Jeudi 24 mai 4 24 /05 /Mai 05:23

Monsieur,

 

 

 

Vous voyez bien que j’avais raison!... Voilà bientôt trois semaines que ma lettre est partie et pas le moindre petit signe de votre part... Vous jouez... Combien de courriers avez-vous reçus comme ça auxquels vous n’avez pas même accordé l’aumône d’une réponse?… Vous avez des actions à La Poste?

 

 

 

Mais je vous rassure: tout cela n’a pas pour moi la moindre importance... Il y a 8 ans que je « fais sans » ... Alors quelques mois ou quelques années de plus... Où est le problème? Et si je tenais vraiment à m’envoyer en l’air croyez-vous que j’aurais besoin d’attendre après vous?... Je ne suis pas si mal foutue, vous savez, malgré mes 54 ans - d’ailleurs, tiens, je vous adresse une photo, histoire de vous donner des regrets - et je ne manque pas de sollicitations, parfois pressantes, quoi que vous en pensiez... Et finalement c’est peut-être plus dommage pour vous que pour moi... Qui sait?…

 

 

 

Je n’ose pas espérer de réponse...

 

 

 

                                                                                       VERONIQUE

 

 

 

 

 

                                                 Monsieur,

 

 

 

Vous m’avez eue... Et c’est de ma faute... Je me suis prise au piège toute seule comme une grande... Je ne pense plus qu’à ça... Qu’au moyen de vous arracher enfin une réponse... De vous faire sortir de cet insupportable silence... Vous avez pris dans ma vie une place démesurée et parfaitement injustifiée... Tout cela est absolument ridicule, j’en ai bien conscience, et j’ai honte... Que vous dire? Comment vous convaincre? Vous supplier? De me rencontrer au moins une fois... Rien qu’une fois... Vous verrez bien... Vous déciderez... Mais qu’au moins je sache enfin à quoi m’en tenir... De quoi avez-vous peur? De ne pas pouvoir vous débarrasser de moi?… Que je sois collante?… Je vous jure que non... Je disparaîtrai sans un mot si vous le voulez... dès que vous le voudrez... Je vous en donne ma parole... Ou bien alors vous vous dites qu’après tant d’années d’abstinence on ne doit plus savoir s’y prendre... Que ça vaut pas le coup... Qu’on doit s’emmerder quelque chose de bien avec moi... Essayez au moins!... Vous risquez d’avoir une sacrée surprise... Tout ce que vous voudrez je ferai... Tout ce que vous aurez envie je vous laisserai faire... Demandez!... Exigez!... Je peux pas mieux dire, non?…

 

 

 

Une réponse cette fois? Non!... Bien sûr que non... Je suis folle d’y croire..                                                                                              VERONIQUE

 

 

 

 

 

 

 

                                             Véronique,

 

 

 

Tout ce que je veux?… Chiche!... C’est toujours facile les mots, mais quand on se trouve au pied du mur... Vous allez vous défiler... Evidemment... Non?… On verra... On prend les paris?…

 

 

 

Alors voilà: vous êtes prête?... Sur la petite carte jointe à ma lettre il y a l’adresse d’un hôtel... J’y ai réservé une chambre - la 29 - pour lundi à 3 heures. Vous y arriverez la première... Vous n’aurez pas de culotte.... Vous vous mettrez à quatre pattes, dos à la porte, le front sur le plancher, la robe relevée jusqu’à la taille, les jambes légèrement entrouvertes... C’est dans cette position-là que je veux vous trouver quand j’arriverai... C’est ce spectacle-là que je veux découvrir... le spectacle de votre attente... de votre fendu offert, à disposition... Vous ne bougerez pas... Vous ne relèverez pas la tête. Vous ne me verrez pas... Je vous flatterai la croupe quelques instants pour la faire onduler, pour que ça vous démange bien, pour que vous vous tortilliez et je vous prendrai là... comme ça... sans un mot... Après... après on verra... Peut-être que je repartirai aussitôt... Peut-être que non... Peut-être qu’on se reverra... Peut-être que non... Ca dépendra de vous en fait...

 

 

 

Alors on fait moins la fière, hein?!

 

 

 

A lundi?... J’en doute fort...

 

 

 

 Kevin

Par François - Publié dans : petites annonces
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Lundi 21 mai 1 21 /05 /Mai 05:18

C O U P     D E     C OE U R

 

 

 

« Jeune homme, 22 ans, svelte, doux, sensible, infatigable lécheur, intensément attentif au plaisir de ses partenaires, propose liaison discrète à femme d’âge indifférent, seule ou délaissée, mais résolument gourmande de sexe… »

 

 

 

 

 

 

 

                                             Monsieur,  

 

 

 

Pour une femme de mon âge - 54 ans - répondre à une annonce comme la votre est profondément humiliant. Parce que cela suppose qu’on est  « laissée pour compte », qu’on n’intéresse personne et qu’on en est réduite à mendier quelques caresses auprès d’un inconnu qui va vous les dispenser par pitié.

