Jeudi 18 septembre 4 18 /09 /Sep 06:26

Jeudi 18 Mai 2034

 

Tout le monde ne réagit pas comme Valentine. Tant s’en faut. On ne parle plus que de ça. Partout. Ca ressasse, ça ressasse et ça ressasse encore. On cherche à se rassurer. Sans jamais y parvenir. Les Cassandre s’en donnent à cœur joie et sapent allègrement le moral de celles qui s’efforcent de conserver un minimum d’optimisme. En parler n’avance à rien. Tout le monde le sait. Personne ne peut s’en empêcher. Nous non plus. On avait pris de sages résolutions : entre nous ici, à la maison, pas un mot là-dessus. Jamais. On n’arrête pas. D’une façon ou d’une autre ça revient sans arrêt sur le tapis.. Parce que ça nous habite la tête à toutes. C’est peut-être ce qui a mis Valentine en fuite : elle n’est pas rentrée depuis hier matin. C’est une explication, mais je sais bien que ce n’est pas la bonne… Elle est avec une fille…

 

 

 

Vendredi 19 Mai 2034

 

Moi aussi… J’allais pas rester là à me morfondre toute la soirée toute seule et je suis retournée au bar de l’autre jour… La tête d’Ophélie quand elle m’a vue !… - C’est toi !… C’est pas vrai que c’est toi !… Tu peux pas savoir ce que je suis heureuse !… Elle l’était… Transfigurée… Les yeux embués… Les yeux chavirés… Ivre de l’envie de moi… Elle m’a entraînée… Elle m’a emportée… - Viens !… S’il te plaît, viens !… Viens !… Dans sa chambre… - Toi !… Toi !… Toi !… Elle m’a fougueusement déshabillée – dépiautée – poussée vers le lit… Elle a enfoui sa tête entre mes cuisses… Gémi du bonheur d’y être… Heureuse de moi…  Et j’ai été heureuse de son bonheur de moi…

 

 

 

 

22 heures

 

Monelle a soupiré… - Tu te poses beaucoup trop de questions… Tu t’en es toujours beaucoup trop posé d’ailleurs… Pourquoi vouloir à tout prix définir ce qu’on éprouve ?… Mettre des mots sur les sentiments ?… Est-ce qu’on ne peut pas se contenter de vivre tout simplement ?… Tu es bien avec Valentine… Continue… Tu es bien avec Ophélie… Continue… Et arrête de couper les cheveux en quatre… De tout compliquer… - Il faut bien savoir… - Savoir quoi ?… Si t’es amoureuse ?… Et de laquelle ?…  Quel intérêt ?… Tu veux que je te dise ?… Que je te dise vraiment ?… Il n’y a que de toi que tu sois amoureuse… Tu n’as jamais été amoureuse que de toi… De l’image de l’amour que tu t’es forgée à quatorze ans… Et dans laquelle il faut que les autres rentrent coûte que coûte… Bon gré mal gré… Ce n’est pas ça aimer… Il n’y a pas L’AMOUR… Il y a DES amours… Uniques et irremplaçables… Qui s’inventent chaque fois différentes avec chaque partenaire… Tant qu’on n’a pas compris ça… Mais tu n’en es plus très loin… Tu en es même tout près…

 

 

 

Samedi 20 Mai 2034

 

5 heures du matin

 

Après ma conversation avec Monelle, hier soir, j’ai brusquement éprouvé l’impérieux besoin d’aller dialoguer avec Christopher. Pourquoi lui ? Je ne sais pas. Il était occupé ailleurs et j’ai dû insister longtemps. Près d’une heure… - Tiens, une revenante !… Ben, où t’étais passée ?… On a eu un peu de mal au début, mais on a très vite retrouvé nos marques et on a discuté comme deux vieux copains jusqu’à cinq heures du matin. Il est – comment dire ? – désabusé. Sans plus de goût à rien… - Le temps passe, c’est tout… Chaque jour ressemble à tous les autres. Les mêmes trucs à faire. Les mêmes têtes. Les mêmes petites histoires. Les mêmes petites plaisanteries. Les mêmes engueulades pour les mêmes conneries. T’as rien. Rien qui te donne vraiment envie de vivre. Si tu regardes devant toi qu’est-ce que tu vois ?… Un demain qui va ressembler comme deux gouttes d’eau à aujourd’hui. Et à tous les jours d’avant. Et à tous ceux d’après. Complètement vides. Rien pour les habiter. Enfin, si !… La trouille… La trouille que malgré toutes les précautions qui sont prises ça finisse par te tomber dessus à toi aussi… Sans parler des catastrophes qu’on nous annonce et dont personne ne sait si nos scientifiques et nos politiques seront capables de nous les éviter… Et on peut sérieusement en douter… Alors tu sais ce que c’est le pire ?… C’est de te dire que tu vis peut-être tes dernières semaines et que tu ne peux même pas en profiter… Que t’as rien pour les habiter… Si tu savais comment on vous envie, vous, à l’extérieur, de pouvoir vivre à plein… Ce que vous voulez… Comme vous avez envie… - On le fait pas forcément… - Oui, mais vous pouvez le faire…

