Mémoires d'une toute petite queue

Jeudi 15 novembre 4 15 /11 /Nov 06:02

Ma cousine Véronique s’était mariée en Décembre… Avec un monsieur De quelque chose… Dans un château où s’étaient retrouvés plus de cinq cents invités dont je n’avais pas pu éviter de faire partie… Et elle avait commencé une nouvelle vie, faite de lunchs à petits fours, de soirées bridge et de croisières lointaines endimanchées… Aussi ne m’était-il pas venu une seule seconde à l’idée qu’elle pourrait envisager de venir passer l’été à Fontbrune… Et pourtant… - On y sera début Juillet… Pierre-Antoine a envie de vraies vacances… Et je lui ai tellement parlé de là-bas…

 

 

- Eh ben ça va être gai d’avoir ça par les pieds !… - Surtout qu’il y aura Thibaud… Son frère… Et celui-là il est pas piqué des vers… - T’es vraiment obligé de les laisser venir ?… - Elle est chez elle autant que moi…

 

 

Mathilde n’avait pas du tout envie de les connaître… - De quoi tu veux parler avec des gens comme ça ?… On n’a rien en commun… Et puis de toute façon, pratiquement, tu veux faire comment ?… Ils vont prendre les deux autres chambres là-haut… Nous, avec Jessica, on va être reléguées en bas… Il y a pas de portes… C’est un vrai moulin… Alors côté intimité… - Je vous laisserai ma chambre… - C’est ça !… Pour qu’on soit coincés entre eux… Comment tu veux qu’on puisse se laisser aller ?… Deux filles ensemble en plus des gens comme ça ils vont apprécier… Non… On en a parlé Jessica et moi… J’irai chez elle… On se débrouillera… Ca nous empêchera pas de passer… Chaque fois qu’on pourra…

 

 

- On peut pas vraiment lui donner tort… C’est la meilleure solution… La seule raisonnable… Pour tout le monde…  Et même… Pour Loïc et Irina t’as décidé quoi ?… - Je me pose la question… - Te la pose plus… Trouve un prétexte quelconque… N’importe quoi… Reporte… A plus tard… Ca va tout gâcher sinon… Non, tu crois pas ?… - Si !… Et toi ?… Tu vas faire quoi dans l’histoire ?… Tu vas me lâcher aussi ?… - Alors là pas question !… Ah non !… Non !… Je sens qu’on va bien s’amuser…

 

 

Le premier soir Véronique est venue me retrouver dans la buanderie pendant mes ablutions… - Dis… Si tu pouvais rester discret pour avant… Il y a des choses… Je préfère qu’il soit pas au courant Pierre-Antoine… - Lesquelles ?… - Tu le sais très bien… - Il croit qu’il t’a eue vierge ?… - Quand même pas, non… Je peux compter sur toi ?… - Ca coule de source… - Merci… Tu peux en toucher deux mots à Eva ?…

 

 

Il était aux anges Pierre-Antoine… Tout le ravissait… Il passait des heures dans le jardin à découvrir des évidences… - On sait pas regarder… On prend pas le temps… Il y a plus de philosophie et de sagesse dans une fourmilière que dans tous les bouquins du monde… Il soupirait… - Une vie de fous on mène… On devrait avoir le cran de tout envoyer promener, tiens !… Ici on prendrait le temps de vivre au moins… Véronique haussait les épaules… - Je te connais… Tu tiendrais pas huit jours…

 

 

Thibaud, lui, c’était Eva qui le ravissait… Il la dévorait des yeux, traînait tant qu’il pouvait dans son sillage, se précipitait pour l’aider à décharger la voiture dès qu’elle rentrait des courses… Il était manifestement sous le charme… - Il manque pas d’air quand même !… En principe, pour tout le monde, je suis supposée être avec toi… - Il est amoureux qu’est-ce que tu veux !… En secret… Tu paries qu’il est persuadé que ça se voit pas ?… - Oui, ben il peut toujours rêver… C’est vraiment pas le genre de type avec qui t’as envie qu’il se passe quoi que ce soit… Je suis sûre qu’il est puceau en plus… Ca se voit comme le nez au milieu de la figure…

 

 

