrive souvent dans ces occasions-là, vers la fin du repas, l’alcool aidant, il avait commencé à se raconter des histoires… De plus en plus osées… De plus en plus scabreuses… De plus en plus salaces… - Et celle-là vous la connaissez ?… C’est un type qui a une queue minuscule, mais alors là, vraiment minuscule… Florence a claironné… - Comme Gabriel… Tout le monde a éclaté de rire… - Si, c’est vrai, hein, elle est toute petite… Comme ça… Et elle a rapproché son pouce et son index presque à se toucher… - Le reste aussi… Comme ça… Un tout petit o avec les mêmes doigts… On s’est encore esclaffé… Longtemps… - En tout cas elle a pas les yeux dans sa poche cette petiote !…

 

 

Elle n’avait pas les yeux dans sa poche, non !… Elle les y avait de moins en moins l’été suivant… L’année précédente elle ne m’avait jeté que des regards discrets, mouchetés, mais maintenant, toute auréolée des réactions complaisantes et amusées qu’avaient suscitées son petit numéro c’était ouvertement, avec une évidente jubilation, qu’elle poursuivait, pendant la toilette du samedi, l’étude de mon anatomie… Véronique, de son côté, n’était pas en reste… Elles chuchotaient toutes les deux, pouffaient, éclataient parfois franchement de rire… - Allons, les filles, allons !… Mais dès que grand mère avait tourné le dos elles reprenaient de plus belle…

 

 

J’ai profité d’un moment où j’étais seul dans la cuisine avec elle et où il me semblait qu’elle était favorablement disposée à mon égard pour tenter, une nouvelle fois, de l’amadouer… Est-ce que vraiment il ne serait pas possible le samedi que je… ? - Ah, tu vas pas recommencer avec ça !… Je t’ai déjà dit non… C’est toute une organisation… Alors s’il faut tenir compte en plus des caprices des uns et des autres !… Tes cousines, elles font pas tant d’histoires, elles !… Elle a remué le ragoût dans la cocotte avec la grosse cuiller en bois, haussé les épaules… - De toute façon faudra bien que tu t’y fasses… T’es comme ça t’es comme ça… Tu crois qu’on va te ménager à l’armée ?… T’offrir une belle cabine de douche pour toi tout seul ?…

 

 

Elles s’étaient fait des copines avec lesquelles elles allaient se baigner tous les après-midi au bord du lac… Et un jour : - Viens !… - Mais oui, viens !… Au lieu de rester là tout seul comme un con… - Il y a personne là-bas en plus !… Que nous… Et je les ai accompagnées… Pour une fois qu’elles voulaient bien de moi !… Quatre filles, assises en rang d’oignons, m’ont regardé approcher… - Salut !… - Salut !… - Bon, allez !… On se baigne ?… Je me suis éloigné pour enfiler mon maillot… Quand je suis revenu Florence m’a fait signe… - Viens voir là !… - Qu’est-ce qu’il y a ?… - Viens voir, j’te dis !… Plus près… Mais plus près !… De quoi t’as peur ?… J’ai encore fait un pas en avant… Et, d’un seul coup, elle a descendu, à mi-cuisses, un slip de bain que je me suis aussitôt désespérément efforcé de remonter… En vain : elle avait bien assuré sa prise et elle tenait bon… - Vous voyez, les filles !… Vous voyez… Qu’est-ce que je vous disais !… Elles voyaient… Elles regardaient… Elles ne s’en privaient pas… Quand elle a enfin consenti à lâcher, au bout d’un temps qui m’a paru interminable, je me suis reculotté et je me suis enfui… Leurs rires m’ont poursuivi longtemps… Je n’en ai jamais parlé… A personne…

 

 

 

 

Par François - Publié dans : Mémoires d'une toute petite queue
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Lundi 23 juillet 1 23 /07 /Juil 06:44

A  LA  VI E,  A  L A  M O R T  

 

 

 

12 Juin :

 

 

J’ai 30 ans aujourd’hui et je pleure… Je regarde la photo de notre mariage, là, sur le bureau, devant moi et je pleure. J’ai passé l’après-midi à l’hôpital à jouer la comédie et je crève d’angoisse. Ce soir ils ont voulu me fêter « quand même » mon anniversaire. C’était sinistre. Encore faire semblant. Toujours faire semblant. Demain… J’ai peur. J’ai tellement peur…

 

 

 

 

13 Juin :

 

 