 

Il a raison. Evidemment qu’il a raison. On se pose beaucoup trop de questions. Il faut vivre, vivre et encore vivre. Tout de suite. Maintenant… Nous on a la chance de pouvoir le faire…

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Dimanche 14 septembre 7 14 /09 /Sep 21:59

Dimanche 14 Mai 2034

 

- Je serai pas là ce soir… Juste ça. Sans autre explication…. Je ne me suis pas abaissée à lui demander où elle allait, ni pour faire quoi, ni avec qui… - Oui, je ne serai pas là ce soir… - Ca tombe bien… Moi non plus… Et, hier soir, je suis effectivement sortie. Sans véritable envie. Sans but. Je me suis promenée au hasard et j’ai fini par échouer dans ce bar où Monelle nous avait entraînées le soir de l’anniversaire de Valentine. Il y avait cette fille qu’elle nous y avait présentée, qui m’a tout de suite reconnue, qui est venue s’asseoir à ma table. J’avais besoin de parler. J’ai parlé. On a bu. Plus que de raison. Je n’ai pas l’habitude. J’ai sombré. J’ai vaguement senti qu’on me portait, qu’on me déshabillait. Je me suis endormie comme une masse…

 

Au réveil il faisait grand jour. Des lèvres me couraient, précises et douces, sur la peau… Je les ai laissé y errer à leur guise. Elles sont remontées. Se sont posées sur les miennes. Une langue s’est insinuée entre elles. Tout s’est brusquement fait plus ardent, plus passionné. Elle s’est savamment occupée de mes seins. Elle m’a ouverte. J’ai chaviré. Elle a insisté… Insisté encore… J’ai perdu pied… Elle est venue se couler contre moi, m’a picoré le cou de petits baisers… - Quelle jouisseuse tu fais !… Et dire que je sais même pas comment tu t’appelles… - Roxane… Et toi ?… - Ophélie… Tu reviendras ?… On se reverra ?… - Je sais pas… Peut-être… - Reviens, s’il te plaît, reviens…    

 

J’ai précipitamment regagné la maison… Valentine était rentrée… - Je peux te parler ?… Et je lui ai tout dit. D’un trait. Sans reprendre mon souffle… Elle a souri… - Tu fais bien ce que tu veux… Tu n’as pas de comptes à me rendre… - Ca t’est complètement égal alors que j’aille avec une autre !… Tu t’en fiches… Elle m’a attirée contre elle, a plongé ses yeux dans les miens… - Je m’en fiche pas, non… Ce que je veux, c’est que tu sois heureuse… Epanouie… Comme tu l’entends… Avec qui tu l’entends… Sans te poser de questions qui n’ont pas lieu d’être… - Tu as d’autres filles que moi, hein !?… - Oui… Et ça ne t’enlève rien à toi… Ni à elles non plus d’ailleurs… A personne… En amour ce qu’on donne à l’une on ne le prend pas à l’autre… Au contraire… Chaque relation s’enrichit de toutes les autres… Non ?… Tu crois pas ?… - Je sais pas… Dans un sens je me dis que oui et dans un sens je me dis que non… Elle m’a doucement embrassée… - Va vite t’habiller… Je t’emmène au restaurant…

 