 

 

 

Evidemment il y a toujours moyen de se rassurer à bon compte... Des occasions j’en aurais si je voulais... tant que je voudrais... Les hommes il me suffirait de me baisser pour les ramasser... Je n’ai que l’embarras du choix... Je peux le vérifier tous les jours... tous les jours!... N’empêche que j’en suis réduite à me satisfaire toute seule avec le gode que je dissimule honteusement sous les sacs de voyage dans le placard du fond...

 

 

 

Parce que je suis trop bête sans doute… Que j’ai trop de principes… Mon mari ne m’a pas touchée depuis huit ans… Il s’est détourné de moi pour une autre, plus jeune, plus belle et dotée - paraît-il - de toutes les qualités que je n’ai pas… Est-ce une raison pour lui rendre la pareille et me conduire de façon aussi abjecte que lui ?... D’autant plus que c’est un personnage en vue avec des responsabilités et des espérances politiques… Est-ce que j’ai le droit - quoi qu’il ait fait - de le mettre en difficulté par un comportement qui me perdrait de réputation et risquerait de compromettre sa carrière ?… Non… Alors j’essaie de me convaincre que ce n’est pas le sexe qui me manque... C’est facile le sexe... à la portée de n’importe qui... Non... Ce qui me manque c’est une épaule sur laquelle me reposer... quelqu’un avec qui échanger... quelqu’un qui... Eh bien si!... si!... C’est le sexe certains soirs... le sexe... que le sexe... pur et dur... Et j’en crève...

 

 

 

Oui, cette lettre est profondément humiliante... Mais l’humiliation, je connais... J’ai l’habitude... Quand votre mari, pour justifier sa conduite, vous a mise plus bas que terre et que vous l’avez accepté, que vous avez tout accepté dans l’espoir de le garder, de le voir revenir... Quand il en a usé et abusé et que vous n’avez rien dit... Qu’au contraire vous vous êtes pliée à tout ce qu’il a voulu... Et au-delà... Savez-vous qu’il l’a ramenée chez nous?... Qu’il m’a reléguée dans la chambre d’amis et qu’il a dormi avec elle dans NOTRE lit?... Que toute la nuit j’ai dû les entendre?… Qu’au matin il m’a demandé, à travers la cloison, de leur apporter le petit déjeuner et que.... JE L’AI FAIT!!!!!! Je n’oublierai jamais ni son regard ni son ton quand elle a tapoté le lit du plat de la main à côté d’elle: - Pose ça là!... Peut-on s’abaisser davantage? Est-ce que c’est seulement permis?... Imaginable?... Deux fois je suis partie en vacances avec eux... Je les ai servis... J’ai lavé son linge... J’ai été leur bonne... Pour ne pas le perdre, lui... Pour rien... Il ne l’a pas quittée... Il ne la quittera pas... Je ne me fais plus la moindre illusion... Mais il rentre quand même encore à la maison... Quelquefois... Il est là… Je le vois... Je l’entends...

 

  

 

Pourquoi je vous raconte tout ça, moi?… De quel droit m’obligez-vous à vous faire toutes ces confidences?… C’est sans doute parce que je sais            - depuis le début - que je ne vous enverrai pas cette lettre, que je ne l’écris que pour me donner l’illusion que je vais sauter un pas que je suis bien incapable de franchir... Et de toute façon, même si je l’envoyais, vous ne me répondriez pas... Croyez-vous que j’aie choisi votre annonce au hasard?… Qu’est-ce qu’un garçon comme vous, beau, jeune, désirable - la photo qui illustre votre texte est suffisamment explicite - irait s’encombrer d’une « vieille » femme comme moi?… Alors qu’il existe tant de ravissantes créatures de son âge qui ne demandent sans doute qu’à lui tomber dans les bras... Qu’est-ce qu’un garçon comme vous a besoin de passer une annonce d’ailleurs?... Pour le plaisir pervers de susciter des espoirs qu’il n’a pas la moindre intention d’honorer? C’est cruel... Vous êtes cruel... Mais je ne vous en veux pas...

 

 

 

A vous lire, peut-être...

 

                                                                                       VERONIQUE

Par François - Publié dans : petites annonces
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Jeudi 17 mai 4 17 /05 /Mai 17:23

Une petite incursion dans l'univers de la bêtise

H O U !