Tout s’est bien passé. Il s’est réveillé doucement et on s’est tenu la main longtemps sans rien dire. Il luttait tant qu’il pouvait, pauvre amour, pour ne pas se rendormir, pour rester avec moi…

 

 

Je n’aurais jamais dû accepter de venir habiter chez eux. Ses parents. Mais il a tellement insisté !… Elle n’arrête pas de se lamenter… Et pourquoi est-ce que ça lui arrive à elle ? Et qu’est-ce qu’elle a fait pour que ça tombe sur elle ? Elle ! Elle ! Elle ! Toujours elle ! Je n’en peux plus. Heureusement son père, lui… On se comprend d’un mot, d’un regard…

 

 

 

 

14 Juin

 

 

Il a repris des forces, des couleurs. J’ai guetté le chirurgien dans le couloir. Ils ne peuvent pas savoir. Ils ont râclé - il a dit râclé - tout ce qu’ils ont pu. Maintenant il faut attendre le résultat des examens, mais… mais il n’est pas très optimiste. Il a peur qu’avec les ganglions ça soit parti ailleurs. J’ai couru comme une folle n’importe où le plus loin possible. Je suis entrée dans un café au hasard et j’ai pleuré. A la table à côté un type m’a souri…

 

 

 

 

15 Juin

 

 

Il a un peu mangé. Presque pas. Il croit qu’il va bientôt sortir, que c’est fini… - Dans un mois, ce sera plus qu’un mauvais souvenir, tu verras !… Et il a ri, heureux. Je l’ai embrassé… - Bien sûr !… A l’intérieur j’étais glacée...

Dehors après j’ai marché… marché… marché… pour ne pas rentrer là-bas. Ou le plus tard possible. Pour ne pas l’entendre, elle… Au café le type était toujours là. Il m’a demandé si je travaillais à l’hôpital… - Non !… Je viens voir quelqu’un… Et tout est sorti en bousculade. Les rayons. La chimio. L’opération. L’espoir. La peur. Il m’écoutait sans rien dire… Et puis aussi avant. Quand la vie était encore normale. Le jour où tout a basculé. Le restaurant de la dernière fois sous la glycine…

Il s’appelle Julien. Je suis vidée…

 

 

 

 

17 Juin

 

 

On n’a pas encore tout, mais c’est pas bon. Il va falloir de la chimio, des rayons. Encore !… Les vomissements… l’épuisement… les cheveux… J’ai perdu pied. Il fallait que je parle à quelqu’un et je suis retournée là-bas. On a discuté. Longtemps. Il m’a redonné courage. Et espoir. Je vais me battre. Avec Etienne. Pour Etienne. Non, cette saloperie ne nous aura pas…

 

 

 

 

18 juin

 

 

Ils lui ont annoncé qu’il y aurait d’autres traitements après.. - Tu vois, ils peuvent plus se passer de moi !… Et il a ri…

Julien dit qu’il ne faut pas que je m’enferme dans la maladie avec lui, que c’est la pire des choses qui puisse arriver. Pour moi, mais surtout pour lui. Il faut que tu souffles, que tu respires, que tu VIVES . C’est le meilleur - c’est le seul -  moyen de l’aider. Tu comprends ? Il peut pas savoir quel bien il m’a fait…

 

 

 

 

19 Juin

 

 

Dans la chambre à côté un vieux n’arrêtait pas de hurler. Même à trois elles n’arrivaient pas à le calmer. Après il a pleuré tout doucement comme un bébé.

Julien m’a emmenée le long du canal. Il a absolument voulu… - Tu sors jamais !… Tu es toute blanche… C’était plein de gens heureux, insouciants, de couples qui se tenaient par la main, d’amoureux qui s’embrassaient, d’enfants qui couraient. Mais comme Etienne me manquait !…

 

 

 

 

21 Juin

 

 

J’ai posé carrément la question. Le professeur a relevé la tête… - C’est une éventualité que - malheureusement - on ne peut pas exclure… - Combien ? Deux mois ? Six mois ? Moins ? Plus ?… - Ca !… Et il a tourné les talons…

Julien m’a prise très doucement contre lui. En grand frère. Et j’ai pleuré longtemps sur son épaule…

 

 

 

 

23 juin

 

 

Ils attendent qu’il ait récupéré un peu. Et puis ils vont le monter là-haut. En chimio. Je reste avec lui. Près de lui. Je regarde par la fenêtre dehors le soleil, les arbres, les fleurs. Et c’est son dernier été. L’année prochaine… Il ne faut pas que je craque… Surtout il ne faut pas craquer… Heureusement il y a Julien. Il sait tellement trouver les mots. Il m’apaise. Il me rassure. Il me donne ma force.