Pierre-Antoine et Thibaud étaient partis faire des photos… - On sait pas où… Au hasard… On verra bien… Eva avait filé chez Jessica… - Voir un peu ce qui se passe là-bas… On n’a pas de nouvelles… Véronique était au fond du jardin… Je l’y ai rejointe… Elle avait pleuré… - Ca va ?… - Ben oui, ça va… Pourquoi ça irait pas ?… - Je sais pas… T’es toute triste depuis que t’es arrivée… T’as pas l’air heureuse… - Alors là t’as tout faux… J’ai jamais été aussi heureuse… Jamais… - Franchement… on dirait pas…

 

 

- Faudrait d’abord qu’elle se l’avoue à elle-même qu’elle a fait une connerie… Et une belle… Il transpire l’ennui de partout ce mec… Comment tu veux être heureuse avec ça ?… Et t’as vu sa tronche ?!… Va baiser avec, toi !… D’ailleurs ils baisent pas… On n’entend jamais rien… Ou alors elle prend jamais son pied… Ce qui revient au même… Et ça fait six mois qu’ils sont mariés !… Qu’est-ce ça sera dans trois ans !… En tout cas, de ce côté-là, je peux te dire qu’il y en a deux qui s’éclatent !… Et pas qu’un peu !… Elles sont sur un petit nuage… Et si tu veux les voir t’as intérêt à te déplacer… Elles viendront pas… C’est pas qu’elles veulent pas… C’est qu’elles y pensent pas… Elles sont dans leur bulle…

 

 

- Ah, Gabriel !… Ce que je suis contente de te voir !… Tu sais pas ?… Il est en train de se passer plein de trucs pour moi… Et d’abord j’ai trouvé du boulot… - T’as trouvé du boulot ?!… - Oui… Ici… Pas loin… En ville… Dans une jardinerie… Comme là-bas, mais en plus petit… Du coup je vais déménager… Tu m’aideras ?… Et je vais m’installer avec Jessica… On cherche un appartement… Oh, mais on trouvera… Il y en a plein… Mais on préfère prendre notre temps… Faut vraiment que ça nous plaise… Qu’est-ce t’en penses ?… C’est bien, hein ?… - C’est bien, oui… C’est très bien...

Par François - Publié dans : Mémoires d'une toute petite queue
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Lundi 12 novembre 1 12 /11 /Nov 05:36

- Tu peux pas savoir comme je suis contente qu’on en ait parlé pour Jessica !… Ca me faisait un de ces poids !… - Mais alors il s’est passé quoi au juste ?… - On a fait l’amour toutes les deux dans la buanderie le soir du jour où je l’ai mordue… Et puis les jours suivants… Chaque fois qu’on a pu… Jusqu’à la fin des Vacances… Et ça a été un truc comme jamais j’ai connu… De la folie… Rien que d’y penser ça me met des frissons partout… T’es pas vexé au moins ?… - Non… Pourquoi je serais vexé ?… - Ben parce que… Ce que je suis en train de te dire en gros c’est qu’avec toi c’est pas terrible… C’est vrai d’ailleurs… Enfin non… C’est pas mal quand même, mais ça n’a rien à voir… Parce que les trucs que tu peux me faire finalement… Me goder j’ai pas besoin de toi… Ca va très bien toute seule… Et avec la bouche ben qu’est-ce tu veux ?… Avec elle c’est beaucoup mieux… Il y a pas de comparaison… C’est une femme… Elle sait exactement où et comment faut faire… - Oui… Et puis elle a des seins… - Elle a des seins, oui !…       

 

 

Irina revenait de là-bas… Des toilettes… Pour la troisième fois… - Tu lui as dit quelque chose à Loïc ?… - Non… A quel propos ?… - Je sais pas… Parce qu’il redevient amoureux… Passionné… Comme avant… Et il m’a laissé entendre que tu n’y étais pas pour rien… - Je vois pas… - Oh, ça n’a pas d’importance… Ce qui compte, c’est le résultat… Mais nous laisse pas tomber maintenant, hein !… On a besoin de toi…

 

 

- Tu sais… Pour ce qu’on a dit l’autre jour… J’y ai repensé… Faudrait pas que tu croies qu’il y a que le sexe qui compte pour moi… C’est important, oui !… Et puis c’est tellement fort avec elle… Tellement nouveau… Mais c’est pas pour autant que je t’apprécie pas… Je peux parler de tout avec toi… Je peux me confier… C’est très fort ce que je ressens pour toi… - Et pour elle ?… - Pour elle aussi… Elle a marqué un temps d’hésitation… Et puis : - Je crois bien que je l’aime finalement…

 

 