 

 

 

Lui, on peut lui faire confiance… Il les reconnaît au premier coup d’œil… Ils peuvent pas lui échapper… Même ceux qui en ont honte, qui font semblant d’être normaux… Et ils sont nombreux ces bestiaux-là… Il en traîne partout… On peut pas sortir de chez soi sans tomber dessus… A croire qu’ils se reproduisent entre eux, ces cons… Tiens, là… mais là…là…juste devant… c’en est une... Sûr que c’en est une… Cette espèce d’allure rance… De façon de pas être comme tout le monde… Un mal à l’aise sur eux… Oh si.. si… aucun doute possible… ça crève les yeux..  Tiens, là-bas… encore une… mais si… elle arrive.. elle passe derrière le petit mur…là… elle va réapparaître… Tu vas voir, on va lui faire baisser les yeux… T’as vu ?... Non, mais t’as vu comment elle m’a regardé cette salope ?.. Elle pourrait pas dire qu’elle en est pas, celle-là… Hou !... Hou !... Pédale, va !... Elle se retourne même pas… Elle a honte… La prochaine qui me regarde comme ça elle se prend mon poing dans la gueule quelque chose de bien… Manquerait plus que ça qu’elles fassent la loi maintenant… Non… Si tu dis rien ça devient arrogant… Ca drague en plein jour… On peut plus les tenir… Par là il y en a moins… ça vaut pas la peine… On va remonter le boulevard plutôt… on va en voir… c’en est bourré… Ben alors ?!... Où elles sont ?... Elles se planquent ? Elles ont peur ?... Non… Non… Celui-là il en a la gueule, mais c’en est pas vraiment une…. Tiens là… en voilà un beau… là… juste devant nous…On va le faire chier cet enculé… T’as vu comment ça marche ? A force  de se faire tirer dans la lune ça reste écarté… Elle baisse les yeux… elle regarde ses pompes… elle va finir par se payer un lampadaire… Avec son imper comme capote… Comment ça va te faire du bien par où ça va passer, ma chérie !... Eh ben réponds au moins, tantouse, tu vois pas qu’on te cause ?!... Eh non, elle veut rien dire… Elle fait la tête… Ou bien elle parle qu’à ceux de son bord… Hou !... Hou !... Ca a vraiment pas de couilles… T’as vu comment ça a détalé ?!...  Putain, moi ce qui me plairait un jour, c’est d’en démolir une… Mais alors proprement… carrément… Qu’elle s’en souvienne… Qu’elle ose plus se montrer… Je te prendrais un de ces pieds !... C’est du sûr à cent pour cent en plus… Qu’est-ce tu veux qu’elle aille se plaindre ?... Tu dis aux flics qu’elle t’a cherché, qu’elle t’a fait des avances… T’es quand même pas obligé de subir leurs sales pattes, merde !... Ca a le droit de te dégoûter…Déjà que t’es obligé de supporter leur existence… Eh… vise l’autre là-bas derrière la camionnette… Mais non , pas celui au cartable… l’autre avec le truc violet… Encore un !... Un qui sait pas qu’il l’est en plus !... Parce que… je l’ai lu dans un journal - c’est scientifique - les toubibs ils ont découvert qu’il y en a qui le sont et ils savent même pas qu’ils le sont… Ils ont l’air normal comme ça… on dirait pas, mais en réalité ils sont même trop cons pour s’apercevoir qu’ils en sont… Ils pensent qu’à ça et ils s’en rendent même pas compte… Faut vraiment être taré, non ?…

Par François - Publié dans : histoires méchantes, méchantes histoires
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Lundi 14 mai 1 14 /05 /Mai 19:40

P R E M I E R     A M O U R  ( 2 )

 

 