Dans la rue elle m’a enlacée. On a marché longtemps, lentement, serrées l’une contre l’autre. On croisait d’autres femmes qui nous enveloppaient, au passage, d’un regard complice ou indifférent, rarement réprobateur… - T’as envie d’aller où ?… - Où tu veux… Choisis, toi !… Ca a été un restaurant de fruits de mer et de poisson au bord de l’eau… Au dessert je n’ai pas pu m’empêcher de poser la question… - Tu crois que ça va durer nous deux ?… - Il n’y a pas de raison… A condition qu’on ne se montre ni possessives ni exclusives l’une avec l’autre… C’est quelque chose que, pour ma part, je ne supporterais pas… Et que tu ne supporterais pas non plus… Ce qui t’est arrivé hier soir se reproduira… Tu auras envie d’autres femmes que moi… Mais bien sûr que si !… Et c’est parfaitement légitime… Si tu y renonces à cause de moi, sous prétexte de m’être fidèle, tu m’en voudras forcément, consciemment ou pas, et tu finiras par te détacher de moi, persuadée que je t’étouffe, que je t’empêche de vivre… Alors que c’est toi qui t’étoufferas toute seule… Comme une grande… Et je paierai les pots cassés… 

 

 

 

 

Mardi 16 Mai 2035

 

On vient de publier des chiffres extrêmement alarmants : dans trois ans la famine aura gagné l’Europe. C’est pratiquement inéluctable. A moins qu’on ne prenne immédiatement des mesures drastiques. Ce qui est le cas : tout ce qui peut être converti en terre agricole va l’être sans délai et toutes les terres agricoles, sans aucune exception – celles du moins qui ne sont pas totalement épuisées et qui pourront être irriguées – vont être exclusivement consacrées à la culture de produits de première nécessité. Il n’est pourtant absolument pas certain que ces mesures soient suffisantes. Et on laisse entendre que, dans un avenir très proche, les restrictions alimentaires ne pourront pas être évitées.

 

Reste à savoir si tout cela est vrai. Si on ne noircit pas à plaisir le tableau. Si on ne fait pas dire aux chiffres ce qu’on veut. Ou si on ne les a pas un peu « orientés » . Parce qu’ils tombent vraiment, comme par hasard, au meilleur moment possible pour nos dirigeantes qui font des pieds et des mains depuis des semaines pour nous convaincre qu’il convient de limiter, autant que faire se peut, le nombre des naissances masculines. Et qui y parviennent. Malgré la résistance bruyante et acharnée d’un certain nombre « d’attardées ». Elles vont bien évidemment jouer maintenant sur du velours : d’un côté il est indispensable d’assurer le renouvellement des générations, mais, de l’autre, il est tout aussi indispensable de restreindre le nombre des bouches à nourrir. La solution s’impose d’elle-même : il faut mettre au monde des filles, des filles et encore des filles. Et quelques mâles appelés à jouer ultérieurement le rôle de bourdons. Faut pas rêver : on est condamnées à se passer d’eux. Et pour longtemps. Et peut-être, en prime, à crever de faim. Il y a pas à dire : l’avenir s’annonce sous des couleurs radieuses…

 

- Il est pas encore là l’avenir… Et personne ne sait vraiment de quoi il sera fait… Personne… Alors on va pas le laisser nous gâcher le présent… Parce que le présent lui au moins on le tient… Et Valentine m’a entraînée dans la chambre. On a eu toute la nuit à nous. Rien d’autre que nous.

 

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Jeudi 11 septembre 4 11 /09 /Sep 07:43

Lundi 8 Mai 2034

 

Elles ont prévenu qu’elles ne rentreraient que demain. Ca tombe bien. On peut profiter à plein de ce long week end, Valentine et moi. Elle est adorable. Pleine de prévenances. Comme si j’étais ce qu’il y a de plus important au monde. Comme si rien d’autre ne comptait pour elle que de me donner un maximum de plaisir. J’en ai. A la folie. Et celui – évident – qu’elle prend à me l’offrir le démultiplie encore.

 

 

 

 

Mardi 9 Mai 2034

 

Ca y est !… Enfin !… Eh ben c’est pas trop tôt !… Depuis le temps qu’elle te tournait autour… Et que toi de ton côté… Je suis ravie pour toi… C’est beaucoup mieux quelqu’un d’expérience la première fois… Surtout pour toi… Qui te posais tant de questions… Qui t’en faisais tout un monde… Et alors ?… T’as trouvé comment finalement ?… Bien ?… - Oh oui !… Et même, à ce point-là, j’aurais jamais cru… - Ben oui, forcément !… On peut bien dire tout ce qu’on veut, mais qui, mieux qu’une femme, peut savoir comment s’y prendre avec une autre femme ?…