- Et si tu restais dormir ?… On avait longuement discuté tous les deux… Il avait sorti d’autres photos… Sur l’une d’elles – un peu floue, un peu sombre, prise de trop loin – on devinait qu’elle était en train de se masturber… Il me l’avait donnée… - Tu l’emmèneras là-bas… Il était plus de minuit… - Oui… Si tu restais dormir ?… On lui dira qu’on avait un peu bu… Que t’as pas voulu prendre de risques… Je vais aller m’occuper d’elle… On entend tout d’une chambre à l’autre… - Mais… elle dort… - Oh, alors là !… Pour ça tu peux toujours la réveiller… Elle demande pas mieux…

 

 

- Et alors ?… - Et alors… Effectivement on entendait tout… Jusqu’au moindre soupir… Et je peux te dire qu’il y avait pas que des soupirs… Ca partait dans tous les sens… Un vrai feu d’artifice… Elle hoquetait… Elle suffoquait… Elle agonisait… Elle a griffé… Elle a mordu… Une vraie furie… - Oui… Ben t’as plus qu’une chose à faire… C’est les inviter cet été… Ils demanderont pas mieux…

 

 

- Je pourrai quand même venir en vacances ?… - Pourquoi ça « quand même » ?…     - Parce que… Parce que si je viens je voudrai dormir avec Jessica… Forcément… T’auras quand même Eva… Et puis on sera souvent ensemble tous les quatre… - Bien sûr que tu pourras venir… Elle m’a sauté au cou… - Merci… Oh, merci…

 

 

- Vous faites quoi cet été ?… Irina ne s’est pas interrompue… - Rien de spécial… On sait pas encore… Peut-être l’Ardèche… C’est pas sûr… Pourquoi ?… - Et si vous veniez à Fontbrune avec moi… Il y a de la place… La maison est grande… Elle a tout de suite accepté… - Oui… Et puis vous pourrez parler tous les deux, Loïc et toi… Je crois pas que tu t’en rendes vraiment compte, mais c’est fou l’influence que tu as sur lui… Ca lui fait un bien immense… Notre couple s’en ressent… Et pas qu’un peu… Jamais je t’en serai assez reconnaissante…

 

 

- Oui… Eh bien moi, je serais de toi, je me dépêcherais de faire arranger la corniche… Va y avoir du spectacle… Et des deux côtés… On va pas s’ennuyer…

 

 

Par François - Publié dans : Mémoires d'une toute petite queue
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Jeudi 8 novembre 4 08 /11 /Nov 08:14

Elle conseillait un client… Elle était tournée vers moi… Maintenant je savais : sous la robe qui les dessinait les seins étaient fermes et ronds, légèrement veinés de bleu… Les pointes en étaient d’un brun clair, subtil, à peine plus marqué que celui de leurs larges aréoles… En dessous… En dessous elle était toute lisse… A l’exception d’un minuscule petit échantillon frisé tout en haut… Quand la fente s’ouvrait c’était sur des ciselures rosées en pente douce, finement découpées… Elle m’a souri, rejoint à la caisse… - Vous avez discuté longtemps hier soir tous les deux… T’as réussi à savoir quelque chose ?… - Pas vraiment, non… Mais je le cerne de mieux en mieux… Et je le mets progressivement en confiance…

 

 

- Finalement t’es toujours sur les bons coups, toi, hein !… Dès qu’il y a quelque chose à voir c’est sur toi que ça tombe… Mais faut bien que tu compenses aussi !… Parce que si t’avais pas ça !…

 

 

Penchée par dessus la rambarde Mathilde regardait les gens monter, descendre, en un flot ininterrompu… - Bon… On y va ?… - On a bien cinq minutes… Qui en ont duré vingt… - Comment ça me fascine les seins !… Je supportais pas ça avant… Celles qui en avaient je sais pas ce que je leur aurais fait !… Je leur en ai fait baver d’ailleurs… Je t’ai pas tout dit… Mais maintenant je passerais des heures et des heures à les regarder… J’ai envie de les toucher, de les caresser, de poser ma tête dessus… Ce serait un peu comme s’ils devenaient les miens d’une certaine façon… Comment t’expliques que ça ait pu changer d’un seul coup à ce point-là, toi ?… Tu sais pas ?… Moi non plus… J’y comprends rien…

 

 