- Entrez, docteur, entrez !... Faites pas attention au désordre… Elle a toujours été… C’est le docteur, Hélène !... Oui… Elle voulait aller vous voir là-bas, mais comme je lui ai dit : Ne sois pas stupide, Hélène, enfin !... Le docteur peut très bien se déplacer… Et c’est remboursé en plus… Elle n’a pas fermé l’œil de la nuit… Alors elle allait quand même pas courir jusque là-bas… Oui, parce qu’elle arrête pas de me vomir… Trois jours que ça dure… Ca y fait rien du tout les cachets… - Vous avez mal quelque part ? - Je.. - Mais non elle a mal nulle part justement !… C’est bien ça le problème ! C’est nerveux… Je me tue à le lui répéter… Elle arrête pas de se faire du souci pour tout et pour rien… Si seulement elle voulait prendre un peu sur elle, mais il n’y a jamais eu moyen de la raisonner… Toute petite déjà… Mais redresse-toi, Hélène, enfin !... Tu vois bien que le docteur veut que tu te redresses… Oh, pour ça, sa tension a toujours été très bonne. Toujours. Jamais de problèmes de ce côté-là… Non… Ce sont ces nausées en permanence… ces vomissements à n’en plus finir qui m’inquiètent… - Qu’est-ce que vous avez mangé hier soir ? - Moi, normalement… mais elle rien… Elle a chipoté un yaourt… Et encore !... Parce que j’ai insisté… Ah, elle m’en aura fait voir, vous savez, docteur !... Elle m’en aura fait voir !... Et ça continue… Si encore elle était vraiment malade… Bon… Je me ferais une raison… Je la soignerais… Mais elle a rien du tout… Elle se dégringole avec des bêtises… Comme si c’était sorcier de faire tenir tranquilles une vingtaine de gamins… Ce serait de moi je vous assure qu’ils auraient pas intérêt à bouger… Mais elle, elle sait pas les tenir… Elle les laisse lui monter sur la tête et forcément elle ressasse… Elle n’arrête pas de ressasser… Ce qu’ils lui ont fait… Ce qu’ils vont lui faire… Comment voulez-vous qu’elle s’en sorte ?

 

 

- Allô !?... Ben oui, c’est moi !... Qui veux-tu que ce soit ? Alors, ça va ?... Allô !?... Je t’entends très mal… Est-ce que tu manges mieux ?... Hein ?... Beaucoup mieux ?... Et qu’est-ce qu’ils te donnent ?... Moi aussi… Je dis  moi aussi j’aurais pu t’en faire si tu m’en avais demandé… Mais avec toi il n’y a jamais moyen de savoir… Oui… Dis-moi… Tu sais quoi ?... Eh bien j’avais raison… La petite Fournel est enceinte… Si, si !... Inutile de te dire que les parents sont catastrophés… la mère surtout… elle n’ose plus sortir… Tu verrais tout ce que les gens racontent !... Ca tombe vraiment mal que tu sois pas là en ce moment, je t’assure !... Bon… Mais alors tu rentres quand ?... Comment ça t’en sais rien !?... Ils t’ont rien dit ?... Mais demande-leur au moins !... Comment veux-tu qu’ils te disent si tu leur demandes pas ?... Tu es incroyable par moments, je t’assure !... En tout cas débrouille-toi pour être rentrée le 23… Absolument… Tu sais quelle importance ça a… Tu sais ce qu’on a dit… De toute façon ils vont pas te garder… Pourquoi voudrais-tu qu’ils te gardent ?... Il y a aucune espèce de raison… Parce qu’ils te font quoi là-bas ?... Discuter… Discuter… Comme si il y avait besoin de faire 500 kilomètres pour aller discuter… Et leurs médicaments tu peux très bien les prendre ici… Ici tu as tout pour être heureuse… Le confort… La tranquillité… Tu serais quand même mille fois pour te reposer qu’avec ces demi-cinglés dont on ne sait jamais ce qui va leur passer par la tête… Parce qu’à force tu finirais par le devenir aussi cinglée, oui !...

 

 

- Eh bien, tu manges pas ?... Soi-disant que tu adorais ça là-bas, que tu en ingurgitais de pleines plâtrées… A croire qu’il suffit que ce soit moi qui te prépare quelque chose pour que ça te plaise pas…Pour que tu rechignes… En tout cas une chose est sûre, c’est que ça n’a servi à rien tout ça… C’est même pire qu’avant… Tu ne manges pas… Tu ne dors pas… Tu n’es même plus fichue d’aller faire cours… Tu chiales toute une journée… Ah, joli résultat !... Ils peuvent être contents d’eux !... Et quand je pense que cet imbécile de Boyer n’a rien trouvé de mieux que de vouloir te renvoyer là-bas !... Ca lui a même pas servi de leçon de voir dans quel état tu es revenue… Seulement évidemment, eux, ça les arrange… Dès qu’il s’agit de se remplir les poches tu penses bien qu’ils s’entendent comme larrons en foire… Il y a longtemps que j’ai vu clair dans leur petit manège, moi !… Et s’ils s’imaginent que je vais les laisser me mener en bateau comme ça pendant des mois !… Que je vais attendre après eux… Non… Il va falloir qu’on trouve nous-mêmes de vraies solutions… Que je prenne les choses en mains… Comme d’habitude… Parce que… il faut bien regarder les choses en face… tu es absolument incapable d’exercer correctement ton métier… Dieu sait pourtant les sacrifices que tu m’a coûtés… Tu en seras toujours incapable… Inutile de se raconter des histoires… Et tu vas y laisser la santé en plus… Alors voilà ce que j’ai pensé… Tu sais que la Lili prend sa retraite… Qu’elle a mis sa mercerie en vente… C’est une affaire qui a toujours bien tourné… J’ai décidé de la reprendre… Avec l’héritage de ta grand-mère qui dort à la banque… On travaillera ensemble… Tu m’aideras…J’ai pris rendez-vous avec Duval… On signe demain…