 

Elles acceptent toutes parfaitement la situation. Il faut reconnaître qu’elles seraient singulièrement mal placées pour y trouver quoi que ce soit à redire. La seule avec laquelle je me sois sentie quelque peu en porte-à-faux c’est Zanella… Qui a abordé d’elle-même le sujet… - C’est ma mère, oui !… Mais elle aurait pas intérêt à venir se mêler de mes histoires de cul… Alors je vois pas pourquoi j’irais mettre mon nez dans les siennes…

 

 

 

 

Vendredi 12 Mai 2034

 

« - Je ne connais personne d’aussi passif que toi… » Ce n’était pas dit sur un ton de reproche. Juste de constatation. Ce qui est vrai. Avec elle je m’abandonne. Je me laisse faire. Guider. Je ne prends pas la moindre initiative. Jamais. Son âge m’intimide. Et puis… je ne me suis jamais occupée d’une autre femme. J’ai peur de ne pas savoir, de me montrer si maladroite qu’elle va me rire au nez, me repousser… J’ai balbutié, lamentablement bafouillé… Elle m’a fait taire d’un baiser, m’a doucement pris la tête entre les mains, l’a guidée, posée sur son ventre. Je me suis bravement lancée. A tout petits coups de langue-découverte. Elle est plus âcre, plus acide, plus salée que moi. Elle a doucement ondulé du bassin avec un gémissement continu de fond de gorge. Je l’ai fouillée. J’ai fait chanter son bouton. On s’est endormies dans les bras l’une de l’autre…

 

 

 

 

21 heures

 

Ca m’a trotté toute la journée dans la tête… « - Je ne connais personne d’aussi passif que toi »… Il fallait l’entendre comment ?… J’ai fini par poser la question à Monelle qui a haussé les épaules… - Comment tu veux l’entendre ?… Comme elle l’a dit… - Elle a d’autres filles que moi alors… - J’en sais rien, moi !… Elle est très discrète sur sa vie privée Valentine… Mais ça paraît probable, oui !… - J’ai du mal à y croire… Quand elle me caresse, quand elle m’embrasse il y a tellement d’amour pour moi dans ses yeux… - Et alors ?… T’es trop, toi, dans ton genre !… C’est pas parce qu’elle t’aime que ça doit l’empêcher d’en aimer d’autres !… Non, mais attends !… Pendant des siècles avec les mecs on a joué au petit jeu du « T’es à moi… Je suis à toi… Tu m’appartiens… Je t’appartiens… » On a vu ce que ça donnait… Maintenant qu’ils sont plus là on va quand même pas remettre ça entre nous !… S’emprisonner les unes les autres… Se rabougrir à qui mieux mieux… Ce serait vraiment trop con… Non, tu crois pas ?…

 

Je sais pas… J’en sais rien… Je sais plus rien sur rien… Je me sens de plus en plus paumée…

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Dimanche 7 septembre 7 07 /09 /Sep 22:06

Mardi 2 Mai 2034

 

Le début des nouvelles restrictions d’eau c’était hier. Monelle s’est douchée avec Petra, sa copine. Zanella avec Aurore. Et moi la dernière, avec Valentine. Je me demandais comment elle allait réagir. Ca allait sûrement pas être facile pour elle de devoir se déshabiller complètement devant une gamine qui a la moitié de son âge. Moi à sa place… Mais non ! Ca a pas eu l’air en tout cas. Jamais on croirait qu’elle a 45 ans : un corps parfait. Des seins de rêve. Des fesses bien pleines et bien fermes. Je ne pouvais pas m’empêcher de la regarder. C’était plus fort que moi. Elle s’en est rendu compte. J’ai rougi. Elle a souri. J’ai quitté la salle de bains en toute hâte.

 

 

 

 

Jeudi 4 Mai 2034

 

En cherchant mes cours de l’année dernière je suis tombée, au grenier, sur un album de photos dont j’avais totalement oublié l’existence. Des photos d’avant. Un autre monde. Dont je sais – intellectuellement – qu’il a existé, mais auquel j’ai le sentiment de n’avoir jamais, moi, vraiment appartenu. Un peu comme si je feuilletais un livre d’Histoire. Oui, c’est ça. Mon père, mes frères ne me sont plus familiers que comme des personnages historiques. Ils n’ont pas, pour moi, d’autre réalité. Et c’est quelque chose de terrifiant.