- Elle te tend la perche… Elle arrête pas de te tendre la perche… - Quelle perche ?…   - Et il demande quelle perche !… Tu le fais exprès… C’est pas possible autrement… - Je vois pas… - Jessica… - Quoi, Jessica ?!… - T’as rien remarqué ?… - Non… - Il date de quand ce revirement dont elle te parle Mathilde ?… - Depuis qu’on est rentrés… Depuis qu’elles s’écrivent… - Ca date très exactement du jour où elles se sont battues… Il s’est passé des choses ce soir-là dans la buanderie… Mais tu sais rien… Je t’ai rien dit…

 

 

- Tu écris encore à Jessica ?… - Oui… - Je vais finir par me poser des questions… Elle est restée penchée sur sa feuille… - Quelles questions ?… - C’est plus qu’une amie Jessica pour toi, hein ?!… - C’est une amie avant tout… - Avant tout quoi ?… Elle m’a fixé droit dans les yeux… - Je me trompe peut-être, mais je crois pas que ça te choque… - Et tu l’aimes ?… - Ca, c’est justement ce que j’arrive pas à savoir… Il y a des jours je me dis que oui… Il y en a d’autres c’est sûr que c’est non… J’arrive pas à y voir clair… Tu m’aideras ?… Il y a que toi qui peux m’aider…  

 

 

- Quand tu vas bosser tu les emmènes avec toi les photos d’elle que je t’ai données ?… Oui, évidemment que tu les emmènes… Toute la journée tu lui parles, tu es près d’elle, tu respires son parfum et, forcément, il arrive un moment où t’y tiens plus… Il faut que t’ailles les voir… Il faut que t’ailles la voir… Et tu te… Tu as de ces cernes sous les yeux… C’est impressionnant… Mais tu sais que c’est un truc, ça, auquel elle est drôlement accro, elle aussi ?… Tous les jours elle se le fait… Plusieurs fois par jour… Et je suis bien tranquille que, là-bas, elle va aux toilettes plus souvent qu’à son tour… Non ?… Je me trompe ?… Ah, tu vois !… Et je te parie tout ce que tu veux que c’est à toi qu’elle pense… Peut-être pas à chaque fois, non, mais souvent… Avoue que ça manque quand même pas de sel comme situation !…

 

 

- Je me demande bien où il veut en venir, là… Parce que n’importe qui à ta place irait tenter sa chance… Alors ou bien il veut la tester… Ou bien il cherche un prétexte pour se débarrasser d’elle… Ou bien ça l’exciterait comme un fou que sa femme se fasse sauter par un autre… Dans tous les cas, de toute façon, il a tout faux… Parce qu’avec toi, mon pauvre Gabriel, il a vraiment pas misé sur le bon cheval…

 

 

Par François - Publié dans : Mémoires d'une toute petite queue
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Lundi 5 novembre 1 05 /11 /Nov 05:43

- Et toi, tes vacances ?… Irina a haussé les épaules, soupiré… - Dans un sens bien, oui !… Faut pas se plaindre… Un coin tranquille… La mer… Le beau temps… On te fera voir les photos quand tu viendras… Mais à part ça !… A part ça il y a rien de changé avec Loïc… Tu sais, quand, en un mois, alors que t’as tout ton temps, que t’as rien à faire, ton type te fait que deux fois l’amour tu te poses quand même pas mal de questions…

 

 

Mathilde se couchait tard… De plus en plus tard… Se coulait silencieusement dans le lit… - Qu’est-ce tu faisais ?… - J’écrivais… - A qui ?… - A Jessica… - Encore !… - J’ai plein de choses à lui dire… Et elle aussi… J’ai jamais eu d’amie, moi !… C’est la première fois… Alors j’ai du temps à rattraper…

 

 

Des calanques… Des voiliers… Une plage… Toujours la même… - Oui… On avait la paix… Il y avait jamais personne… Une villa aux volets bleus… - Pas un bruit… Et un prix vraiment très très raisonnable… La mer… La mer… Encore la mer… - Un vrai bouillon… Tout le temps… On a eu quoi ?… Deux jours de pluie… A tout casser… Irina étendue sur le sable en maillot… Rouge… Puis noir… Encore rouge… Irina qui nous a laissés… - Moi, si j’ai pas mon compte de sommeil… - Comment tu la trouves ?… Physiquement je veux dire… - Oh bien !… Très très bien… - Oui, hein ?… Je peux dire que j’ai une sacrée veine… Une femme comme ça c’est pas donné à tout le monde… Tu verrais le nombre de types qui se retournent sur elle dans la rue…

 

 

- Ben pourquoi il la tire pas alors si elle est si bien que ça ?… Je comprends pas tout là…

 

 