 

 

Toutes les trois elles ont de grandes crises de fou rire… A ne plus pouvoir s’arrêter… Manon est impayable quand elle imite quelqu’un… Tout le monde le dit… Tout le monde voudrait être avec elle… Elles rient…Elles parlent… Beaucoup… Vraiment… Souvent Manon croit encore qu’ils la poursuivent  et elle a envie de se tuer… Ca lui vient d’un coup et ça l’étouffe… Anne pleure tous les jours… Elle ne peut pas s’empêcher… Elles lui tiennent la main sans rien dire… Elle, elle leur a raconté pour Hervé…

 

 

Le soir, quand elles sont paisibles, elles sont bien… Il y a la musique de Manon, sereine, apaisante qu’elle écoute en faisant son grand puzzle… Anne lit dans la lumière, étendue sur son lit… Elle, elle pose l’album devant elle sur la table… Elle tourne les pages… Elle regarde les photos… Elle rêve… Elle relit toutes ses lettres soigneusement rangées à la fin de l’album… Et puis elle retourne ses mots à elle… Longtemps… Les reprend et les reprend encore… Quand elle commence à écrire Anne et Manon ont éteint depuis longtemps… Elle commence : Maman chérie,

 

Par François - Publié dans : Premières fois
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Jeudi 10 mai 4 10 /05 /Mai 05:58

P R E M I E R     A M O U R

 

 

 

- Déjà !… Mais tu as couru, ma parole !…

Il écrit tous les jours. Presque. Chaque matin le soir elle aura sûrement une lettre.

- Ca a été ta journée ?… Pas trop fatiguée ?…

Elle n’est pas sur le bureau. Ni sur la petite table.

- Ils étaient comment les quatrièmes ? Pas trop excités ?

- Comme d’habitude…

Près de la pendule non plus. Ni sur…

- S’ils ne veulent pas travailler de toute façon c’est leur affaire !

Où est-ce que ?… Peut-être sur le frigo… Elle le fait quelquefois…

- Je vais boire un jus d’orange… la craie… je reviens…

- Et ta collègue de Maths, ça s’est arrangé comment son histoire ?

- Sais pas. Elle en parle plus.

- Moi, on m’aurait fait une chose pareille ça se serait pas passé comme ça, je t’assure…

- J’ai pas une lettre ?

- Une ?… Non… C’était hier… Ah, si !.. Oui… Ce matin aussi… Toujours la même écriture… Où j’ai bien pu la mettre ?

Exaspérante… Horripilante… Mains sur les hanches, sourcils froncés, puis à retourner les poches de son tablier, le tiroir de la petite commode, à tout éparpiller sur le buffet…

- Mais où est-ce que ?… Ah, la voilà !… Non… Non… C’est pas ça… Elle a dû rester sur la télé avec le journal… Ah, je savais bien !… Où tu vas ? Travailler ?… Tu les as finies les dictées des troisièmes ? Et les sixièmes, tu en es où ?… On mangera pas trop tard, hein ?… On va manger… Qu’on soit tranquilles après… Qu’on ait toute la soirée pour nous…

 

 

     Quand elle lui écrit… - Mais tu n’as même pas fini ton dessert, écoute, Hélène, tu n’es pas raisonnable… Bon… Bon… Je te le garde pour tout à l’heure pendant le film… Je t’appellerai… - quand elle lui écrit elle sort d’abord sa photo de l’album, de la page où ils seront peut-être un jour tous les deux plus tard si… Elle l’appuie devant elle contre les livres… Puis, elle relit ses lettres… Toutes… L’une après l’autre… Celle de son enfance  - si pudique, si retenue - l’amène toujours au bord des larmes… Celle du métro la fait rire aux éclats… Celle de Rochefort lui donne envie de le protéger… Il est fragile au fond, si fragile, beaucoup plus qu’il ne le croit… Qu’il ne voudrait le reconnaître… Sous les airs qu’ils se donnent les hommes… Elle sourit… Elle pourrait tant pour lui… Elle le voudrait tant… Elle se consacrerait à lui… Elle le saurait si bien… S’il voulait, elle… Ne pas le brusquer… Ne pas l’effaroucher… Elle le fixe longuement. Comme si elle allait pouvoir le lire, le déchiffrer tout entier au mouvement des lèvres, à l’éclair des yeux… Elle n’aime pas cette photo. Pas du tout. Il ne s’y ressemble pas, elle en est sûre, ce n’est pas lui… - Je n’ai que celle-là… a-t-il écrit comme si cela n’avait aucune importance, comme si elle n’avait pas que… Elle est dans l’escalier, légère, silencieuse… La huitième marche grince toujours… Vite, très vite, tout disparaît. Et c’est brusquement comme avant. Exactement. Comme quand… - Qu’est-ce que tu fais ?… Grand trait de crayon rouge rageur dans la marge… - Hein ?… Qu’est-ce que tu fais ?… Penchée par-dessus son épaule…    - Rien… Je… - Tu travailles encore ?… - Oui… Non… Je… - C’est le film… Ca commence… Dépêche-toi !… Tu vas encore rater le début…