 

 

 

 

25 juin

 

 

Ca m’est tombé dessus d’un seul coup. Etienne dormait et je pensais à après, à tout à l’heure, à Julien, à ses mots, à son sourire… Mais… mais tu ne penses plus qu’à ça ! C’est de la folie. Je ne vis plus que dans l’attente du moment où je vais retrouver Julien, que dans le souvenir des instants que j’ai passés avec lui, que je vole à Etienne pour être avec lui. Et ce n’est pas possible. Ce n’est plus possible. J’ai regardé Etienne dormir et j’ai promis. Je ne reverrai plus Julien. Il n’y a pas d’autre solution.

 

 

 

 

26 juin

 

 

J’ai tenu bon. Je tiens bon. Mais c’est tellement dur !

 

 

 

 

27 juin

 

 

Je me suis disputée avec sa mère. Qu’elle se taise ! Mais qu’elle se taise à la fin ! C’est son père qui nous a séparées. Il m’a emmenée dans ma chambre…     - Couche-toi ! Tu es à bout. Tout le monde est à bout. Il m’a fait avaler quelque chose et il a attendu à côté de moi dans le noir que je sois endormie. Julien doit se poser des tas de questions. Disparue comme ça. Sans un mot. Sans une explication .

 

 

 

 

29 Juin

 

 

Il a craqué… - Je vais mourir !… - Mais non, Etienne, enfin !… Tu vas guérir, tu sais bien !… Les médecins… - Non ! Je vais mourir… Je vais mourir… Tellement d’angoisse, de désespoir dans ses yeux. Mon amour ! Mon pauvre amour ! Les infirmières m’ont fait sortir… - Laissez-nous faire ! Rentrez chez vous… On s’en occupe…

Je suis allée là-bas. J ‘avais trop besoin que Julien m’aide.

 

 

 

 

30 Juin

 

 

Aujourd’hui il allait mieux. Beaucoup mieux. Il m’a lu des passages d’un livre. Il riait aux éclats. J’ai expliqué à Julien que je ne voulais plus, que je ne pouvais plus le revoir. Je lui ai dit pourquoi. Je lui ai demandé de m’aider,de me comprendre… - De quoi tu cherches à te punir ?… - Mais de rien ! C’est pas ça !  - Et moi ? Tu y as pensé à moi ?… Le pauvre ! Il était si triste, si malheureux. Il m’a prise contre lui et on a pleuré tous les deux. Je n’en sortirai jamais…

 

 

 

 

2 juillet

 

 

On commence - recommence - la chimio demain. Il est avec deux vieux qui titubent en traînant leur perf jusqu’aux toilettes. J’ai revu Julien. J’ai été dans ses bras. Et… Il m’a embrassée. J’ai honte… j’ai tellement honte…

 

 

 

 

4 Juillet

 

 

Il a vomi tout l’après-midi et je lui ai tenu la tête… J’ai décidé : demain je parlerai à son père. Il faut qu’il m’empêche de voir Julien, qu’il m’oblige. Il n’y a qu’Etienne. Je veux qu’il n’y ait qu’Etienne.

 

 

 

 

5 Juillet

 

 

Je lui ai tout dit. Tout. Dans la voiture tous les deux. Il ne m’a pas fait de reproches. En arrivant juste avant de descendre il m’a pressé l’épaule. Il va me défendre contre moi-même. Il n’y a que lui qui peut. Il m’a promis.

 

 

 

 

7 juillet

 

 

Il m’emmène à l’hôpital. Il revient me chercher. Je suis en sécurité. Protégée. Ils vont laisser Etienne tranquille quinze jours, mais, pour le moment, ils préfèrent le garder. Il faut surveiller les plaquettes, l’état général. Il est très faible.

 

 

 

 

9 Juillet

 

 

- Où tu vas ?… Juste comme j’allais sortir… - Ben, je… - Non, tu restes là ! C’était sans réplique. Et je suis remontée dans ma chambre. Je ne pense plus à Julien. Presque plus. Si. J’y pense souvent. Beaucoup trop.

 

 

 

 

10 Juillet

 

 

Au courrier ce matin j’avais une lettre de Bénédicte. Il l’a ouverte avant de me la tendre. Comme si j’avais 12 ans. Et je n’ai rien dit. Même si je voulais flancher je ne pourrais pas. C’est rassurant. Apaisant. Etienne dort presque tout le temps. La chimio l’a complètement épuisé.