- T’as déjà fait des trucs avec un type, toi ?… C’était dimanche… On paressait au lit… - Quels trucs ?… - Je sais pas, moi !… Le caresser… Le sucer… - Pourquoi tu demandes ça ?… - Comme ça… Pour savoir… - Et toi, avec une femme ?… - Peut-être que j’aimerais… Tu crois que j’aimerais ?… - Ca… Il y a que toi qui peux savoir… - Ca te choquerait ?… Tu m’en voudrais ?… - Je crois pas, non… - Tu crois pas ou t’es sûr ?…

 

 

- Elle, elle a une idée derrière la tête… Et elle est maligne… Je peux te dire qu’elle est maligne… - Comment ça ?… - Tu devines pas ?… - Non !… - Eh bien je te laisse chercher alors… Tu le sauras bien assez tôt de toute façon …

 

 

- Finalement, tout compte fait, tu passes beaucoup plus de temps avec ma femme que moi !… Et ça doit pas être toujours facile de travailler toute une journée à côté d’elle comme ça !… - Oh si, si !… Ca nous pose pas le moindre problème… - Non… Ce que je veux dire… c’est que… bien foutue comme elle est… il doit y avoir des moments… On est entre hommes… Tu me feras pas croire que t’as jamais envie avec elle… Franchement ?… - Ca arrive, oui… - Forcément !… Ca peut pas être autrement… Et, le soir… Ou même, quelquefois, dans la journée, tu vas dans les toilettes et… Non ?… Bien sûr que si que tu le fais !… On le fait tous… Moi comme les autres… Toutes mes collègues y sont passées… Toutes celles qui en valent la peine en tout cas… Et tu sais de quoi je rêve ?… C’est de les voir à poil… Ca me rendrait fou, ça !… Te dire que celle-là, là, qui bosse en face de toi et qui se doute de rien, eh bien tu sais exactement comment elle est faite… T’as tout vu… Ca te tenterait pas, toi ?… T’aurais pas envie de la voir Irina ?… Attends… Attends… Je vais vérifier si elle dort… Il est revenu avec une douzaine de photos dans une grande enveloppe marron...

Par François - Publié dans : Mémoires d'une toute petite queue
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Jeudi 1 novembre 4 01 /11 /Nov 06:51

- Viens voir !… Non, mais viens voir !… A la fenêtre de la chambre… - Qu’est-ce qu’il y a ?… - Regarde !… Non, mais regarde !… Juste en dessous Eva et Jessica bronzaient, les seins nus… - T’as vu ?… Elles me cherchent… Tu diras pas qu’elles me cherchent pas !… - Mais non !… Il fait beau… Et ici personne peut les voir… - Si !… Moi !… Mais ça va pas se passer comme ça !… Et elle a dévalé l’escalier…

 

 

Elle a surgi presque aussitôt au-dessus d’elles, mains sur les hanches, a dit quelque chose que je n’ai pas pu entendre… J’ai ouvert la fenêtre… Jessica s’était relevée, lui faisait face… - Répète pour voir !… - C’est pas parce que t’as pas de nibards que ça te donne tous les droits… Une gifle est partie, sèche, brutale, aussitôt rendue… Elles se sont jetées l’une sur l’autre comme des furies, ont roulé par terre… - Tu vas me le payer, salope !… Tu vas me le payer… C’est Mathilde qui a eu le dessus… Presque tout de suite… Elle s’est assise à califourchon sur son ventre, lui a immobilisé les bras… - Et maintenant ?!… Et maintenant on fait moins la fière, hein !… - Ah oui ?!… Et Jessica lui a craché à la figure… - Oh alors là !… Alors là !… Et elle lui a lancé de grandes claques, de toutes ses forces, sur les seins qui ont ballotté dans tous les sens… - Tiens !… Tiens !… Tiens !… - Non, mais ça va pas ?… Arrête !… Arrête !… Elle a continué de plus belle, s’est brusquement interrompue, a penché la tête dessus… Un hurlement… - Elle m’a mordue… Cette folle m’a mordue…

 

 

- Comment je l’ai dérouillée !… Non, mais t’as vu comment je l’ai dérouillée ?!… Tu peux être tranquille qu’elle va pas revenir s’y frotter… - Tu l’as vraiment mordue ?!… - A pleines dents… Comme dans une pomme… Même que ça saignait… Elle a dû le sentir drôlement passer… Mais je regrette pas… Ah non alors !… Depuis le temps que ça me démangeait… En tout cas qu’est-ce que ça m’a donné envie !… Tiens, touche !… T’as vu ?… On a basculé sur le lit… Elle a délivré éperdument son désir et on s’est endormis, au cœur de l’après-midi, blottis l’un contre l’autre…