 

 

 - On l’a déjà vu !… Si, on l’a déjà vu, je t’assure !… Ca te rappelle rien, là,  ce bâtiment ?… Et lui, qu’est-ce qu’il peut bien faire en ce moment ? Est-ce qu’il est en train de lui écrire ? Ou bien de répondre à une autre annonce ?… Elle ne le supporterait pas… Non, elle ne le supporterait pas… - Ah, tu vois, je savais bien, j’en étais sûre : c’est l’usine où, après, quand il va revenir… Est-ce qu’elle aimera partager ses passions ?… Les minéraux… Les ordinateurs… Elle n’est pas sûre… Il lui montrera… Il lui apprendra… Elle aimera tout pourvu que ce soit avec lui… - T’avoueras qu’ils se foutent du monde… L’année dernière ils l’ont passé… En novembre… En novembre, oui… Ou peut-être en Octobre… Tu te rappelles pas ?… Oui… Plutôt en octobre… Maintenant il faudrait qu’ils se voient… Vraiment… Enfin… Cela changerait tout. Tout. Ne pas le brusquer. Surtout ne pas le brusquer… - Il a vraiment une tête à claques cet acteur, tu trouves pas ?… Il s’appelle comment déjà ?… Où tu vas ?… Te coucher ?… Déjà !?… Attends… Attends… Sur la deux il y a autre chose… Mais si, tu sais bien, on avait tellement ri…

 

 

 Quand elles montent - onze heures déjà !… C’est pas possible !… Je n’ai pas vu passer cette soirée… - elle le retrouve. Enfin. Les mots qu’elle lui écrit. Qu’elle lui dit. Qu’elle modèle, qu’elle sculpte. Lentement. Amoureusement. Qu’elle surveille aussi. Qu’ils n’aillent pas la trahir, se mettre à aller dire autre chose… Ce serait vraiment trop bête s’il allait la voir comme ça, s’imaginer qu’elle cherche à le… alors que c’est à cent mille lieues de ce qu’elle est, de ce qu’elle veut vraiment… Souvent il faut tout recommencer. Les mots ont pris un autre sens, celui qu’elle ne veut pas justement. Sans même qu’elle s’en rende compte. Elle recommence. Deux fois. Trois fois. Autant que nécessaire. Même après quand c’est fini, qu’elle a fermé la lettre, qu’elle l’a postée, elle continue à les interroger. Leur souvenir. Ils prennent toutes sortes de directions imprévues et ses doutes deviennent certitudes. Jusqu’à ce que sa réponse l’apaise… - Tu ne dors pas ?… Tu sais l’heure qu’il est ?… J’ai vu la lumière… Je me suis dit… Tu n’es pas malade au moins ?… Demain matin tu… Tiens, tu as écrit ?… A qui ?… Je te la posterai si tu veux… Ca t’avancera… Donne, mais si, donne !…

 

 

 - Oh, mais c’est une petite cachottière, vous savez !… Vous verrez… Non, non, rien pas un mot… Pas ça… Même à moi, vous vous rendez compte ?!…

Il est assis tout droit, tout au bord du fauteuil, sans bouger… Il regarde au-dessus du buffet. Juste entre les deux tableaux…

- C’est pour ça, vous pensez bien, hier soir au téléphone je n’allais pas laisser passer l’occasion !…

Ce bronze sur la cheminée avec les chandeliers est d’un ridicule achevé. Elle…

- Quatre fois, j’ai pensé, quatre fois qu’ils se voient… Qu’elle invente des prétextes à dormir debout et elle ne l’amène pas… Mettez-vous à ma place !…