 

 

 

 

Vendredi 5 Mai 2034

 

La douche avec Valentine est devenue une véritable épreuve pour moi. J’appréhende qu’elle me surprenne encore à la regarder et qu’elle me juge mal. Je fais tout ce que je peux pour que cela ne se reproduise pas, mais il y a forcément des moments où mes yeux se posent sur elle et des moments – ça peut pas être autrement, serrées comme on l’est dans cette cabine de douche – où je l’effleure par mégarde. Elle ne semble pas s’en apercevoir ou n’y attache pas la moindre importance.

 

 

 

 

19 heures

 

J’ai eu les résultats de mes premiers partiels. Une catastrophe. A laquelle je m’attendais. Je ne veux pas me chercher d’excuses, mais je ne suis pas la seule. Tout ce qui s’est passé ces derniers mois nous a toutes tenues à distance respectable de nos cours, devenus, par la force des choses, tout à fait secondaires. Et les examinatrices ont eu beau faire preuve d’infiniment d’indulgence c’est, dans l’ensemble, calamiteux. Pour que nous puissions nous investir individuellement dans nos études sans doute faudrait-il d’abord que nous ayons des perspectives d’avenir, que nous sachions collectivement où nous allons. Et ça !…

 

 

 

 

Dimanche 7 Mai 2034

 

Elles se sont disputées. Zanella accusait Monelle de tourner autour de sa copine. Ca a crié. Des gifles sont parties. Les deux autres s’en sont mêlées. Des portes ont claqué. On a fait des valises. On les a défaites. Et finalement tout le monde s’est réconcilié en grandes embrassades. Elles ont voulu aller fêter ça ensemble au restaurant et j’ai dîné en tête à tête avec Valentine. On a beaucoup parlé. Je lui ai raconté Kerwan. Jamais je n’avais parlé de lui comme ça. Aussi longtemps. A cœur ouvert. Même des choses que je ne m’étais jamais dites à moi-même. Elle m’a écoutée avec infiniment d’attention. Interrogée avec beaucoup de douceur. Je me suis épanchée. Sur tout. Et j’ai craqué. En interminables sanglots. Elle m’a prise dans ses bras. Je m’y suis blottie. Elle m’a caressé les joues, les paupières, les lèvres, murmuré à l’oreille des mots que je n’écoutais pas, mais qui m’apaisaient. Je me suis endormie tout contre elle. Dans la nuit j’ai vaguement senti qu’on me déshabillait, qu’on me mettait au lit.

 

Au réveil il faisait grand jour. Elle m’attendait pour déjeuner dans la cuisine. Seule. Les autres n’étaient pas rentrées… - Merci pour hier… Elle n’a pas répondu. Elle s’est contentée de sourire.

 

Sous la douche, après, avec elle, j’ai été prise d’une impulsion soudaine : j’ai jeté mes bras autour de son cou… - Merci… Oh si, merci !… Elle m’a serrée contre elle, seins contre seins. J’ai laissé tomber ma tête dans son cou. Elle a posé ses mains sur mes fesses. On n’a plus bougé.

 

- Viens !… Dans la chambre. Sur le lit. Appuyée sur un coude, elle m’a longtemps et amoureusement regardée… - Que tu es belle !… Elle est lentement descendue. Quand elle s’est approchée d’en bas je me suis ouverte. En grand. Pour ses yeux. Pour elle… Ses lèvres se sont posées sur moi, se sont occupées de moi. Je me suis engloutie dans un bonheur comme jamais.

 

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Jeudi 4 septembre 4 04 /09 /Sep 07:02

Jeudi 27 Avril 2034

 