 

 

Quand je me suis réveillé il était six heures… Elle n’était plus là, à mes côtés… Seule en bas, dans la cuisine, Eva préparait à dîner… - Elles sont passées où ?… - Dans la buanderie… Elles se lavent… - Toutes les deux ?!… - Toutes les deux, oui… Oh, mais t’inquiète pas !… Ca se passe bien… J’ai joué les intermédiaires… J’ai passé deux heures à faire le va-et-vient de l’une à l’autre… Elles sont réconciliées… Enfin presque… Elles discutent… Elles se lavent et elles discutent… N’empêche… N’empêche qu’elle savait bien ce qu’elle faisait en s’en prenant à Jessica ta Mathilde, t’as pas besoin de t’en faire… Elle savait bien qu’avec moi elle aurait pas le dessus… Et je peux te dire qu’elle l’aurait pas eu…

 

 

Elle marchait de long en large dans la chambre… - Ce qu’on peut être conne des fois !… Non, mais ce qu’on peut être conne !… Comment je l’avais mal jugée Jessica… Comme quoi une bonne peignée des fois ça permet de s’expliquer vraiment… De dire ce qu’on a sur le cœur… Ah, on a parlé !… Pour parler on a parlé… On en a même sauté le repas, t’as vu ?… Non, tu sais quoi ?… Eh bien je crois qu’on va devenir amies finalement !…

 

 

Jessica a fait la moue… - Non, j’y vais pas ce matin… J’ai pas envie… Non… Et puis avec Martha il y a des trucs qui passent plus… - Quels trucs ?… - Oh, des trucs… Disons qu’il y avait quelque chose entre nous… - Vous sortiez ensemble ?… - Oui… Voilà… - Et vous avez rompu ?… - Pas vraiment, non… Mais c’est plus comme avant… Elle a d’autres filles, mais bon, je l’ai toujours su… Je lui ai jamais reproché… C’est pas ça… Non, mais tu vois, avant on se disait plein de choses… On était très complices… Mais maintenant je sens bien qu’elle me supporte, c’est tout… Parce qu’elle peut pas faire autrement… Qu’elle veut pas me faire de mal… Mais si je lui disais, moi, que j’arrête ça lui ferait ni chaud ni froid… Elle serait soulagée…

 

 

Quand Mathilde est descendue on n’avait pas encore fini de déjeuner… Elles se sont embrassées… - Tu sais, j’y ai repensé cette nuit à tout ce qu’on a dit hier… Il y a deux ou trois trucs j’aimerais bien qu’on revienne dessus… Tu veux pas venir faire un tour ?… - Bien sûr !… Bien sûr !… Elles se sont éloignées dans l’allée, ont disparu derrière le portail…

 

 

A midi elles n’étaient toujours pas rentrées… - Oui, ben on mange !… On les attend pas… Face à face tous les deux, Eva et moi, de chaque côté de l’immense table de chêne…      - A croire que finalement on est faits l’un pour l’autre, toi et moi… Parce que – t’as remarqué ? – des tas de gens croisent notre route… Ils vont, ils viennent, ils disparaissent… Le seul véritable point d’ancrage pour toi, depuis qu’on est tout mômes, c’est moi… Et, d’une certaine façon, ça vaut dans l’autre sens aussi… Alors peut-être qu’on finira notre vie ensemble… Quand t’auras enfin compris que c’est pas la peine de t’obstiner avec les femmes – Mathilde comme les autres – parce que t’es pas vraiment un homme et que tu ne le seras jamais… Et que ça – elles auront beau proclamer haut et fort le contraire – elles ne te le pardonneront jamais… Quand moi j’aurai enfin admis, de mon côté, une bonne fois pour toutes, qu’aucun homme – je parle des vrais – ne m’arrivera jamais à la cheville, qu’aucun n’aura jamais assez de personnalité pour pouvoir rivaliser avec moi… Avec toi au moins je sais à quoi m’attendre ou plutôt à quoi ne pas m’attendre…

 

 

On a chargé les bagages dans la voiture… Jessica et Mathilde sont, une dernière fois, tombées dans les bras l’une de l’autre… - On s’écrit, hein, promis ?… - Promis… Et on se voit… Dès qu’on peut…

Par François - Publié dans : Mémoires d'une toute petite queue
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