Le soleil tombe juste sur ses cheveux… S’il ne remuait pas tant la tête il…

- Eh bien, Hélène, tu rêves ?… Regarde, voyons, le verre de ton ami est vide !… Et puis, vous avouerez, vous êtes quand même mieux ici, non ?… Plus tranquilles pour bavarder… Au lieu de traîner dehors avec le temps qu’il fait… Ou dans un café avec le brouhaha… Vous aimez le café ?… Oui ?… Vraiment ?… Il faut le dire franchement, vous savez… Autrement… Quand j’étais pensionnaire - on avait des correspondants à l’époque - le tout premier dimanche quand je suis allé chez eux : - Tu aimes le moka, ma petite ?… Et moi, poliment : - Oh oui, Madame !… J’ai horreur du moka… Et tous les dimanches j’ai dû avaler mon moka… La petite adore le moka… Jusqu’au jour où… Eh bien, Hélène, mais va faire le café, voyons !… Tu vois bien que ton ami attend !… Elle n’est pas toujours comme ça, vous savez !… Heureusement !… Heureusement qu’elle vous… Il était temps, vous savez, Hervé !… Vous permettez que je vous appelle Hervé ?… Il était grand temps !… Elle a quand même eu 31 ans en septembre… Pas trop fort le café, Hélène, hein !… Elle est tellement indépendante aussi… tout le portrait de son père… Qui ne supportait pas la moindre contrainte… la moindre obligation… Quand on sait où ça l’a mené !… Et pourtant !… Et pourtant !… C’est de l’or qu’il avait dans les mains… De l’or !… Elle vous a parlé de lui ?… Vous savez, Hervé, ce n’est pas pour me plaindre ni me jeter des fleurs - ça n’a jamais été mon genre - mais je n’ai pas eu une vie très drôle, c’est le moins qu’on puisse dire… Et j’en connais beaucoup qui, à ma place, auraient perdu complètement pied… Je vous raconterai, vous verrez !… Et si Hélène aujourd’hui… Tu as oublié le sucre, Hélène !… Vous prenez du sucre, Hervé ?… Il va falloir que nous nous fassions à vos habitudes… A vos petites manies…

Il sourit. Il tourne sa cuiller indéfiniment dans sa tasse. Il sourit.

- Vous l’aimez ?… C’est une toute petite épicerie à côté… Ils le font venir spécialement… Ca se sent, hein ?!

Elle vide sa tasse d’un trait…

- Bon… Bon… C’est pas tout ça, mes enfants…

Elle se lève…

- C’est que j’ai mille choses à faire, moi !… Il faut bien que vous puissiez papoter un peu…

 

 

- Il a dit… Il a dit que tu ne…

Elle lâche la pomme de la douche, elle se…

- Ne sois pas stupide, Hélène !… Je suis ta mère… Tu es ridicule… parfaitement ridicule !…

On ne peut jamais la régler exactement comme on veut. Jamais. C’est toujours trop chaud. Ou trop froid…

- C’était la première fois qu’il restait le soir… Tu ne crois pas que tu aurais quand même pu au moins faire l’effort de te lever et de déjeuner avec lui ?… C’était la moindre des choses, non ?

L’avantage d’avoir les quatrièmes à neuf heures c’est qu’ils ne sont pas encore tout à fait réveillés… L’année prochaine elle ne travaillera que le matin. Sauf le samedi. Si c’est possible…

- J’en étais sûre, remarque, je l’aurais parié !… Je vous ai entendus cette nuit… Je me suis dit : Oh, toi , ma petite, quand tu n’as pas ton compte de sommeil… Et ça n’a pas loupé…

Si Bertrand Barraud pouvait avoir la bonne idée d’être encore absent… Ce serait trop beau… bien trop beau…

- On a déjeuné tous les deux… On a beaucoup parlé… Beaucoup… Il est charmant, si, vraiment charmant, tu sais !… Il faudra acheter de la confiture d’oranges : il adore ça… Tu savais qu’il était allé aux Indes ?… Il m’a raconté des choses passionnantes sur les castes et la religion là-bas… Qu’on n’irait pas imaginer… On se demande où ils vont chercher tout ça. Vraiment. On l’écouterait pendant des heures, tu sais !… Sans se lasser…