J’ai passé l’après-midi chez Iliona. Elle va mieux. Les antibiotiques sont efficaces. Elle n’a plus de fièvre. Et surtout elle est rassurée. Elle a été infiniment touchée que je vienne la voir quand on ignorait ce qu’elle avait… - Tu es la seule… Il n’y a eu personne d’autre… Personne… - Faut pas leur en vouloir… On vit toutes des choses tellement compliquées en ce moment… - Oh, je leur en veux pas… J’en veux à personne… De toute façon, moi, avec les filles c’est jamais vraiment passé… Elles peuvent pas me voir… - Ne dis pas ça !… Zanella… Xadine… - Elles me supportent, c’est tout… Non, on ne m’aime pas… Les filles ne m’aiment pas… Et je le leur rends bien… Il y a qu’avec les mecs que je m’entends… Enfin que je m’entendais parce que maintenant… - Tu as tes contacts… - Oui, oh !… J’en ai fait le tour… Ca débouche sur quoi ?… Rien… Le type il se tape sa petite branlette… Il est content… Mais moi ?… J’ai besoin de sentir leur désir de moi contre moi, leur impatience dans mon cou, leurs caresses qui s’affolent, de voir leurs yeux quand plus rien d’autre ne compte pour eux que le bonheur d’être en moi et de s’y répandre… Alors… J’y vais toujours à l’ordi, oui… Pour en garder un maximum sous le coude au cas où ils finiraient par nous revenir… Mais j’y vais de plus en plus à reculons… C’est trop frustrant… Je me demande comment elles font les autres… - Il y en a de plus en plus qui se débrouillent entre elles… - Alors ça c’est un truc, moi, je pourrai jamais… Rien que d’y penser ça me dégoûte… - Toute seule aussi il y a des solutions… - Oui, oh, bof !… T’y arrives, toi ?… Moi, ça a jamais rien donné, mais alors ce qui s’appelle rien… Non… Une vie sans hommes je me dis de plus en plus que ça vaut pas la peine… Qu’il voudrait mieux crever…

 

 

 

 

Vendredi 28 Avril 2034

 

On s’y attendait : à partir du 1er Mai nouvelles restrictions d’eau. On devra impérativement respecter les quotas. Dès qu’on aura atteint le volume auquel on a quotidiennement droit – communiqué par voie de presse – le compteur sera automatiquement bloqué. Ce qui va nous contraindre à nous montrer extrêmement vigilantes. Notamment en ce qui concerne les douches. Pas d’autre solution que de les prendre ensemble. Deux par deux. En économisant au maximum.

 

 

 

 

Samedi 29 Avril 2034

 

Monelle a soupiré… - Mais lance-toi !… Une bonne fois pour toutes… Lance-toi au lieu de tourner comme ça indéfiniment autour du pot… T’en crèves d’envie… - Mais non, mais… - Non ?… Tu te vois pas !… Dès qu’on est toutes seules toutes les deux tu reviens là-dessus… Tu parles plus que de ça… Alors vas-y !… D’autant qu’il y en a une qui demanderait pas mieux… Rien qu’à la façon dont elle te couve des yeux… - Ah oui, qui ça ?… - Cherche un peu… Réfléchis !… Quelquefois on va chercher bien loin ce qu’on a tout près… Et elle m’a plantée là… Je me demande ce qu’elle a voulu dire, à qui elle peut bien faire allusion…

 

 

 

 

23 heures

 

Depuis que leurs copines sont pratiquement à demeure ici Monelle et Zanella ont complètement laissé tomber Christopher. Et c’est moi qui m’y colle. Pas forcément de gaîté de cœur. Parce qu’il est devenu lourd. Il arrête pas de se plaindre. Encore ce soir. On le sait que c’est pas drôle ce qu’ils vivent, mais nous non plus. Et c’est pas en ressassant sans arrêt que ça y changera quelque chose. Même les trucs de cul j’y ai plus vraiment de goût avec lui . C’est devenu toujours trop pareil. Et Iliona a raison. C’est frustrant au bout du compte. Je le vois. Il me voit. Il se touche. Je me touche. Et au revoir. T’as plus qu’à aller te coucher avec l’envie d’en avoir un vrai d’homme, un qui te prenne dans ses bras et qui te fasse vraiment l’amour, peau contre peau.

 

 

 

 

Dimanche 30 Avril 2034

 

Iliona m’est tombée dessus et a absolument tenu à ce que je l’accompagne à un espèce de Festival de folklore débile. C’était un prétexte cousu de fil blanc pour qu’on passe la journée ensemble. Je la vois venir : elle est toute seule, elle a personne et elle va s’accrocher à moi comme la moule à son rocher. Merci bien. Parce que si c’est pour l’écouter larmoyer pendant des heures comme elle l’a fait tout l’après-midi ! Christopher… Iliona… A croire que je suis prédestinée à ça. A servir de réceptacle aux jérémiades des uns et des autres. Qu’ils en profitent ! Parce que ça va pas durer…

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