 

 

 

 

11 juillet

 

 

Il a des aphtes et une mycose, mais il ne souffre pas trop.

 

 

 

 

12 Juillet

 

 

Pourtant j’ai résisté. Tant que j’ai pu. Mais voilà. Etienne dormait et… juste l’aller et retour. Juste cinq minutes. Juste le voir. Personne ne saurait rien. Oh, son regard quand il m’a vue ! Son bonheur. Je suis revenue à l’hôpital juste à temps pour son père. Je suis folle. Complètement folle.

 

 

 

 

13 Juillet

 

 

On est allés chez lui. Et…

 

 

 

 

15 Juillet

 

 

Il m’attendait en bas devant la porte de Julien. Il m’a giflée. Deux fois. Il m’a ramenée à la maison. Sans un mot… - Monte dans ta chambre ! Il m’y a rejointe… - Déshabille-toi !… Tout !… J’ai obéi. Comme une automate. Et… et il m’a fouettée à genoux au pied du lit. J’ai dû demander pardon, promettre de ne plus recommencer, de ne plus revoir Julien. Le plus humiliant c’est que maintenant je me sens soulagée.

 

 

 

 

16 Juillet

 

 

Etienne est mort cette nuit.

Par François - Publié dans : histoires méchantes, méchantes histoires
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Jeudi 19 juillet 4 19 /07 /Juil 06:41

C O M M E R A G E S

 

 

 

- Sept heures et demi !… A sept heures et demi elle est encore rentrée, l’autre !… Presque moins vingt-cinq… Maintenant c’est tous les soirs… Faut quand même pas une heure et demi pour revenir de là-bas !… Il y a quelque chose là-dessous, ça c’est sûr… Il ne lui dira pas le contraire… Il ne lui dira rien, évidemment !… Il ne dit jamais rien… Tu m’agaces !… Ce que tu peux m’agacer… Va chercher du bois, tiens !…

 

 

- Tout le monde le dit… Tout le monde… Les gens savent bien… Une drôle de voisine qu’on vous a dégottée là, Madame Dugret, vous pouvez le dire… Pas bien intéressante… Qu’on a tout de suite vu qu’elle était pas comme nous… Une femme qui dit bonjour aux gens qu’on fréquente pas… Et fière avec ça… Que pourtant personne sait seulement d’où elle sort… Qu’il paraît… qu’il paraît qu’il y a de bonnes raisons pour ça, qu’elle y a tout intérêt parce que là où elle était avant il fallait voir ça elle… Est-ce que tu m’écoutes seulement ?… Si ça t’est complètement égal ce que je dis ce n’est vraiment pas la peine que je me fatigue… Tu crois que c’est drôle pour moi de t’avoir toute la journée planté là comme une bûche à jamais desserrer les dents ?…

 

 

- Et pourtant elle est toujours toute seule… Et elle arrive du même côté, ça c’est sûr… On le verrait… Je le verrais… Mais c’est tout ce temps qu’elle passe au garage avant de monter… Qu’est-ce qu’elle peut bien fabriquer là-dedans, tu peux me dire ?…

 

 

- Vexée, non, mais j’étais vexée, tu peux pas savoir !… Devant les deux autres en plus, la Lili et la Suzanne qui étaient encore là - comme toujours - à papoter… Comment ?… elle m’a dit… Comment ?… Vous êtes sa plus proche voisine et vous êtes au courant de rien ?… Si on peut pas compter sur vous, sur qui alors, je vous le demande… Oh, mais je l’ai pas loupée, fais-moi confiance !… Et mon ticket, madame Vermant ?… Vous me donnez pas un ticket pour mon linge ?… Et après vous irez encore raconter partout que les clients les perdent…

 

 

- Parce que je suppose que ce n’est plus maintenant, à ton âge, que tu vas te mettre à jardiner après avoir tout laissé à l’abandon pendant des années… Que j’en avais honte… Honte… Sans parler de tout ce qu’on a pu raconter derrière notre dos… Alors tu pourrais au moins, depuis le temps, me démolir cet espèce de cabanon qui ne servira jamais à rien ni à personne, qui me gâche le paysage et qui me bouche la vue… Et en profiter tant que tu y es – si ce n’est pas trop te demander – pour me couper la haie parce que j’en ai plus qu’assez de passer ma vie dans l’obscurité et dans l’humidité… Mais je ne me fais pas d’illusions : une fois de plus… une fois de plus il faudra que je finisse par me résoudre à aller demander à Ernest parce que toi…