Quand elle aura un vrai chez elle il faudra que…

- Tu vas rester longtemps là-dessous ?… Tu vas avoir la peau toute… Non, c’est vrai, je commence à être rassurée… moins inquiète, disons… Tu veux la serviette ?… Jamais je n’aurais pensé que tu… Tu sais ce que j’ai pensé ?… S’il venait avec nous à Belle-Ile cet été ?… Il sera en Vacances le 12… Il nous rejoindrait là-bas… Moi, je prendrais la chambre verte… Pour une fois je n’en mourrai pas… Je lui en ai touché un mot… Il est tout à fait… Tu vas mettre cette robe-là ?… Non… Non… Pour rien… Comme ça… Ca n’a pas l’air de t’emballer, dis donc, mon idée, on peut pas dire… C’est vrai que je devrais être habituée depuis le temps… Il suffit que je veuille te faire plaisir pour que ça tombe à côté… C’est plus fort que toi… Tu ne peux pas t’empêcher de prendre le contre-pied de tout… A l’avenir je… Oh, mets ce que tu veux !… Tu es assez grande pour t’habiller toute seule, non ?… Alors comme ça tu ne veux pas qu’il vienne à Belle-Ile avec nous ?… Comment tu n’as pas dit ça ?… Ca, c’est la meilleure alors !… Est-ce que t’as vu la tête que tu fais ?… Ca fait un quart d’heure que tu ne desserres pas les dents… Ca fait un quart d’heure que je me tue à t’expliquer que… et toi, tu as le culot de venir me soutenir que tu… Eh ben alors !… Eh ben alors !… Je ne vois pas pourquoi tu fais tant d’histoires… On lui dit de venir un point c’est tout… Il faut toujours que tu compliques tout, ma pauvre Hélène, alors que ça pourrait être si simple… La bleue… mais oui, bien sûr, mets la bleue…

 

 

- Et Hervé ?… Mais réponds, Hélène, à la fin !… C’est agaçant !… Hein ?… Où est Hervé ?… Comment ça, c’est fini ?… Qu’est-ce que tu me chantes là ?… Ca ne finit  pas comme ça du jour au lendemain sans raison… Ca n’existe pas… Qu’est-ce qui s’est passé ?… Comment ça rien ?… Il s’est forcément passé quelque chose, Hélène, enfin, voyons !… Réfléchis !… Ne raconte pas n’importe quoi !… Vous vous êtes disputés ?… Et ne chiale pas comme ça !… A quoi ça t’avance ?… Il y a sûrement une solution… Tu as bien dit quelque chose… ou fait quelque chose… je sais pas, moi !… Essaie de te rappeler… Comment ça t’en sais rien ?… Mais enfin, Hélène, Hervé n’est pas quelqu’un à disparaître comme ça sans explications… Je vais l’appeler moi-même… Je veux en avoir le cœur net… Il faudra bien qu’il me… Mais enfin, Hélène, c’est le seul moyen de savoir et ce n’est sûrement pas en restant les deux bras croisés sur ta chaise que tu vas pouvoir… Hervé est quelqu’un qui… Hervé… pas quelqu’un pour toi ?… Laisse-moi rire !… Non, mais où est-ce que tu es encore allée me chercher ça ?… Pas quelqu’un pour toi !… Qu’est-ce que c’est quelqu’un pour toi ?… Hein ?… Est-ce que tu peux seulement me le dire ?… Comme si tu pouvais encore te permettre de faire la fine bouche !… Comme si maintenant tu pouvais espérer… Mais remets les pieds sur terre, Hélène, enfin !… Où vas-tu pêcher toutes ces idées ?… Qui c’est qui t’a mis tout ça dans la tête ?… Hein ?… Et ne me dis pas que c’est toi qui… Mais c’est qu’elle en est bien capable !… Mais c’est qu’elle va avoir… Regarde-moi, Hélène !… Regarde-moi !… C’est toi qui… Ne dis pas le contraire !… Ma pauvre Hélène !… Non… Tu… Non… Il vaut mieux que j’en prenne mon parti… Une bonne fois pour toutes… Tu n’es pas faite pour ça… un point c’est tout… Tu es bien trop indépendante… bien trop préoccupée de toi-même, de ta petite personne pour savoir un jour te dévouer vraiment à un homme… Il faut se faire une raison… Quoi qu’il en coûte… On ne te changera plus… Et qui d’autre qu’une mère saurait, aurait la patience de te…

 

 

Le commutateur a heurté deux fois - très légèrement - la cloison. Elle a dû éteindre. Sûrement. Sûrement elle a éteint. Elle ne bouge pas. Elle écoute. Longtemps. Oui, elle doit dormir. Elle dort…

Alors elle déplie le journal - lentement - avec mille précautions pour que les pages n’en craquent pas. Tout à l’heure sur le banc du square elle en a marqué deux d’une croix - très vite - pour ne pas être en retard…

Pendant le film à la télé elle a longtemps hésité… - A quoi tu penses ?… Tu n’es pas avec moi - elle a failli renoncer, remettre à plus tard et puis elle s’est brusquement décidée. Ce sera le deuxième…

Ciseaux qui mordent le papier. L’arrachent à la foule délaissée des inconnus. Elle sourit, relit ces quelques mots qui sont déjà les siens. Avec tendresse. L’album. Point de colle. Elle s’applique. Comme quand, petite fille, elle collectionnait les images de chocolat. Elle sourit. Dans sa première lettre il faudra qu’elle lui dise que…

La porte… Trop tard…

Par François - Publié dans : Premières fois
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