 

 

- T’as vu ?… Non, mais t’as vu ?… Il faut qu’elle vienne nous mettre ses petites culottes à sécher sous le nez maintenant !… Elle a tout l’espace qu’elle veut derrière, tout le jardin et encore le bout de pré là-bas… Eh bien non !… Il faut justement qu’elle vienne choisir le seul endroit où elle est sûre que ça va nous embêter… Elle le fait exprès… Je te dis qu’elle le fait exprès… Et… Non, mais comment est-ce qu’on peut oser se mettre des trucs pareils sur le derrière, tu peux me dire ?… Il y a vraiment des femmes qui se respectent pas… Mais enfin il y a longtemps qu’on a compris à qui on avait affaire…

 

 

- Oui… Eh bien Madame Gimbert elle pense comme moi. Exactement comme moi : il y aurait une histoire d’hommes là-dessous que ça n’étonnerait personne… Déjà au début quand elle habitait là-bas, de l’autre côté, tout le monde se demandait s’il y avait pas quelque chose avec le fils Marchant… Probable d’ailleurs et nous, dans notre coin, on n’en a jamais rien su parce que toi évidemment à part tes mots croisés et ton journal… On se demande ce que tu peux bien aller fabriquer en ville toute la journée si tu n’es même fichu d’être au courant de ce qui se passe…

 

 

- Des heures… Des heures qu’elle y passe dans sa salle de bains à se pomponner… Et tout ça pourquoi, tu peux me le dire ?… Faut vraiment avoir rien d’autre à faire… En tout cas t’avoueras qu’elle pourrait quand même tirer le rideau jusqu’au bout, non ?… Dans la tenue où elle se promène !… Il pourrait passer des enfants sur le chemin derrière… Ou n’importe qui…

 

 

- Elle me nargue… Je t’assure qu’elle me nargue… Parce que… j’étais près du grillage en train d’essayer de regarder ce qu’elle pouvait bien être en train de fabriquer… Je l’avais pas vue de l’autre côté derrière ses troënes… Elle n’avait rien à faire là… Rien du tout… Et même pas un bonjour… Elle m’a toisée comme ça - Oh, mais c’est pas moi qu’allais baisser les yeux ! - et elle est partie en marmonnant : - Vieille commère !… Trois fois… Je t’en ficherais, moi, des vieilles commères… Non, mais elle s’est bien regardée ?… Pour qui elle se prend ?… Une femme que tout le monde sait à quoi s’en tenir sur son compte… Et qu’est même pas née ici en plus !…

 

 

- Ah, ah, cette fois !… Tu me diras pas… Ah, ah, cette fois… Tu sais pas qui j’ai rencontré ?… Devine !… La vieille madame Rimeix… - Ca va ?… - Ca va… - Vous savez pas quoi ?… Entre nous elle m’a dit… Que ça reste entre nous, hein, madame Dugret !… - Oh, vous me connaissez, madame Rimeix , vous me connaissez… S’il y en a une ici qui sait tenir sa langue… Tout le monde peut pas en dire autant… Il y avait justement la Yolande qui passait… - Oui… Entre nous… Quelqu’un les a vus… Je peux pas vous dire qui - vous me comprendrez - mais enfin c’est quelqu’un… pas n’importe qui… Dans sa voiture à elle… Avec le Bernard de la Grenache là-haut tout marié qu’il est… Si c’est pas malheureux… Avec trois enfants et une femme qui se doute de rien…

 

 

- Qu’est-ce que c’est que ces histoires ?… Qui c’est qui t’a raconté ça ?… Et toi, tu l’as cru… Evidemment tu l’as cru !… Toi, dès qu’il s’agit de la défendre tu es prêt à gober n’importe quoi… Tu parles… Laisse-moi rire !… Elle sait plus quoi inventer… Elle est acculée, oui… Voilà la vérité…

 

 

- Et puis même… Et puis même si c’est vrai que c’est pas vrai - peut-être elle a dit madame Gimbert… peut-être… - je vois vraiment pas ce que ça change… Il n’y a pas de fumée sans feu, tu le sais très bien, et d’ailleurs qui a bu boira c’est bien connu et… Qu’est-ce que ?… Ah, c’est vous, facteur !… - Eh bien, madame Dugret, on parle toute seule ?...

 

 

 

 

Par François - Publié dans : Scènes de la vie de province
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